Actualités - OPINION
La polémique sur les propos de Hariri se poursuit Les proches de Koraytem s’étonnent de la réaction de Bkerké
Par KHOURY Emile, le 09 mars 2002 à 00h00
Commentant la réponse des évêques maronites aux propos télévisés de M. Rafic Hariri sur les chrétiens, un officiel proche de Koraytem la qualifie d’over-reaction. Un terme anglo-saxon couramment utilisé quand une riposte semble disproportionnée, exagérée. Cette source autorisée se déclare d’autant plus étonnée que, dans un premier mouvement, le patriarche Sfeir avait adopté par rapport à l’intervention télévisée du chef du gouvernement une position tempérée, pour ne pas dire compréhensive. La personnalité ministérielle avoue s’être sentie piquée au vif par la phrase épiscopale qualifiant la sortie haririenne de «discours confessionnel menant à une forte discorde». Jamais, relève le loyaliste, Bkerké n’avait usé d’une formule aussi dure, même au plus fort des crises internes. Le siège patriarcal, ajoute-t-il, s’était toujours distingué auparavant par sa modération, sa rationalité, sa sagesse même, tant dans ses manifestes que dans ses déclarations ou ses sermons en chaire. En réprouvant un tel langage lorsque des fractions extrémistes en usaient. Poursuivant son commentaire, l’officiel cité se demande si une expression aussi radicale que «forte discorde» est opportune, même si les propos tenus par M. Hariri étaient effectivement à but confessionnel, ce qui n’est pas le cas. On ne peut pas, souligne-t-il, replonger le pays de sang-froid dans le climat qui régnait en 1975, pour un mot mal compris. Et d’insister : depuis pas mal de temps, Mgr Sfeir s’était mis en retrait, évitant de traiter de questions politiques même quand elles constituaient le fond de l’actualité. Et cela, pour contribuer à calmer le jeu, afin de ne pas aggraver les difficultés économiques du pays. Le cardinal s’attachait justement dans ses interventions à réclamer un traitement radical de la situation sociale ou financière. Mais le président Hariri a bien dit textuellement : «Il existe des gens dans le pays, et il se fait qu’ils sont en majorité chrétiens, qui prédisent un effondrement économique, poussent les jeunes à l’émigration et considèrent qu’il ne peut y avoir de redressement économique sans une entente politique». N’est-ce pas là une attaque directe ? La source ministérielle répond que l’expression utilisée par M. Hariri n’est peut-être pas très heureuse, mais que son intention n’était pas confessionnelle. Ajoutant que les propos ont été improvisés verbalement, sans rien de délibéré, devant les caméras. Ce qui n’est pas le cas, par contre, pour la réponse écrite noir sur blanc par les évêques. Il ne faut pas oublier de signaler, plaide encore cette personnalité, que M. Hariri n’a pas manqué de souligner que le pays se fonde uniquement sur l’égalité entre les musulmans et les chrétiens. Pour lancer ensuite un appel à une participation générale effective, les Libanais de toutes confessions devant se donner la main afin de faire face aux défis posés au pays qu’ensemble ils doivent édifier. Quant au constat qu’il se trouve des parties estimant que le redressement économique est conditionné par l’entente politique, il n’a rien de nouveau ni de secret. En effet, des députés ont publiquement avancé une telle équation lors du débat budgétaire et des politiciens ne cessent de la répéter hors de la Chambre. Or à maintes reprises les organismes économiques eux-mêmes ont réclamé que la politique se tienne à l’écart du dossier économique. Qui ne doit pas être exploité, ou monnayé comme otage, à des fins déterminées car sa situation ne tolère pas de tiraillements politiques. Faisant écho aux vœux des Libanais, poursuit ce loyaliste, les dirigeants sont convenus de mettre leurs différends de côté, pour unir leurs efforts en vue du sauvetage économique. Certains continuent pour leur part à attaquer les mesures prises ou envisagées, dans l’espoir de déboulonner le gouvernement, au mépris de l’intérêt national. Et en oubliant, conclut cette source, qu’en cas d’échec du cabinet actuel, aucune formation n’aurait de chances de réussir. Car si l’effondrement économique devait survenir, le temple s’écroulerait sur la tête de tous. Émile KHOURY
Commentant la réponse des évêques maronites aux propos télévisés de M. Rafic Hariri sur les chrétiens, un officiel proche de Koraytem la qualifie d’over-reaction. Un terme anglo-saxon couramment utilisé quand une riposte semble disproportionnée, exagérée. Cette source autorisée se déclare d’autant plus étonnée que, dans un premier mouvement, le patriarche Sfeir avait adopté...
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