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Actualités - CHRONOLOGIE

Commémoration - Aujourd’hui, 87e anniversaire du génocide arménien de 1915 Se rappeler, pour en finir enfin avec l’inacceptable négationnisme

Il a fallu attendre soixante-dix ans après le génocide arménien pour que la communauté internationale réagisse enfin, qu’elle prenne conscience de l’importance, de la valeur que représente, pour tout un peuple, une reconnaissance. C’est effectivement en 1985 que la commission des droits de l’homme des Nations unies a présenté, pour la première fois, une proposition de loi visant à reconnaître le massacre du peuple arménien. Mais ce n’est que le 18 juin 1987 qu’est enfin arrivée la première reconnaissance officielle : elle émanait du Parlement de Strasbourg. Qui a posé comme condition à la Turquie, pour son entrée au sein de l’Union européenne, d’assumer son entière et unique responsabilité. L’Assemblée nationale française, pour sa part, a attendu 1998 pour reconnaître, certes à l’unanimité, ce génocide. Aux USA, seuls certains États ont eu le courage d’admettre cette «réalité historique» : le Congrès US continue de s’y refuser, Ankara étant l’un des principaux alliés de l’Otan. De leur côté, la Douma russe, le Parlement grec, l’Argentine et surtout l’Uruguay – il a été le premier pays à le faire – ont reconnu cet holocauste. Quant au Parlement libanais, même s’il a adopté une résolution de loi condamnant le massacre, il n’a pas été à la hauteur des espérances de la communauté arménienne : aucune mention de la Turquie n’avait été faite. Une communauté, est-il nécessaire de le rappeler, qui occupe une place prépondérante au sein de la mosaïque confessionnelle libanaise, et dont l’intégration sociale, économique et culturelle est, grosso modo, pleinement réussie. Dans tous les cas, cette empathie, cette coexistence ne datent pas d’aujourd’hui et ne se limitent pas, au Moyen-Orient, au seul Liban. À l’époque du génocide, le dévouement et la sollicitude des Arabes à l’égard de milliers de déportés et de rescapés des massacres ont été, selon la quasi-totalité des historiens et des spécialistes, remarquables. Hratch Dasnabédian rappelle que «les Arabes et les Arméniens partageaient, sous la tyrannie turque, un sort identique depuis des siècles, et ces deux peuples aux aspirations communes ne pouvaient que fraterniser dans le malheur. Plusieurs hauts fonctionnaires arabes, refusant d’exécuter les ordres du gouvernement ottoman à l’égard des déportés arméniens, furent limogés et même emprisonnés…» Quoi qu’il en soit, Adolf Hitler, une autre erreur de l’histoire, s’adressant aux chefs militaires du IIIe Reich le 22 août 1939 – certains d’entre eux lui déconseillant de mettre en œuvre ses visées criminelles –, disait : «J’ai donné ordre à des unités SS de se rendre sur le front polonais et de tuer sans pitié hommes, femmes et enfants. Qui donc parle aujourd’hui de l’extermination des Arméniens ?» Encore une fois, cet homme s’est trompé, et lourdement. Aujourd’hui, les Arméniens – tous les Libanais – commémoreront le quatre-vingt septième anniversaire du génocide de tout un peuple. Ils tenteront de faire en sorte que les dirigeants turcs s’inspirent de la jeunesse de la Turquie qui, elle, a pris conscience. Ils tenteront de faire en sorte que le président Ahmet Necdet Sezer s’inspire de la «jurisprudence» Adenauer. De faire en sorte de multiplier et de rendre plus efficaces les pressions internationales pour qu’Ankara assume, il en est temps, ses responsabilités. Qu’elle en finisse avec ce négationnisme, plus que jamais inacceptable. Et reconnaisse ce crime commis contre une partie de l’humanité, en plein XXe siècle. Z.M.
Il a fallu attendre soixante-dix ans après le génocide arménien pour que la communauté internationale réagisse enfin, qu’elle prenne conscience de l’importance, de la valeur que représente, pour tout un peuple, une reconnaissance. C’est effectivement en 1985 que la commission des droits de l’homme des Nations unies a présenté, pour la première fois, une proposition de...