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Actualités - CHRONOLOGIE

Vie politique - La démarche est jugée inopportune L’opposition s’agite autour de la visite de Hariri à Washington

Une démarche inopportune. C’est le verdict sans appel que les opposants rendent au sujet de la visite de M. Rafic Hariri la semaine prochaine à Washington. Ni les circonstances régionales ni les considérations socio-économiques locales ne leur semblent propices à l’odyssée d’Ulysse. Les facteurs s’imbriquent d’ailleurs étroitement. Dans ce sens qu’il est évident que dans la conjoncture actuelle, les Américains ont d’autres chats à fouetter que de se soucier d’aider financièrement ou économiquement le Liban. D’autant qu’ils ne sont pas très contents de lui, à cause de la couverture qu’il fournit à leur bête noire, le Hezbollah. Et à cause aussi, et surtout, de sa fidélité indéfectible à ses engagements syriens, Damas n’étant pas très bien vu ces jours-ci sur les rives du Potomac. Dans ce contexte, ajoutent les contestataires, l’Administration US sait que M. Hariri, dont l’entregent européen est remarquable, reste beaucoup moins bien entendu au Proche-Orient même. Singulièrement du côté de Chebaa, enclave névralgique, où c’est plutôt le Hezbollah qui donne de la voix. Toujours à ce sujet, les contempteurs cités se demandent pour quelle raison les Américains accorderaient une attention favorable à un homme qui n’est même pas en mesure d’obtenir le déploiement de l’armée nationale de son pays le long de la ligne bleue. Un gouvernant qui ne peut ni bloquer les opérations dites de résistance ni a fortiori neutraliser la branche militaire du Hezbollah. Sans compter qu’il n’a aucune prise sur les camps palestiniens de la région frontalière qui continuent à former un îlot d’insécurité. Et une rampe de lancement pour des Katioucha transfrontalières qui risquent de mettre toute la contrée à feu et à sang. Dans ces conditions, les opposants estiment que le chef du gouvernement, qui n’a pu sauver Paris II, ne trouvera pas bourse ouverte de la part de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, instances dont la dépendance à l’égard des USA n’est un secret pour personne. Ils ajoutent que dans le prolongement du 11 septembre, les Américains ne veulent entendre parler que de la lutte contre le terrorisme. Et ne sont sûrement pas disposés à écouter attentivement un plaidoyer accentué sinon pour Arafat et son peuple persécuté, du moins pour les organisations activistes palestiniennes ou le Hezbollah. Or, un tel plaidoyer est de toute évidence un devoir absolu pour M. Hariri qui, de ce fait, risque de voir les autres points qu’il compte soulever accueillis avec fraîcheur. Mais bien entendu, les loyalistes proches de Koraytem trouvent ces remarques sur l’opportunité de la visite à Washington elles-mêmes déplacées. À leur avis, il est absolument nécessaire que le pouvoir libanais saisisse la chance de dialoguer avec l’Amérique de l’après-11 septembre. D’autant qu’il a hébergé un sommet arabe débouchant sur une offre de paix équitable à laquelle Washington a applaudi. En d’autres termes, le Liban a intérêt à insister sur sa volonté de paix pour tenter d’amadouer un Occident dont les nerfs sont actuellement à fleur de peau à cause des attentats-suicide. Sans compter, ajoutent ces loyalistes, que seule l’Amérique peut juguler les velléités bellicistes sharoniennes qui risquent à tout moment de s’exprimer aux dépens du Liban. Cela sans dévier de la position affichée dès le 11 septembre. À savoir que le Liban participe à la lutte antiterroriste, mais qu’il est difficile d’aboutir positivement sur ce point si l’on ne règle pas d ’abord le problème palestinien et celui de la déviance israélienne. Ils ajoutent que la visite est également très importante sur le plan économique et financier. Car à leur avis, un dialogue «entre quatre-zyeux» comme on dit peut beaucoup débloquer la situation et remettre en selle Paris II. Psychologiquement, expliquent ces spécialistes de la main tendue, il est difficile d’envoyer paître un quémandeur que l’on rencontre personnellement. Surtout s’il se présente avec un plan cohérent de redressement fondé sur la TVA, les allégements douaniers et un programme libéral de privatisations. Un dossier que les ministres des Finances et de l’Économie, qui vont l’accompagner, détailleront à l’adresse des interlocuteurs de Washington, de la Banque mondiale ou du FMI. Philippe ABI-AKL
Une démarche inopportune. C’est le verdict sans appel que les opposants rendent au sujet de la visite de M. Rafic Hariri la semaine prochaine à Washington. Ni les circonstances régionales ni les considérations socio-économiques locales ne leur semblent propices à l’odyssée d’Ulysse. Les facteurs s’imbriquent d’ailleurs étroitement. Dans ce sens qu’il est évident...