On en parle ... Georges Kordahi a gagné des millions de fans heureux (PHOTO)

Comment fait-on pour passer de l’information au divertissement, de la radio à la télévision et réussir sa reconversion ? Vous avez quelques secondes pour répondre. El-jawab al-nihaï ? (Votre réponse finale ?). Se laisser prendre au jeu… Georges Kordahi l’a fait et il a gagné. Des millions de fans. eorges Kordahi a l’attitude qu’il faut. Dans son salon noyé d’une épaisse fumée – brouillard de centaines de cigarettes qui brûlent encore – émerge en roi heureux un énorme poste de télévision, comme un miroir dans lequel notre hôte aime à se regarder pour s’assurer que tout va bien. Confortablement mais fermement installé dans un fauteuil, le sourire charmeur et charmant, le regard clair, la voix grave, une diction parfaite et une amabilité naturelle, il reçoit chez lui comme il le fait sur les plateaux de télévision, en toute amitié. «On ne peut pas fabriquer un personnage, mentir deux fois par semaine. Les gens l’auraient vite remarqué». Georges est un peu le gendre rêvé, il a certainement des défauts qu’il cache bien et que sa belle-mère lui pardonne, le mari que toute femme aurait aimé avoir, il suffit de le demander à la sienne qui le confirme immédiatement, le grand frère protecteur ou… l’animateur idéal d’une émission de jeu télévisé. On dirait qu’il l’a toujours fait tant il est crédible à l’écran, avec son faux air de Jean-Pierre Foucault. Pourtant, animer un jeu télévisé n’était pas son fort. Lui-même n’y croyait pas vraiment ; un pari surprenant, presque perdu d’avance pour ce journaliste qui a fait ses premiers pas audiovisuels à Télé-Liban, dans les dernières belles années d’avant-guerre, en présentant alors le journal télévisé. «Personne ne pensait que je serais crédible dans une émission de jeu, et moi le premier». Le seul qui ait eu l’idée d’offrir à Georges l’animation de la fameuse émission Who wants to be a millionnaire ? (Qui veut gagner des millions ? ) qui fait un tabac en Europe, le seul qui a su que Georges serait la bonne personne à la bonne place, cheikh Walid al-Ibrahim, homme-clef de la chaîne MBC, voulait «quelqu’un qui soit calme et ferme en même temps, qui ait du sang-froid. Ce que je suis personnellement. Je suis un être qui tente de joindre la tendresse à l’autorité, je me veux d’être un homme juste. Tous ceux qui ont travaillé avec moi le confirmeront». La parole facile De nombreuses personnes l’ont en effet accompagné dans ses différentes pérégrinations professionnelles. Car le cœur de Georges a longtemps balancé entre le droit et la politique, entre la radio et la télévision. Entre le Liban, la France et l’Angleterre. En quelques trente ans d’une carrière diversifiée, il va flirter avec tous ces penchants, avant de se lier à la MBC. La presse écrite, et plus précisément Lisan el-Hal, sera la première à lui donner la parole, alors qu’il est encore un simple étudiant qui cherche ses mots et sa voie. Télé-Liban lui permettra ensuite de s’exprimer de vive voix, à travers son journal télévisé, avant qu’il ne parte pour Paris rejoindre les ondes de RMC et prêter sa même voix aux informations rédigées avec ses propres mots. Il y est nommé tour à tour secrétaire de rédaction, premier secrétaire de rédaction et, enfin, rédacteur en chef. «J’avais les données essentielles pour être un bon présentateur et un bon rédacteur, une maîtrise parfaite de la langue arabe, poursuit-il, en très bon français dans le texte, une bonne narration, une voix et une diction justes. RMC m’a permis de multiplier mes capacités». Pourtant, il la quittera en 1991 pour Radio-Orient où il devient directeur d’information. «C’était une très belle proposition. Et un défi que j’ai voulu relever. En trois ans, j’ai réussi à en faire une radio professionnelle». Amours intenses mais brèves, elles n’arriveront pas à retenir Georges qui s’envole pour Londres et intègre la chaîne télévisée câblée MBC, en tant que consultant. L’année suivante, en 1996, il devient directeur général de la radio MBC FM. Il posera pour la première fois la célèbre question Qui va gagner le million ? en décembre 2000 à de nombreux téléspectateurs avides et conquis. Depuis, il a juré fidélité à la chaîne qui l’a rendu célèbre au Liban et dans tout le Moyen-Orient. «Cette nouvelle expérience a été un véritable renversement dans ma vie. Un grand bonheur même si je mène un rythme d’enfer entre Beyrouth, Londres et à présent Le Caire». Ils vivent heureux. Sans doute auront-ils ensemble beaucoup d’enfants, car de nombreux programmes sont actuellement en gestation. «Le succès m’a rendu plus humble. Il est enveloppé par l’amour des téléspectateurs. Je dois leur rendre tout cet amour, car il vaut tous les millions de la terre !» Carla HENOUD