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Actualités - OPINION

Campagne de rumeurs dans les salons sur un changement de cabinet

Valse monotone à trois temps. Les chefs se disputent. Ils se réconcilient. Ils se brouillent derechef. De temps à autre, pour animer le tempo, l’orchestre (de chambre) se lance (de son propre chef ?) dans quelques mesures de java. En se jouant le refrain guilleret d’un printemps hors-saison. C’est-à-dire d’un changement sinon de pouvoir du moins de gouvernement. Fuite dissonante sans suite, les décideurs tapant vite de la baguette pour ramener leur petit monde à la raison. Et au petit train-train cahin-caha des zizanies, des rabibochages, des querelles et des arbitrages. Pour aller ainsi, dans un tranquille statu quo de diviser-pour-régner, jusqu’aux prochaines élections. Donc aujourd’hui, avec la résurgence du conflit Berry-Hariri, on est en plein dans l’une de ces phases où les salons bruissent de rumeurs sur une crise ministérielle rapprochée. Une pulsion récurrente incontournable, liée à la pléthore chronique de messieurs-les-dents-longues, entendre des ministrables. Tout comme, d’ailleurs, des pôles gloutons qui trouvent leur part du gâteau un peu trop mince. Sans compter certains ministres qualitativement frustrés, qui pensent mériter de plus lourds mille-feuilles, pardon, portefeuilles. Un peu plus légitimement peut-être, les parties politiques discriminées se remettent de leur côté à espérer une improbable rentrée, en grâce et au pouvoir. L’étrange dans tout cela reste que même les adversaires, ou les rivaux, de M. Rafic Hariri conviennent que dans la conjoncture présente il est inévitable de recourir à son autosuccession à la présidence du Conseil. Ce point étant soi-disant préréglé, les vraies revendications pointent le bout de leur nez. On entend ainsi des loyalistes du haut de panier (mais qui n’appartiennent pas à l’entourage de M. Émile Lahoud) affirmer qu’il faut renforcer le régime. Pour lui donner la possibilité de réguler une vie politique par trop instable à l’heure présente. Ces partisans d’une autorité agglomérée sous la houlette de Baabda évoquent la nécessité d’un «choc salutaire» ministériel. En affirmant que les Trente ne sont pas à la hauteur d’une situation régionale et internationale redoutable, pleine de menaces. Il faudrait à leur sens, afin de redonner confiance au pays, une équipe bien soudée, unie derrière un seul chef de file et d’État. De son côté, M. Walid Joumblatt, qui a rarement manifesté de la sympathie pour l’immobilisme, n’est pas trop content du cabinet. Il en critique, ouvertement et vertement, plusieurs membres. En imputant la dégradation générale, notamment sur le plan électrique socio-économique, à l’incurie de ces responsables. D’ailleurs, lors du dernier Conseil des ministres, le président Lahoud lui-même a tenu à rappeler au gouvernement certaines réalités qu’il a tendance à occulter. Ouvrant le dossier de l’électricité, le chef de l’État a souligné combien la population s’en plaint. Ajoutant que les Libanais veulent savoir, que c’est là l’un de leurs droits les plus élémentaires. Et concluant en exigeant du ministre concerné, M. Mohammed Abdel Hamid Beydoun, un rapport explicatif. Sans attendre d’éclairer, à défaut des foyers, le Conseil des ministres, l’intéressé s’est hâté comme on sait de se défausser sur l’ancienne direction de l’office. Qui d’ailleurs, sur son feu vert empressé, est maintenant convoquée en justice. Pour faire bonne mesure, M. Beydoun se dit cible d’une cabale multiforme. Bref, il se défend comme il peut, sans que techniquement la population en sache plus sur les raisons de la crise. Tout en restant fixée sur la générosité des gouvernants actuels qui, dès leur prise en charge, ont réclamé que l’on gomme l’ardoise des impayés, donc des profiteurs. Tout en reprochant à l’EDL de mal s’acquitter de sa mission de perception ! Quoi qu’il en soit, malgré les perturbations qui secouent plus d’un secteur officiel, les parties vraiment influentes ou les analystes lucides pensent que l’agitation actuelle sur le plan ministériel n’est qu’une diversion. Indépendamment même du fait, capital, que la vraie capitale ne souhaite pas de secousse politique sur la scène locale, ces personnalités observent placidement qu’il ne sert à rien de changer ou de remanier le personnel. Car si l’on ne corrige pas d’abord les mécanismes de décision, on continuerait à tourner en rond dans le même cercle vicieux. Autrement dit, sans un minimum de cohésion au sein du pouvoir, il n’y a pas de redressement à espérer. Il convient enfin de noter qu’en la présente occurrence, Baabda et Koraytem sont sur la même longueur d’onde. C’est-à-dire que, contrairement aux sympathisants du second rang précédemment cités, le premier cercle entourant le chef de l’État convient avec les haririens qu’une crise ministérielle est tout à fait hors de propos et de question. Surtout qu’il faut préparer le sommet arabe de mars. Cependant, et à toutes fins utiles, certains mentors comme les présidents Husseini, Hoss et Karamé tentent de trouver un terrain d’entente. Pour cristalliser autour d’eux une opposition parlementaire cohérente. De son côté, M. Élie Ferzli s’efforce de former un groupe critique sinon carrément opposant, avec MM. Sleiman Frangié, Élie Skaff et Farès Boueiz. Ces projets sont encore à l’état embryonnaire. Et ne devraient commencer à donner des résultats, s’ils aboutissent, qu’au printemps ou en été. Mais, de leur côté, des ministres comme MM. Élias Murr, Georges Frem, Khalil Hraoui, Jean-Louis Cardahi travaillent à un resserrement des liens avec les haririens. Quant à l’hôte de Koraytem, il souhaite, pour plus de sûreté, s’assurer également de la neutralité bienveillante de Aïn el-Tiné. Et renouer, si possible, son alliance avec Moukhtara. Pour mieux consolider les assises de son gouvernement. Tel qu’en lui-même l’éternité le change. Philippe ABI-AKL
Valse monotone à trois temps. Les chefs se disputent. Ils se réconcilient. Ils se brouillent derechef. De temps à autre, pour animer le tempo, l’orchestre (de chambre) se lance (de son propre chef ?) dans quelques mesures de java. En se jouant le refrain guilleret d’un printemps hors-saison. C’est-à-dire d’un changement sinon de pouvoir du moins de gouvernement. Fuite...