Réactions Le Hezbollah menace d’élargir le conflit si les Palestiniens sont poussés à l’exode

Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a menacé hier d’élargir les combats à toute la frontière du Liban avec l’État hébreu, si le Premier ministre israélien Ariel Sharon poussait les Palestiniens à l’exode. «Certains s’attendent à ce que le front s’étende de la Méditerranée au mont Hermon», a-t-il dit lors d’une rencontre avec les cadres de son parti, en présence de la presse. «Ce qui se passe aujourd’hui est grave, certes, mais il y a plus grave. Si nous utilisons tous nos recours maintenant, que nous restera-t-il plus tard ? Nous, nos frères Palestiniens et leurs directions ne devons pas épuiser toutes nos énergies et toutes nos ressources, sauf si Sharon pousse les Palestiniens à l’exode forcé», a-t-il ajouté. Le secrétaire général du Hezbollah s’est toutefois déclaré déterminé à lutter jusqu’au bout dans l’enclave de Chebaa, que le Liban revendique comme appartenant à son sol national. «Nous savons que le front libanais n’empêchera pas l’invasion sioniste de l’intérieur, a souligné le numéro un du Hezbollah, et que l’armée israélienne est capable de se battre sur deux fronts, ou de lancer l’aviation dans la bataille. Mais les Israéliens savent que le second front est coûteux, et ils en tiennent compte. Le front ouvert à Chebaa, nous nous y battrons à outrance, car c’est là une marge de manœuvre dont nous disposons. La question ne devrait pas poser de problème, tout en gênant les Israéliens. Et si Staffan de Mistura n’est pas content et demande que la ligne bleue soit respectée, de crainte qu’elle ne se transforme en ligne rouge, qu’importe. Ceux qui se battent à Chebaa ne craignent ni ligne rouge, ni ligne bleue, ni ligne marron...». «Chebaa est terre libanaise, a poursuivi sayyed Nasrallah, cette marge est légitime et indiscutable. Du reste, nous disposons également, à cet égard, de la caution du sommet arabe, qui a appuyé la résistance (...) et nous agissons sous cette couverture nationale». On rappelle que le Liban a promis d’empêcher l’extension des combats à d’autres secteurs de la frontière et arrêté onze Palestiniens depuis vendredi, soupçonnés d’avoir procédé à des tirs anti-israéliens hors du secteur de Chebaa. « Les manifestations doivent se poursuivre » Soulignant qu’une nouvelle opération-suicide à Tel-Aviv ou ailleurs «suffira à prouver au monde la défaite de la campagne lancée par l’Amérique et Israël», sayyed Nasrallah a affirmé que les opérations similaires menées au Liban en 1993 et 1996 ont échoué à déraciner la résistance. Certes, nul de peut arrêter l’invasion de la Cisjordanie, a-t-il ajouté, mais si les forces d’occupation y demeurent, elles constitueront des cibles plus faciles, à condition de fournir des armes aux Palestiniens. Par ailleurs, sayyed Hassan Nasrallah a demandé que les manifestations se poursuivent dans les rues de Beyrouth et de toutes les capitales arabes. Pour lui, ces manifestations «rehaussent le moral» de la population palestinienne et, en même temps, exercent des pressions sur les régimes arabes. Sayyed Nasrallah a notamment formulé l’espoir que, sous la pression de la rue, le régime égyptien en vienne à rompre ses relations diplomatiques avec l’État hébreu. Il a également demandé la poursuite des collectes de dons et l’établissement de liens avec les Palestiniens, quand et où cela est possible, afin de leur proposer des fonds pour réparer les maisons et assurer leur subsistance. Il a également souligné que faire parvenir des armes aux Palestiniens est «prioritaire». Enfin, le secrétaire général du Hezbollah a apporté son appui au mouvement en faveur du boycottage des produits américains lancé par des ulémas musulmans. Don d’une journée de travail en faveur des ouvriers palestiniens De retour du Caire où il vient de participer aux réunions de la session urgente du conseil central de l’Union internationale des syndicats ouvriers arabes, le président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) Ghassan Ghosn a annoncé les principales recommandations qui ont été prises lors de cette rencontre. Il s’agit notamment de : 1- faire don d’une journée de salaire au bénéfice des ouvriers et du peuple palestiniens et déclarer le jour de la Fête du travail journée de solidarité avec le peuple palestinien ; 2- proclamer une forme de jumelage entre les syndicats palestiniens et les autres syndicats arabes ; 3- appeler les peuples de la région à boycotter les produits américains. Les participants à cette réunion sont en outre convenus de former une délégation syndicale arabe qui sera chargée de contacter les unions internationales des syndicats pour les inciter à participer à la campagne internationale de soutien au peuple palestinien, et d’inviter l’Organisation internationale du travail (OIT) à envoyer une mission d’enquête pour s’informer des crimes israéliens.