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Actualités - CHRONOLOGIE

Congrès - Les experts débattent des « troubles envahissants du développement » Permettre à l’enfant autiste de s’exprimer par tous les moyens possibles

Coupé du monde, paralysé au quotidien par les effets de la maladie, l’enfant autiste souffre d’une solitude extrême. Il a non seulement d’énormes difficultés à communiquer physiquement et verbalement avec son entourage immédiat, mais il est de surcroît fragilisé à cause de ses problèmes psychiques, de ces «terreurs sans nom» qui le hantent, comme dit Raghida Mahfouz, psychothérapeute. Organisé par Sesobel (Service social pour le bien-être de l’enfant), un congrès sur l’autisme a permis la semaine dernière aux participants de faire le point sur cette maladie encore méconnue du grand public. Plusieurs experts œuvrant dans le cadre de Sesobel sont intervenus tour à tour pour dire les problèmes et la souffrance de ces enfants et de leurs familles. Ils ont mis en exergue l’importance de l’aide professionnelle certes, mais surtout la valeur de la relation humaine sans laquelle tout travail d’expert serait dénué de sens. «L’autisme commence avant l’âge de trois ans et atteint quatre à cinq enfants sur dix mille, trois à quatre garçons pour une fille», affirme le Dr Sami Richa, psychiatre pour adultes et enfants et alcoologue. Il cite les trois critères essentiels du diagnostic clinique de l’autisme à savoir l’altération qualitative des interactions sociales, le manque de communication, le caractère répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités. Les facteurs prédisposant à cette maladie relèvent de la génétique, de l’environnement stressant, de maladies associées infectieuses et métaboliques (encéphalites), dit-il. Ils peuvent être également périnataux et obstétricaux (enfant prématuré). «L’enfant autiste refuse le contact physique, présente un trouble du langage, de la motricité et des émotions du fonctionnement intellectuel et de l’utilisation des objets», précise le psychiatre. À Sesobel, c’est une prise en charge totale qui est assurée à l’enfant autiste, les moyens utilisés allant des méthodes comportementales aux méthodes psychanalytiques, pédagogiques et éducatives, relève Roula Najem, pédagogue. Il s’agit tout d’abord de développer chez l’enfant les facultés de base telles que l’apprentissage à vivre, à s’adapter, à développer des compétences sociales, à communiquer. «Les difficultés cognitives de base restent présentes tout au long de la vie de l’autiste et ont une conséquence sur tous les aspects du développement, y compris sur le développement affectif et sur l’acquisition des compétences sociales», fait remarquer Mme Najem. Et l’intervenante d’ énumérer les difficultés de l’enfant autiste en citant les problèmes de communication, du langage, de l’incapacité à décoder les interactions sociales, à comprendre et à interpréter les émotions. «Rien chez l’enfant autiste ne peut être laissé au hasard», dit-elle en mettant l’accent sur la nécessité d’une vie bien organisée à l’intérieur de laquelle l’enfant pourra toujours faire des choix. Des équipes de 2 à 5 membres travaillent avec un enseignant en vue d’atteindre certains objectifs pédagogiques. Il s’agit principalement de permettre à l’enfant de «s’exprimer par tous les moyens possibles», relève la pédagogue. Les travaux se font en groupe, mais aussi individuellement, avec des exercices de logique, de raisonnement, de langage oral, de communication non verbale avec une insistance particulière sur la perception auditive. Énumérant les différentes méthodes adoptées par le centre, Roula Najem souligne qu’à Sesobel les experts s’en inspirent pour définir une synthèse propre au centre. «Souffrant de difficultés perceptives et de dissociations auditives et visuelles, l’enfant autiste qui entend un aspirateur par exemple peut ne pas se rendre compte de ce qui se passe autour de lui», affirme Kouba Hreich orthophoniste. De même, dit-elle, les mimiques et les expressions corporelles sont difficiles pour lui dès le bas âge, surtout en cas de peur ou d’angoisse. «Ce sont des enfants qui apprennent surtout par le visuel», poursuit Mme Hreich. Pour Nada Nassif, psychomotricienne, «la thérapie psychomotrice rééducative a pour but d’aider l’enfant à maîtriser son corps, à s’adapter à son milieu, à augmenter son efficacité et à parfaire son équilibre tout en développant l’aspect communicationnel». Sur un plan purement médical, «il faut traiter les enfants autistes exactement comme on traite des enfants normaux», souligne le Dr Joseph Haddad, pédiatre à Sesobel. Ils doivent bénéficier d’un suivi continu et d’une hygiène corporelle parfaite. «La seule source d’inquiétude est la crise d’épilepsie qu’il s’agit immédiatement de stabiliser», affirme le médecin. Considérant les parents comme une source inépuisable de données, les spécialistes à Sesobel cherchent à créer des relations avec les familles des enfants afin d’établir des liens de solidarité et de les aider à acquérir plus d’autonomie dans la gérance des problèmes. C’est ce qu’a affirmé Nayla Tamer, assistante sociale. «À Sesobel, nous misons non seulement sur les moyens financiers à travers notre action sociale, mais sur une équipe spécialisée et solidaire qui porte un message et assume une mission», dit-elle. Ce que Roula Najem résumera en ces termes : «Écoutons-les avec nos yeux, répondons à leur besoin et apprenons-leur la communication», élément essentiel à leur réintégration dans la société. Je.J.
Coupé du monde, paralysé au quotidien par les effets de la maladie, l’enfant autiste souffre d’une solitude extrême. Il a non seulement d’énormes difficultés à communiquer physiquement et verbalement avec son entourage immédiat, mais il est de surcroît fragilisé à cause de ses problèmes psychiques, de ces «terreurs sans nom» qui le hantent, comme dit Raghida Mahfouz,...