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Actualités - OPINION

Dossier régional - Sharon et Arafat face à face La poursuite des attentats-suicide brouille les cartes

Un diplomate arabe en poste à Beyrouth constate que la poursuite des attentats-suicide prouve l’échec des opérations colossales menées par l’armée israélienne pour détruire l’infrastructure du « terrorisme » palestinien. Et pour liquider l’intifada. De même, l’Autorité palestinienne se montre incapable de réfréner les radicaux. Les appels répétés d’Arafat de cesser les attaques visant les civils à l’intérieur d’Israël, moyennant l’arrêt des agressions israéliennes, n’ont eu aucun effet. Ce diplomate reprend ensuite un thème de plaidoyer connu : si l’État hébreu, malgré toute sa puissance et toute sa technologie, malgré le raz-de-marée destructeur qu’il a lancé contre les villes palestiniennes, malgré les milliers d’arrestations qu’il a effectuées, malgré les tueries, malgré les assassinats ciblés, n’a pas été en mesure de briser la chaîne des attentats, comment peut-il adresser des reproches à un Arafat qu’il a, de plus, lui-même dépouillé de ses maigres moyens ? Le vieux leader ne peut, à chaque coup porté par les extrémistes, que condamner verbalement la ligne ainsi suivie. En affirmant qu’elle entraîne un lourd danger pour la cause et pour le peuple palestinien, accusé de terrorisme. Après l’attentat de Netanya, revendiqué à la fois par le Hamas et par le FPLP, Sharon en a imputé la responsabilité à Arafat. Mais, pour la première fois, les responsables américains ne le suivent pas. Ils reconnaissent, enfin, qu’Abou Ammar ne peut pas contrôler toutes les sources de terrorisme. Et saisissent l’occasion pour accabler la Syrie et l’Iran. Qui, à les en croire, soutiennent les activistes. Ces cadres américains, ajoute le diplomate arabe, disculpent Arafat parce qu’ils réalisent que les USA eux-mêmes, après avoir éliminé le régime des talibans en Afghanistan et frappé el-Qaëda, ne sont toujours pas parvenus à éradiquer le terrorisme. Cette grande puissance avoue en effet continuer à vivre dans la crainte d’une réédition du 11 septembre, sous une forme ou sous une autre. Les services de renseignements américains viennent ainsi de révéler que leurs données leur permettent de redouter une action prochaine « presque certaine » d’el-Qaëda sur leur territoire. Le vice-président, Dick Cheney avoue de son côté qu’il est difficile de prévoir les plans d’el-Qaëda. Dans ces conditions, enchaîne le diplomate arabe, comment Arafat peut-il savoir ce que projettent les organisations radicales palestiniennes qui lui sont hostiles ? Des projets d’action violente que malgré tous ses ratissages le gouvernement israélien ne peut lui-même ni déterminer ni contrer. Dès lors, cette personnalité pose la double question suivante : que compte faire Sharon pour garantir la sécurité des Israéliens et qu’est-ce que les USA envisagent pour en finir avec le terrorisme ? Étant bien entendu donné, dans les deux cas, que la solution ne peut pas résider uniquement dans un recours à la force. Le gouvernement israélien veut dresser une muraille électronique de 350 km de long. Il pourrait également envisager de reprendre les opérations militaires à grande échelle et d’exécuter l’attaque contre la bande de Gaza, annoncée puis reportée. Ainsi Sharon ne veut toujours pas convenir qu’en réalité le seul véritable bouclier antiterroriste ou antiviolence c’est la conclusion d’une paix authentique. Au contraire, quand il évoque les négociations devant la commission des AE de la Knesset, c’est pour poser des conditions rédhibitoires à la Syrie comme à l’Autorité palestinienne. De laquelle il exige des réformes institutionnelles, ce qui est évidemment une immixtion dans les affaires intérieures d’autrui. Il fait de même avec la Syrie et avec le Liban, en réclamant le retrait de l’armée syrienne de ce pays, l’expulsion des organisations palestiniennes basées à Damas, le désarmement du Hezbollah et le déploiement de l’armée libanaise à la frontière avec Israël. Sharon prétend donc toujours vouloir assurer la sécurité de l’État hébreu aux dépens de la paix, par le maintien de l’occupation des territoires arabes. Les Américains ne sont pas, ou ne sont plus de cet avis, relève le diplomate arabe. Qui cite Condoleezza Rice, pourtant réputée comme faucon, déclarant après Netanya que de tels actes « montrent notre besoin de pousser en avant le processus de paix». La très influente conseillère du président Bush pour les affaires de sécurité nationale ajoute qu’il faut, parallèlement, « faire quelque chose pour combattre le terrorisme au Moyen-Orient ». Et dans ce cadre, elle invite l’Autorité palestinienne à se réformer de manière à pouvoir agir efficacement contre la violence. Cette idée est contenue dans le projet d’accord établi entre Shimon Peres et le président du Parlement palestinien Aboul Alaa il y a un an. Un document que le ministre israélien des AE parle de relancer sous peu en le soumettant d’abord à la direction du Parti travailliste puis à Sharon. Le texte se fonde sur les points suivants : mise en place d’une Autorité centrale palestinienne renforcée, capable de juguler les activistes par le biais d’un service de sécurité unifié. Puis reconnaissance réciproque entre l’État hébreu et un nouvel État palestinien. Enfin, reprise, dans un délai d’un an, des pourparlers sur les colonies, Jérusalem, les frontières communes et les réfugiés palestiniens. Mais, conclut le diplomate arabe, il est douteux que Peres parvienne à ses fins tant que Sharon reste aux commandes. Émile KHOURY
Un diplomate arabe en poste à Beyrouth constate que la poursuite des attentats-suicide prouve l’échec des opérations colossales menées par l’armée israélienne pour détruire l’infrastructure du « terrorisme » palestinien. Et pour liquider l’intifada. De même, l’Autorité palestinienne se montre incapable de réfréner les radicaux. Les appels répétés d’Arafat de...