NOUVEAUTÉ - Un DVD de Rabih Abou Khalil, « The Cactus of Knowledge » - Qui s’y frotte s’y pique

Eh oui, qui s’y frotte s’y pique. Le Cactus of Knowledge de Rabih Abou Khalil vient de paraître en DVD. Installé à Munich depuis 1978, ce musicien libanais est l’un des rares musiciens arabes à avoir acquis une excellente réputation dans le milieu du jazz. Il faut dire qu’il s’entoure de collègues inventifs : Michel Godard, Vincent Courtois, Antonio Hart, Dave Bargeron et d’autres, tous rompus à la création en collectif. Oud en main, Rabih Abou Khalil dirige ses swinguantes mélopées, tout en cuivres et en percussions. Accrochez-vous, car ce DVD démarre en cavalcade et ne ralentit que pour mieux envoûter son spectateur-auditeur. Rabih Abou Khalil présente donc un film autour de son quintet dans l’intimité de l’enregistrement en studio de son nouvel album. Six morceaux de musiques sont entrecoupés d’interviews avec ses musiciens et, finalement, avec le oudiste. Deux bonus tracks : Lewinsky March enregistré live et un Behind the scenes (regard en coulisses) édifiant. Son directeur photo n’est autre que le directeur photo de Wim Wenders dans Buena Vista Social Club, un autre film qui retrace l’enregistrement d’un album devenu culte. Inutile de préciser que le format DVD permet une haute qualité d’image et de son. Car Rabih Abou Khalil est toujours à la quête du parfait. Et l’Allemagne, une véritable terre d’accueil pour lui, est bien connue pour ses techniciens hautement qualifiés dans le domaine du son et de l’image. Rabih Abou Khalil compose des partitions qui paraissent à première vue impossibles à jouer. «Est-ce une blague ?», s’étaient demandés les musiciens en voyant le papier à musique. Mais après avoir rencontré et joué avec le maître, ils ont changé d’avis. Ils le considèrent désormais comme un visionnaire. Témoignages : «Dans la plupart des musiques traditionnelles, on a un rythme bien défini. Mais Rabih, lui, change de rythme après quelques mesures. C’est comme cela qu’il crée de longues mélodies fluides tout au long de leurs compositions, en changeant constamment de rythme». Ces 82 minutes en sa compagnie et celle de ses musiciens nous permettent de saisir la grande vivacité d’esprit et le grand sens de l’humour de cet homme, comme lors de la présentation de ses musiciens par exemple, notamment ce violoncelliste français (Vincent Courtois) qui n’était initialement là que pour porter les valises de son compatriote Michel Godard (joueur de tuba) mais qui a finalement dû apprendre un instrument, le violoncelle, pour se distraire ! Ou alors l’histoire de la fraise à la crème fraîche pour évoquer la douceur de la vie. Une méthode intelligente de sa part pour «casser» le trop sérieux de sa musique complexe, et une manière charmante de rappeler l’aspect «divertissant» de la musique. Le plaisir de ce DVD est double. Outre la belle qualité d’image et de son, c’est la meilleure façon de (mieux) connaître l’œuvre, la personnalité et les rêves de ce musicien libanais.