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Actualités - CHRONOLOGIE

Partis - Manifeste conjoint pour renouer avec « les véritables principes kataëb » Qu’attend le Liban pour changer de stratégie régionale, s’interrogent Gemayel et E. Karamé

L’ancien président de la République, Amine Gemayel, et le chef de «l’opposition Kataëb», Élie Karamé, ont tenu hier une conférence de presse au siège du syndicat des rédacteurs à Achrafieh dans le cadre de laquelle l’ancien secrétaire général du parti, Joseph Abou Khalil, a donné lecture d’un manifeste conjoint des deux fers de lance de l’opposition à la direction de Saïfi, en présence des députés Pierre Gemayel et Antoine Ghanem et de délégations d’opposants d’Australie, des deux Amériques et d’Afrique. Il s’agit pour le parti Kataëb de renouer avec «son histoire et son message originel», et de recouvrer la ligne de conduite qui a toujours caractérisé la formation aux plans national et macropolitique, selon MM. Karamé et Gemayel. Selon les deux hommes, «la direction de Saïfi a abandonné ces principes depuis plusieurs années et il lui incombe aujourd’hui de revenir à un discours national», à l’heure où «plus que jamais les Libanais, et plus précisément les chrétiens, ont besoin d’un leadership qui représente leurs aspirations». Or, souligne M. Karamé en réponse à une question, il existe un «conflit majeur» entre la direction et l’opposition «autour de la question des relations libano-syriennes». «Nous refusons l’hégémonie des services de sécurité et la domination syrienne. Eux se contentent de dire qu’il existe un malaise côté chrétien. Nous savons qui les manipule», précise-t-il, en indiquant toutefois que «le dialogue est toujours possible». D’où la nécessité pour M. Gemayel et lui-même d’élaborer ce document commun, un manifeste pour recentrer le parti Kataëb sur «des constantes nationales», notamment sur «la nécessité pour le Liban de retrouver sa souveraineté et sa libre décision». Selon le document, le Liban est en proie aujourd’hui à des difficultés à tous les niveaux qui «menacent son existence politique». «Le Liban est un creuset de cultures et de civilisations, un espace de rencontre et non pas une entité géographique fabriquée (…). Il se trouve dans un milieu en perpétuelle agitation, surtout depuis l’introduction par la force de l’État israélien dans le tissu régional, laquelle a créé un déséquilibre et une succession de guerres (…)». Ces circonstances régionales ont toujours pour effet de «remettre en question la souveraineté et l’indépendance du Liban» et ceci se répercute sur le parti Kataëb, «obligé, comme bien d’autres institutions du pays, de ployer sous l’état de fait et de s’écarter de sa ligne directrice indépendantiste». Selon le document, les Kataëb se sont opposés, dès les années 60, aux actions armées palestiniennes à partir du Liban, «non pour des motifs idéologiques mais parce que ces actions ont eu pour effet d’annihiler l’État libanais en l’entraînant dans la spirale de la guerre israélo-arabe». Une spirale «dont le Liban aurait dû sortir à chaque fois qu’il en a eu l’occasion» mais dans laquelle on «vise à l’y maintenir en gardant la frontière sud en ébullition». Et le document de rejeter la jonction entre la question libanaise et la question régionale, «recréé par une volonté occulte et hégémonique en dépit des dispositions constitutionnelles». «Cette jonction a détruit le Liban, en a fait un pays dont la souveraineté, la vie démocratique et les libertés sont annulées, un pays où un régime sécuritaire a été édifié en lieu et place de la démocratie parlementaire et où l’État syrien remplit plusieurs des fonctions de l’État libanais», notamment au niveau «du choix de la guerre et de la paix. Il intervient aussi dans la nomination des gouvernants, des députés et des ministres», poursuit le document. Selon les opposants Kataëb, le Liban «perd progressivement ses spécificités de par sa situation permanente de pupille» et «la crise économique et financière résulte de cette absence de souveraineté». Il est donc temps de «revoir sa place dans le cadre du conflit israélo-arabe, une place qu’il n’a pas choisie et qui ne fait pas l’objet d’une entente intercommunautaire et nationale». La Résistance « qui gêne » Dans ce cadre, il convient de «saluer les efforts déployés par le Hezbollah pour libérer le Liban-Sud de l’occupation israélienne», mais «la détermination à libérer les fermes de Chebaa par la force des armes embarrasse particulièrement les Libanais». «Ces derniers sont attachés à chaque parcelle de territoire, mais ne sont pas convaincus du choix de la Résistance armée (…)». Et le document de souligner : «Au lieu de réclamer une délimitation des frontières libano-syriennes, ce qui résoudrait le problème, les responsables appellent aujourd’hui à la libération de tous les territoires arabes !». Pour faire face à Israël, souligne-t-il, il faut que «le Liban soit un État réel, c’est-à-dire souverain et indépendant. Dans le cas contraire, il s’effondrerait bien avant la paix juste et globale». C’est également dans ce cadre qu’il faut revoir la question des relations libano-syriennes, «relations qui se fondent sur une base erronée depuis le jour où l’on a donné la priorité à la paix juste et globale par rapport à la paix libanaise». «Cette décision a imposé une présence armée et politique syrienne au Liban qui annihile la souveraineté du pays et porte atteinte à son existence étatique». «Les relations ne peuvent être normalisées qu’avec l’abandon de cette stratégie que le Liban n’a pas choisie» : il faut donc que «les choses rentrent dans l’ordre», c’est-à-dire que «les Syriens soient délivrés de leur rôle au Liban ou au moins qu’il y ait un redéploiement des forces syriennes si l’on estime que la présence syrienne est fondée sur des impératifs stratégiques». «Le soutien syrien au Liban, qui persiste depuis un quart de siècle, est inefficace et ne peut être à la base de relations équilibrées entre les deux pays», conclut le document.
L’ancien président de la République, Amine Gemayel, et le chef de «l’opposition Kataëb», Élie Karamé, ont tenu hier une conférence de presse au siège du syndicat des rédacteurs à Achrafieh dans le cadre de laquelle l’ancien secrétaire général du parti, Joseph Abou Khalil, a donné lecture d’un manifeste conjoint des deux fers de lance de l’opposition à la...