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Actualités - OPINION

Washington devra revoir sa copie

Il aura fallu bien des rebondissements pour que l’initiative Abdallah passe l’examen du sommet arabe mouvementé de Beyrouth et soit enfin rebaptisée à l’unanimité initiative arabe. Un résultat que Washington appelait de tous ses vœux, puisque, pour la première fois, l’éventualité de l’établissement de relations normales dans le contexte d’une paix juste et globale avec Israël y est évoquée par les Arabes. Mais, malgré ce rattrapage in extremis, la stratégie américaine qui consistait à apaiser le conflit israélo-palestinien pour mieux «s’occuper», selon les termes du président Bush, du problème irakien pourrait bien être remise en cause. Car en arrière-plan des rocambolesques négociations sur la question palestinienne, Bagdad a lancé une véritable offensive de charme en direction des Arabes. Accolade émue de Ezzat Ibrahim avec le prince héritier saoudien, scellant la réconciliation entre Bagdad et ses voisins du Golfe, accord de non-agression avec le Koweït, engagement à respecter la souveraineté, l’indépendance et la sécurité de l’émirat… Et, cerise sur le gâteau, refus catégorique des membres de la Ligue de toute frappe contre l’Irak considérée comme une menace pour la sécurité régionale. Un soutien qu’aucun sommet arabe n’avait accordé à Bagdad depuis 1990. Parallèlement, la reprise de la violence sur le terrain, qui pourrait bien sonner le glas de la mission Zinni, n’arrange pas les affaires de Bush Jr. Les efforts irakiens, alliés à la dégradation de la situation dans les Territoires, pourraient donc bien être synonymes de répit pour Bagdad après les menaces américaines d’extension de sa lutte antiterroriste. Car Washington ne peut prendre le pari de lancer des frappes contre l’Irak au risque d’accroître l’instabilité régionale et éventuellement de menacer l’assise du pouvoir de plusieurs régimes arabes «amis». La Maison-Blanche espérait que le sommet arabe favoriserait le retour sur le chemin de la négociation des Palestiniens et des Israéliens. Elle obtient la gloire des Saoudiens qui, cherchant à redorer leur blason au lendemain du 11 septembre, font d’une pierre deux coups, le rejet immédiat par les Israéliens des propositions arabes, et le retour en odeur de sainteté, sur les terres arabes, des Irakiens. Vraiment pas de quoi permettre au fils Bush d’achever l’œuvre de papa. Émilie SUEUR
Il aura fallu bien des rebondissements pour que l’initiative Abdallah passe l’examen du sommet arabe mouvementé de Beyrouth et soit enfin rebaptisée à l’unanimité initiative arabe. Un résultat que Washington appelait de tous ses vœux, puisque, pour la première fois, l’éventualité de l’établissement de relations normales dans le contexte d’une paix juste et globale...