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Actualités - CHRONOLOGIE

Palais de Baabda - Les vœux du Nouvel An des membres du corps diplomatique Lahoud invite la communauté internationale à une « révision globale » de la conjoncture au P-O « Sans une participation à la vie publique, le citoyen risque de recourir à des idéologies trompeuses », affirme le nonce aposto

La cérémonie traditionnelle au cours de laquelle les membres du corps diplomatique présentent leurs vœux du Nouvel An au chef de l’État a été l’occasion hier pour le président Émile Lahoud de rappeler les principes qui dictent la position du Liban depuis le 11 septembre dernier, à la lumière, notamment, de la guerre menée contre le terrorisme international. Le chef de l’État a ainsi souligné la nécessité de définir de manière claire le terrorisme, affirmant que le refus d’Israël d’appliquer les résolutions internationales crée au sein de l’opinion publique arabe «un sentiment de frustration et d’injustice causé par la politique de deux poids deux mesures, qui fait fi du terrorisme d’État pratiqué par Israël». Le président Lahoud a invité la communauté internationale à procéder à «une révision globale» de la conjoncture présente dans la région «dans le but d’éviter une escalade». Pour sa part, le nonce apostolique, Mgr Luigi Gatti, doyen du corps diplomatique, a déclaré que «sans justice et pardon, il ne saurait y avoir de paix, ni au niveau national ni au niveau international». «Sans participation à la chose publique, a ajouté Mgr Gatti, le citoyen risque de recourir aux idéologies trompeuses». C’est en fin de matinée que la cérémonie a eu lieu au palais présidentiel, en présence du ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, du secrétaire général du palais Bustros, Zouheir Hamdane, et des diplomates accrédités à Beyrouth. Des représentants de la Finul et des organisations internationales en poste au Liban ont également assisté à la cérémonie. Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits des discours du président Lahoud et du nonce apostolique. Après avoir transmis ses vœux au pape Jean-Paul II ainsi qu’aux rois et chefs d’État étrangers, le président Lahoud a notamment déclaré : «Nous nous retrouvons aujourd’hui après une année chargée de perturbations sur le plan régional et international et qui a été marquée par les événements tragiques du 11 septembre que toute la communauté internationale a condamnés, faisant ainsi bloc face au terrorisme. «Le Liban a été parmi les premiers pays à condamner le terrorisme sous toutes ses formes, appelant à définir de manière claire le terrorisme et à ne pas le confondre avec le droit légitime des peuples à lutter contre l’occupation. «L’occupation par Israël des territoires arabes, son refus d’appliquer les résolutions des Nations unies et son insistance à poursuivre cette politique – qui malheureusement reçoit le soutien de plusieurs pays – bloquent le processus de paix au Proche-Orient et créent au sein de l’opinion publique arabe un sentiment de frustration et d’injustice causé par la politique des deux poids deux mesures qui fait fi du terrorisme d’État exercé par Israël et qui qualifie la résistance à l’occupation israélienne de terrorisme». Et le chef de l’État d’ajouter : «L’absence d’une paix juste et globale basée sur l’application des résolutions 425, 242 et 338 des Nations unies portant précisément sur le retrait des territoires arabes occupés ainsi que le droit au retour du peuple palestinien restera source d’instabilité dans la région et dans le monde. «Il est nécessaire que la communauté internationale procède à une révision globale de cette situation dans le but d’éviter l’escalade, surtout après les événements du 11 septembre ; et alors qu’Israël tente de camoufler son occupation en adhérant à la vague antiterroriste, en invitant certains pays à suivre une logique dangereuse qui vise à accroître la pression exercée sur la position arabe, provoquant une confrontation entre l’Occident d’une part, les Arabes et les musulmans d’autre part, attisant ainsi les sentiments de haine des deux côtés. «Dans ce cas, personne ne sera à l’abri du danger, mais il ne faut cependant pas qu’Israël croie que cette politique mènera à sa stabilité et défendra indéfiniment son occupation des territoires arabes. «L’importante évolution qu’a connue le XXe siècle a transformé le monde en un village, dans lequel l’impact d’un événement survenant dans une région suscite des répercussions un peu partout dans le monde». Et le président Lahoud de conclure : «Le Liban espère des États que vous représentez un rôle qui mènerait à trouver une solution rapide et juste à la crise du Moyen-Orient, cette crise restant source d’instabilité sur le plan international et régional tant qu’on ne lui aura pas trouvé de dénouement dans le cadre du droit, de la justice et des résolutions internationales. «Je termine en vous adressant les remerciements du Liban et de son peuple, plus particulièrement aux pays amis et frères qui manifestent une compréhension et une sympathie à notre égard et qui soutiennent le Liban dans sa position et l’appuient dans ses efforts afin de surmonter ses difficultés et développer ses capacités lui permettant ainsi de résoudre les problèmes économiques et de reconstruction. «Je vous assure de la volonté du Liban de renforcer ses relations avec vos États, et je saisis une fois de plus cette occasion du Nouvel An pour adresser les meilleurs vœux à vos pays et à vos peuples, leur souhaitant la stabilité et la prospérité». Le discours du nonce apostolique De son côté, le nonce apostolique a déclaré : (...) «Depuis la fin de la guerre froide, des voix diverses ont annoncé tour à tour “la fin de l’histoire”, “le choc des civilisations” et “un nouvel ordre mondial”. La communauté internationale est, depuis, à la recherche d’un nouvel équilibre pacifique et juste pour remplacer l’équilibre de la terreur et des blocs. Les événements dramatiques qui se succèdent depuis le 11 septembre rendent cette recherche plus urgente et plus indispensable que jamais, si nous ne voulons pas être prisonniers de la violence fanatique et aveugle ou de la loi du plus fort, déguisée sous les apparences d’un libéralisme qui ne tient compte que des intérêts d’une minorité. «Pour des raisons historiques, religieuses, culturelles, géopolitiques et économiques, la région du Moyen-Orient est au centre de cette recherche. Elle risque même de glisser ou de sombrer dans une instabilité chronique qui pousserait un certain nombre de personnes à la frustration et au désespoir. Le sentiment d’injustice et la déception des espoirs légitimes d’autodétermination, de liberté, de respect de la dignité de la personne sont parmi les causes des crises profondes qui affectent non seulement la région, mais aussi le reste du monde, de plus en plus globalisé et interdépendant, pour le bien comme pour le pire. C’est pourquoi nous aspirons tous à la justice, qui est cette complète harmonie entre Dieu, l’homme et le monde que la Bible décrit comme le Paradis. Et “se souvenant des erreurs du passé, y compris du passé récent, dit le Saint- Père, tous les croyants doivent unir leurs efforts, afin que jamais Dieu ne soit pris en otage par les ambitions des hommes. La haine, le fanatisme et le terrorisme profanent le nom de Dieu et défigurent l’image authentique de l’homme” (Osservatore Romano, hebdomadaire en langue française, n° 40, 2 octobre 2001, page 6). «Face à tous ces défis de désordre qui menacent le monde entier, nous sommes tous invités, “chrétiens et musulmans, avec les croyants des autres religions et les personnes de bonne volonté, à protéger les grandes valeurs humaines, menacées par un monde en continuelle mutation. Il s’agit du droit à la vie, de la dignité de la personne humaine et des droits qui en découlent, de la justice sociale, la paix et la liberté, qui sont des valeurs majeures nécessaires à une vie digne de l’homme, une vie qui rend gloire à Dieu qui l’a créée” (cf. cardinal Françis Arinze, Message pour la fin du Ramadan Id Al-Fitr 1422 AH/2001 AD 4 et 5)». Et Mgr Gatti d’ajouter : «Nous sommes tous appelés à instaurer la paix mondiale. En disant cela, je me permets de rappeler les paroles du pape Paul VI aux Nations unies : “...Nous avons conscience de faire nôtre aussi bien la voix des morts que celle des vivants. Des morts tombés dans les terribles guerres du passé en rêvant à la concorde et à la paix du monde ; des vivants qui y ont survécu, et qui condamnent d’avance dans leurs cœurs ceux qui tenteraient de les renouveler ; d’autres vivants encore : les jeunes générations d’aujourd’hui, qui s’avancent confiantes, attendant à bon droit une humanité meilleure. Nous faisons nôtre aussi la voix des pauvres, des déshérités, des malheureux, de ceux qui aspirent à la justice, à la dignité de vivre, à la liberté, au bien-être et au progrès. Les peuples se tournent vers les Nations unies comme vers l’ultime espoir de la concorde et de la paix. Nous osons apporter ici, avec le nôtre, leur tribut d’honneur et d’espérance...» (Discours du pape Paul VI à l’Organisation des Nations unies, 4 octobre 1965). «Ces attentes ainsi que ces aspirations, chacun de nous le sait bien, sont les vôtres, Monsieur le Président, et vous en êtes pleinement conscient. Vos efforts pour construire le nouveau Liban sur les fondements solides de la liberté, de la paix, de la justice et de la réconciliation sont la garantie de la stabilité et de la prospérité de son avenir. «Dans le contexte international actuel, Le Liban, riche de son expérience rare de convivialité et de respect de la différence, peut jouer un rôle important. Pendant des années, il a fait l’expérience de la guerre et de la violence avec leur cortège de peur et de sentiment profond de la vulnérabilité de chacun et de tous. S’il a su retrouver le chemin difficile et long de la paix, c’est parce que les Libanais, dans la diversité de leurs communautés, ont réalisé, après avoir payé le prix le plus fort sur le plan humain, politique et économique... qu’il n’y a pas de paix sans justice et qu’il n’y pas de justice sans pardon. C’est là que pourrait résider l’exemple libanais pour le reste du monde surtout pour le Moyen-Orient». Et de conclure : «Sans justice et pardon, il n’y a pas de paix ni au niveau national ni au niveau international. Sans liberté, sans participation à la chose publique, nationale et internationale, le citoyen d’un pays ou le membre de la communauté internationale court le risque de recourir aux idéologies trompeuses qui prônent la violence comme seul moyen de changement et de libération. «Pour sortir des périodes de conflits sanglants et de crises profondes, il faut un processus de guérison en profondeur des blessures qui ont ensanglanté les esprits et les corps. Pour cette guérison, la justice et le pardon sont tous les deux essentiels. «Je voudrais enfin citer un extrait du message du pape Jean-Paul II pour la Journée mondiale de la paix de 2002 : “On ne rétablit pleinement l’ordre brisé qu’en harmonisant entre eux la justice et le pardon. Les piliers de la véritable paix sont la justice et cette forme particulière de l’amour qu’est le pardon (Message du pape Jean-Paul II à l’occasion de la Journée mondiale de la paix 2002, 2)”». Le corps consulaire En fin de matinée, le président Lahoud devait recevoir, également, à l’occasion du Nouvel An, les membres du corps consulaire. Le président du corps consulaire, M. Joseph Habis, a prononcé une allocution de circonstance dans laquelle il a évoqué les efforts déployés par le chef de l’État pour «réédifier l’État, préserver l’unité nationale et renforcer les relations internationales du Liban». M. Habis a d’autre part déclaré que «le Liban a une petite superficie géographique et un nombre restreint d’habitants, mais le Libanais, aussi bien dans sa mère patrie que dans les pays d’émigration, se démarque des autres ressortissants». Pour sa part, le chef de l’État a rappelé la position du Liban concernant le terrorisme et les conséquences des attentats du 11 septembre.
La cérémonie traditionnelle au cours de laquelle les membres du corps diplomatique présentent leurs vœux du Nouvel An au chef de l’État a été l’occasion hier pour le président Émile Lahoud de rappeler les principes qui dictent la position du Liban depuis le 11 septembre dernier, à la lumière, notamment, de la guerre menée contre le terrorisme international. Le chef de...