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Actualités - CHRONOLOGIE

Disparition - Le député du Metn s’est éteint à l’âge de 92 ans Albert Moukheiber, le « Vieux Lion » de l’arène parlementaire(PHOTOS)

Le Liban fait aujourd’hui ses adieux au président du Rassemblement pour la République (RPR), le Dr Albert Moukheiber, décédé samedi matin, à l’Hôpital américain (AUH), d’un arrêt cardiaque à l’âge de 92 ans. Le député du Metn était hospitalisé depuis le 15 mars, mais son état de santé s’améliorait de jour en jour et il devait bientôt quitter l’hôpital. Les habitants du Metn lui ont rendu un ultime hommage en portant son cercueil à bout de bras depuis Mansourieh jusqu’à Beit-Méry, en passant par Aïn Saadé. Les funérailles auront lieu à 16h en la cathédrale Saint-Élie, à Beit-Méry. L’absoute sera donnée par le métropolite du Mont-Liban, Mgr Georges Khodr. Beit-Méry est morne. Albert Moukheiber, le «Vieux Lion», le médecin constamment au chevet des malades, l’enfant terrible des séances parlementaires de ces cinquante dernières années, n’est plus. Les drapeaux libanais flottent partout dans le village, signe que pour les habitants, la perte de Moukheiber est d’envergure nationale. Cependant, aucun portrait de l’ancien ministre et député n’a été accroché sur les murs des maisons. La sobriété est de mise : le président du RPR aura été fidèle à ses principes jusqu’au bout. Juste quelques calicots accrochés ça et là, avec ces mots : «Ton discours et tes positions sont gravés à jamais au fond de nos cœurs». L’adieu populaire au «Docteur», sincère, spontané, se produit quelques heures plus tard, lorsque le cercueil, drapé aux couleurs libanaises, est porté deux heures durant, par près de deux mille Metniotes et par la famille, de Mansourieh à la maison familiale, à Beit-Méry. Plusieurs personnes sont dans les rues et se sont agglutinées sur les balcons pour saluer une dernière fois ce «grand» de la vie politique libanaise. Partout où il passe, le cercueil est accueilli par le riz et les pétales de roses. Fait notable, l’absence de toute figure politique dans le cortège entre Mansourieh et Beit-Méry, à l’exception de M. Massoud Achkar. Devant le domicile familial, Albert Moukheiber a droit au rituel généralement réservé aux personnes décédées très jeunes : quelques personnes font danser le cercueil au sein de la foule. À 92 ans, et plus particulièrement depuis sa réélection, le député n’avait cessé de répéter qu’il possédait toujours «la flamme de ses vingt ans» et ses proches mettaient constamment en évidence sa jeunesse d’esprit. Défilé de personnalités À l’intérieur, la maison du disparu ne désemplit pas depuis samedi matin. Le Tout-Liban, officiel et populaire, est venu présenter ses condoléances à la famille Moukheiber, notamment au frère du défunt et à ses trois neveux. Énormément respecté par ses ennemis politiques, adulé par ses amis, Albert Moukheiber ne laissait pas indifférent : c’est du moins l’impression qui se dégage à la vue du grand nombre de personnes qui sont venues s’associer à la douleur de ses proches. En fait, après plusieurs dizaines d’années passées sous la coupole du Parlement au service des Libanais, c’est au Liban tout entier qu’il appartient désormais. Dès l’annonce du décès, l’ancien président de la République Amine Gemayel, les députés Boutros Harb et Antoine Haddad, et l’ancien ministre des Affaires étrangères Ghassan Tuéni, grand ami du défunt, accourent sur les lieux. Suivis, entre autres, ces deux derniers jours, par le Premier ministre Rafic Hariri, le président de la Chambre Nabih Berry, l’ancien président Élias Hraoui, l’ancien Premier ministre Rachid el-Solh, le président du Bloc national Carlos Eddé, le ministre des Finances Fouad Siniora, les députés Nassib Lahoud, Farès Souheid, Mansour el-Bone, Atef Majdalani, M. Massoud Achkar, les anciens ministres Michel Samaha et Michel Murr, l’ancienne députée Mirna Boustany, le PDG d’an-Nahar Gebran Tuéni, le président élu du parti Kataëb Karim Pakradouni, le ministre de la Jeunesse et des Sports Sebouh Hovnanian et l’ancien président de la Chambre Hussein Husseini. Le président de la République, Émile Lahoud, pour sa part, a été informé du décès du député par M. Boutros Harb. Le vice-président du Conseil Issam Farès et les députés Mikhaël Daher et Gebran Tok ont par ailleurs présenté leurs condoléances par téléphone. Il en est de même pour le général Michel Aoun, qui a estimé qu’avec Albert Moukheiber «disparaît l’un des derniers piliers de la politique libanaise, et plus particulièrement chrétienne». Les derniers jours à l’hôpital Le 15 mars dernier, la santé du député s’était brusquement déteriorée. Malgré cela, affirme son neveu Ghassan, il ne cessait de penser au politique, en parlementaire dans l’âme qu’il était. C’est dans la souffrance qu’il signe la proposition de loi sur le mariage civil, à l’initiative du Mouvement des droits humains, peu de temps avant son admission à l’AUH. Sur le brancard qui le transporte à l’hôpital, et alors qu’il est en proie à de terribles crises, Moukheiber interpelle son neveu, sans se départir de son sourire facétieux : «Tu as bien fait de me communiquer cette proposition de loi avant que je ne sois hospitalisé». Moukheiber passera plusieurs semaines aux soins intensifs, sous respirateur artificiel. Il frôle même la mort autour du 16-17 mars. Très conscient malgré son état de santé, il tient à être continuellement tenu au courant de l’actualité. Par deux fois, il se réjouit du cours des événements : le 19 mars, lorsque ses proches lui racontent que le recteur de l’USJ, Sélim Abou, vient de faire un discours réclamant le retrait des forces syriennes du Liban, et lorsqu’on lui annonce que les soldats syriens ont quitté Beit-Méry. Le médecin souverainiste, convaincu jusqu’au bout que «le principal mal dont souffre actuellement le Liban est l’occupation syrienne», exulte de joie. Sa santé s’améliorera dans les jours qui suivront. Durant le sommet arabe, il demande à son neveu de l’aider à préparer un communiqué pour dénoncer l’attitude et les positions de la présidence de la République. Mais, faiblesse physique oblige, il est rapidement replacé sous respirateur artificiel. Alors qu’il recommençait à aller mieux, et contre toute attente, une attaque cardiaque le terrasse samedi, aux premières lueurs de l’aube. La Médaille du Mérite à titre posthume Le président de la République, le général Émile Lahoud, a décidé de décerner au parlementaire défunt le Médaille d’or du Mérite libanais à titre posthume. Il a en outre chargé le vice-président de l’Assemblée, Élie Ferzli, de le représenter aux funérailles officielles qui auront lieu aujourd’hui lundi dans l’église Mar Élias de Beit-Méry. Aux membres de la famille Moukheiber qui ont annoncé la mort du député au chef de l’État, celui-ci a dit que «l’Assemblée nationale avait perdu l’une de ses plus belles figures, qui a également contribué au développement de la vie politique libanaise en participant à plusieurs gouvernements». Le président Lahoud a ajouté que la région du Metn avait perdu « l’un de ses fils les plus dévoués». Élections partielles au Metn Avec le décès d’Albert Moukheiber, l’un des deux sièges grecs-orthodoxes du Metn se trouve vacant. Des élections partielles devraient donc être organisées dans les soixante prochains jours (avant le 14 juin) pour remplacer le député défunt. Selon des sources du ministère de l’Intérieur, le délai d’organisation du scrutin a commencé à courir et il n’est donc pas besoin d’attendre pour cela la notification écrite du Parlement. Rappelons que le mandat de l’Assemblée actuelle s’achève en mai 2005. L’hommage des étudiants de l’USJ : Que son rêve de souveraineté devienne réalité Les amicales des étudiants de l’Université Saint-Joseph ont publié hier un communiqué rendant hommage aux positions politiques du député Albert Moukheiber, estimant que «le Liban a perdu la voix qui exprimait haut et fort les aspirations du mouvement estudiantin». «Avec Albert Moukheiber, c’est le fer de lance de la démocratie et l’un des défenseurs les plus acharnés de la souveraineté, de l’indépendance et de la libre décision du Liban qui disparaît», ont estimé les étudiants. «Du “Vieux Lion”, nous retenons l’audace, la constance et l’intransigeance dans les prises de position nationales, notamment en ce qui concerne le rejet de toutes les occupations étrangères et la nécessité de l’application de la résolution 520 du Conseil de sécurité», ont-ils poursuivi. «Puissent les milieux politiques s’inspirer de ce porte-étendard de la vérité, à l’heure où le silence officiel concernant l’hégémonie syrienne sur le Liban consterne tous les Libanais», ont souhaité les étudiants. «Le docteur Moukheiber ne manquait pas une occasion pour saluer le courage des étudiants lorsque ceux-ci essuyaient les coups des agents de l’ordre pour dénoncer la mainmise syrienne sur le Liban», a indiqué le communiqué. Et de conclure : «À l’annonce du redéploiement des troupes syriennes, sur son lit d’hôpital, il s’était senti mieux. Nous regrettons qu’il s’en soit allé avant que son rêve d’un Liban libre, souverain et indépendant ne devienne enfin réalité». Michel HAJJI GEORGIOU
Le Liban fait aujourd’hui ses adieux au président du Rassemblement pour la République (RPR), le Dr Albert Moukheiber, décédé samedi matin, à l’Hôpital américain (AUH), d’un arrêt cardiaque à l’âge de 92 ans. Le député du Metn était hospitalisé depuis le 15 mars, mais son état de santé s’améliorait de jour en jour et il devait bientôt quitter l’hôpital. ...