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Actualités - CHRONOLOGIES

La création d’un État kurde réveille les vieilles hantises d’Ankara

Les rumeurs et les informations qui circulent sur le prochain pays qui serait frappé par les États-Unis dans le cadre de leur lutte antiterroriste après la déroute des talibans en Afghanistan a ranimé en Turquie une vieille hantise: la création à sa frontière sud d’un État kurde. Le spectre d’un éclatement de l’Irak, suite à une confrontation armée avec les États-Unis, est revenu sur le devant de la scène en Turquie et les dirigeants militaires et civils se pressent ces derniers jours pour faire des déclarations exprimant leur opposition à une telle éventualité. «La Turquie accorde une grande importance à l’intégrité territoriale de l’Irak et à la protection de son unité nationale», a déclaré le président turc, Ahmet Necdet Sezer, lors d’une conférence de presse avec l’émir du Qatar Hamad ben Khalifa al-Thani. M. Sezer a cependant appelé Bagdad à coopérer avec l’Onu et la communauté internationale afin de mettre un terme aux «souffrances» de son peuple. La puissante armée turque a, de son côté, mis en garde par la voix de son chef d’état-major, le général Hüseyin Kivrikoglu, contre une extension de la campagne antiterroriste des États-Unis à l’Irak qui «peut provoquer la création d’un État kurde indépendant». La Turquie ne veut à aucun prix d’un État kurde dans le nord de l’Irak voisin, contrôlé depuis la fin de la guerre du Golfe en 1991 par deux factions kurdes rivales. Un tel État risquerait, selon elle, de stimuler les velléités séparatistes des Kurdes de Turquie, alors qu’Ankara a lutté pendant 15 ans contre la rébellion armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Cette hantise turque repose sur une tentative en ce sens sous le parrainage des Occidentaux, remontant au début du siècle et qui a figuré dans le traité de Sèvres, signé en 1920 entre les puissances alliées victorieuses et l’empire ottoman. Ce texte, qui a traumatisé les Turcs, consacrait le démembrement de l’empire et prévoyait la création à terme d’un Kurdistan indépendant. Celui-ci ne devait jamais voir le jour, le traité de Sèvres ayant été annulé et remplacé par celui de Lausanne en 1923, après la victoire sur la Grèce de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque. Lausanne ne prévoyait plus la naissance d’un État kurde. «Ce n’est pas une coïncidence si les autorités turques font des déclarations sur l’Irak ces jours-ci, le sujet sera évoqué lors de la visite du Premier ministre (Bülent) Ecevit» à Washington en janvier, souligne un diplomate turc sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, même si «tout le monde ne partage par les craintes de la classe politique, un démembrement de l’Irak ne peut qu’amener des ennuis pour la Turquie et la stabilité régionale». Un État kurde qui serait créé dans le nord de l’Irak ne serait pas viable car il serait asphyxié par la Turquie, la Syrie et l’administration de Bagdad, estiment d’ailleurs généralement les observateurs. Les Turcs sont en outre aujourd’hui conscients qu’une action militaire contre l’Irak ne peut que porter un coup dur à leur économie déjà en pleine crise. Ainsi, le chef de l’organisation patronale turque Tüsiad, Tuncay Ozilhan, s’est déclaré opposé à des frappes qui nuiraient à l’économie turque. «Une opération militaire mettrait la Turquie dans une position difficile», a-t-il mis en garde. La Turquie, qui a renoué des relations commerciales avec l’Irak, avait participé à la coalition alliée de la guerre du Golfe en 1991. Elle estime que l’embargo imposé par l’Onu lui a fait depuis perdre plus de 35 milliards de dollars.
Les rumeurs et les informations qui circulent sur le prochain pays qui serait frappé par les États-Unis dans le cadre de leur lutte antiterroriste après la déroute des talibans en Afghanistan a ranimé en Turquie une vieille hantise: la création à sa frontière sud d’un État kurde. Le spectre d’un éclatement de l’Irak, suite à une confrontation armée avec les...