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Actualités - REPORTAGE

Molières - La 16e édition au théâtre Mogador sous la présidence de Jean Piat « La boutique du coin de la rue » rafle cinq statuettes et Annie Girardot à l’honneur

Une fois par an, le théâtre français se drape dans ses ors pour faire, le temps d’une soirée, son cinéma. Le rideau rouge se lève alors sur la plus prestigieuse distribution. Cette fête du théâtre dont les équivalents en France sont les Césars pour le cinéma et les Victoires pour la musique, etait présidée cette année, dans sa 16e édition, par le comédien Jean Piat, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, et s’est déroulée en présence de la ministre de la Culture, Catherine Tasca, et du maire de Paris, Bertrand Delanoë. C’est avec un mois d’avance sur le calendrier habituel que la cérémonie des Molières 2002 fait la farce de se dérouler un 1er avril, qui plus est un lundi de Pâques!... Grand favori, La Boutique du coin de la rue a obtenu cinq Molières: meilleure pièce de création, meilleur metteur en scène, meilleure adaptation, meilleur décor et meilleur créateur de lumière. Jean Piat a dédié cette cérémonie au fondateur des Tréteaux de France et précédent président des Molières Jean Danet, ainsi qu’au réalisateur et ardent défenseur du théâtre Claude Santelli, tous deux disparus fin 2001. Un total de 17 trophées – un buste de Molière – devaient être décernés au cours de cette soirée, ainsi que deux Molières d’honneur, l’un au couple Simone Valère et Jean Desailly, l’autre à la comédienne Annie Girardot. Il est à souligner que les spectacles nominés pour cette fête annuelle du théâtre sont ceux dont la première représentation a eu lieu entre le 11 mars 2001 et le 28 février 2002. «La nuit des Molières est l’occasion pour le grand public de partager quelques moments privilégiés de l’actualité théâtrale. Cette célébration met en lumière la grande diversité des métiers du théâtre. Comédiennes, comédiens, auteurs, créateurs de costumes, décorateurs et metteurs en scène sont tous les artisans d’un rêve qui nous rassemble depuis la nuit des temps», a écrit Catherine Tasca, ministre française de la Culture et de la Communication, dans le programme officiel de la soirée. Raymond Devos et Patrick Bruel ont ouvert la soirée par un concert de clochettes à l’invitation de Jean Piat, maître de cérémonie. C’est d’ailleurs à coups de clochettes que les lauréats ont été rappelés à leur obligation de limiter leurs remerciements à 30 secondes. En voici quelques morceaux choisis : – Rachida Brakni, pensionnaire de la Comédie-Française, Molière 2002 de la révélation théâtrale : «C’est très étrange de recevoir la même année un César et un Molière. Je suis très surprise. J’aime le théâtre autant que le cinéma. Quand je tourne je rêve d’être en scène et quand je fais du théâtre j’ai envie de tourner». – Annie Gregorio, Molière de la meilleure comédienne dans un second rôle, est montée sur scène avec un poisson d’avril dans le dos. – Laurent Ruquier, par l’intermédiaire de Dan Bolander, a piégé invités, nommés et lauréats. En habit de Molière, l’aiguillon de l’émission «On a tout essayé» a décerné des Totos d’or à ceux qui lui récitaient les meilleures Blagues à Toto. Michel Lebb a été l’une des victimes consentantes. Annie Girardot, Molière d’honneur. «Le plus extraordinaire est que l’on me remette mon premier Molière un 1er avril. Je suis entrée au Conservatoire de la rue Blanche le 1er avril 1949», a confié la comédienne en coulisse. «Le théâtre et le cinéma sont mes passions. J’ai besoin des deux. Je suis très émue que l’Académie des Molières ait choisi Alain Delon pour me remettre cette belle récompense». Sur scène, l’acteur a rappelé «qu’il a eu le privilège de prendre la mesure de l’immense talent d’Annie Girardot dans Deux sur une balançoire et la chance de lui donner la réplique dans Rocco et ses frères». «Tu fais partie de ma vie. Je t’aime. Je te respecte et je t’admire pour tout ce que tu as fait, ce que tu nous donnes et qui t’en a fait tant crever. Mademoiselle Girardot, c’est mon honneur mais aussi mon bonheur de te remettre, pour ton talent et ta générosité, ce Molière qui te va si bien», a encore dit Alain Delon. – Plaidoyer de Laurent Terzieff pour le théâtre contemporain : «Arrêtons la démagogie. Il y a pléthore de théâtre classique aujourd’hui. Le théâtre doit exprimer le goût de son époque et seul le théâtre peut traduire cet aspect de la vie des hommes». Le metteur en scène et comédien a estimé que «si le théâtre se tient aussi éloigné de la facilité que de la démagogie ou de l’imposture intellectuelle, il peut être une passerelle dans cette coupure originelle entre le sujet et le monde, entre le monde et nous-mêmes (...). Je souhaite de tout mon cœur que le metteur en scène de théâtre, grâce aux poètes qu’il a choisi de servir, soit le passeur transcendant de l’esprit qu’il exprime avec ses rêves, sa tendresse, sa violence». – Maurice Chevit, Molière du meilleur comédien dans un second rôle pour Conversation avec mon père, ne pouvant retenir ses larmes devant une salle debout : «On a beau dire : cela fait quand même quelque chose (...) a souligné le comédien. 78 ans dont 56 de carrière. C’est magnifique (...) et la salle debout en plus. Ils sont fous», a-t-il souligné en coulisses. Comme quoi, même pour un acteur de théâtre, le public reste roi. Palmarès – Meilleure comédienne : Annie Girardot (Madame Marguerite de Roberto Athayde) – Meilleur comédien : Jean-Paul Roussillon (Le Jardin des apparences mis en scène par Gildas Bourdet et écrit par Véronique Olmi) – Meilleure pièce de création : La Boutique au coin de la rue de Miklos Laszlo, mise en scène par Jean-Jacques Zilbermann – Meilleure pièce du répertoire : Bent de Martin Shermann mis en scène par Thierry Lavat – Meilleur metteur en scène : Jean-Jacques Zilbermann (La Boutique au coin de la rue) – Meilleure comédienne dans un second rôle : Annie Grégorio (Théâtre sans animaux de Jean-Michel Ribes) – Meilleur comédien dans un second rôle : Maurice Chevit (Conversations avec mon père) – Révélation féminine : Rachida Brakni (Ruy Blas) – Révélation masculine : Eric Elmosnino (Léonce et Léna) – Meilleur auteur francophone : Jean-Michel Ribes (Théâtre sans animaux) – Meilleure pièce comique : Théâtre sans animaux de Jean-Michel Ribes – Meilleur adaptateur d’une pièce étrangère : Évelyne Fallot et Jean-Jacques Zilbermann (La Boutique au coin de la rue) – Meilleure pièce musicale : (Frou-frou les bains, un pastiche des opérettes de jadis signé Patrick Haudecœur) – Meilleur one man show : Philippe Avron Le Fantôme de Shakespeare – Meilleur décorateur: Stéfanie Jarre (La Boutique au coin de la rue) – Meilleur créateur de costumes : Pascale Bordet (Le Dindon) – Meilleure lumière : Jacques Rouveyrollis (La Boutique au coin de la rue) – Deux Molières d’honneur ont été par ailleurs décernés au couple Simone Valère-Jean Dessailly actuellement à l’affiche de La Madeleine dont il va quitter la direction à la fin de la saison, ainsi qu’à la comédienne Annie Girardot, Molière de la meilleure comédienne pour Madame Marguerite.
Une fois par an, le théâtre français se drape dans ses ors pour faire, le temps d’une soirée, son cinéma. Le rideau rouge se lève alors sur la plus prestigieuse distribution. Cette fête du théâtre dont les équivalents en France sont les Césars pour le cinéma et les Victoires pour la musique, etait présidée cette année, dans sa 16e édition, par le comédien Jean Piat,...