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Actualités - OPINION

L’intérêt concret de la démarche est surtout d’ordre économico-financier

Certes tout se rapporte en définitive au politique, dans cette région agitée du monde encore plus qu’ailleurs. Mais les positions étant archi-connues, c’est surtout au niveau économique et financier que la visite de M. Hariri aux States présente de l’intérêt, au sens double du terme. Cette réalité est largement illustrée par la composition même de la délégation qui accompagne le Premier ministre. Faisant le point hier matin, un officiel note que le pays traverse une phase délicate sur le double plan sécuritaire et politique, ce qui ne va pas sans pénibles effets sur sa subsistance. Il faut donc s’efforcer de limiter les dégâts, aucun traitement de fond n’étant sérieusement envisageable pour le moment dans l’un ou l’autre des trois domaines cités. Ce ministre relève que seules la tension au Sud et la guerre dans les territoires autonomes palestiniens empêchent les tiraillements chroniques entre les pôles dirigeants de dégénérer en crise de pouvoir. La sécurité de son côté, ajoute-t-il, reste précarisée par les menaces que Sharon ne cesse de proférer à cause du Hezbollah, menaces dont les USA comme l’Europe confirment le sérieux. Du coup le marasme économique, aggravé par le manque d’investissements dû au risque d’une explosion au Sud, atteint son paroxysme. Dans un tel climat délétère, poursuit cet officiel, il est douteux que les mesures adoptées, ou envisagées, pour redresser la barre se montrent efficaces. Car, entre autres exemples, comment trouver preneur pour privatiser, sans les brader, diverses prestations publiques quand la confiance ainsi que la rentabilité affichent un zéro pointé. D’autant que le programme se heurte de plus à des conflits d’intérêts ou d’influence politiques, à des règlements de comptes comme à des bazars innommables entre les protagonistes locaux. Comment aussi obtenir des prêts avantageux du Fonds monétaire international ou de divers autres organismes spécialisés en vue d’alléger le service de la dette publique. Le FMI pose, pour accepter de faire un geste, des conditions draconiennes, pour ne pas dire rédhibitoires. Dans le même cadre, Paris II semble fortement compromis. Et risquerait de passer définitivement à la trappe si M. Jacques Chirac n’était pas réélu en mai. Parallèlement, il est évident que les marchés extérieurs sont peu enclins de se présenter sur la place libanaise, que cela soit pour participer aux privatisations ou pour investir, quand la situation reste explosive au Sud via Chebaa. La tension pourrait de même ruiner la prochaine saison touristique d’été. Sur le plan pratique, le déblocage dépend en grande partie de l’assentiment US. Or Washington ne cache pas que la ligne suivie par le Liban officiel lui déplaît. Et que si ce pays veut obtenir de l’aide, il lui faut changer de cap. Le défi que M. Hariri va s’efforcer de relever se résume dès lors de la sorte : amener les USA à dissocier les volets, à ne plus lier les assistances quasi humanitaires dont le Liban a besoin au cas du Hezbollah. Au sujet duquel il n’y peut mais, les circonstances le forçant à suivre une voie déterminée qui lui interdit de déployer l’armée à la frontière. Ce qui ne l’empêche pas de tout faire pour que le calme continue à régner sur la ligne bleue et pour que le front de Chebaa s’apaise. Ces promesses, ce plaidoyer seront-ils suffisants pour décrocher la timbale convoitée ? Seul un engagement ferme de la part du FMI, ouvrant de nouveau la voie devant Paris II, peut faire de la démarche de M. Hariri un succès. En assurant du même coup la survie de son cabinet. Tout le reste est littérature, conclut ce ministre. Émile KHOURY
Certes tout se rapporte en définitive au politique, dans cette région agitée du monde encore plus qu’ailleurs. Mais les positions étant archi-connues, c’est surtout au niveau économique et financier que la visite de M. Hariri aux States présente de l’intérêt, au sens double du terme. Cette réalité est largement illustrée par la composition même de la délégation qui...