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Actualités - CHRONOLOGIES

Administration - Les nominations suscitent un tollé dans les milieux parlementaires - Tiraillements entre Berry et Hariri - pour le contrôle de la CNSS

Le premier train de nominations administratives rendu public mardi au terme d’un Conseil des ministres extraordinaire a provoqué de vifs remous au cours des dernières vingt-quatre heures. La satisfaction exprimée dans les cercles proches du pouvoir est éclipsée, d’une part, par les tiraillements apparus à ce propos entre le chef du Législatif, Nabih Berry, et le Premier ministre Rafic Hariri, et, d’autre part, par le véritable tollé qui a éclaté au grand jour dans divers milieux parlementaires, notamment parmi les députés et anciens députés de la circonscription du Kesrouan-Jbeil qui se sont élevés contre le fait que leur région ait été totalement écartée des dernières nominations et permutations. Le différend entre MM. Berry et Hariri porte essentiellement sur la nomination d’un nouveau directeur général de la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS). Ce poste revient à la communauté chiite et à ce titre, le chef du Législatif (et leader du mouvement Amal) insiste pour obtenir la désignation de l’un de ses «poulains», en l’occurrence M. Issa Haraké (l’un des responsables d’Amal) ou M. Ahmed el-Jaché. Le chef du gouvernement s’oppose fermement à la requête du chef du Législatif et insiste pour que l’un de ses plus proches conseillers, M. Ghazi Youssef, soit nommé à la tête de la CNSS. Les détracteurs de M. Hariri expriment toutefois des réserves à ce sujet, estimant que si le Premier ministre parvient à contrôler de la sorte la CNSS, il risquerait ainsi d’avoir la haute main sur les intérêts de la classe ouvrière. MM. Berry et Hariri campant sur leurs positions respectives, le Conseil des ministres réuni mardi n’a pas tranché la question et a reporté la décision à la séance ordinaire du cabinet prévue pour aujourd’hui. Le pouvoir a voulu se donner ainsi un laps de temps supplémentaire de quarante-huit heures pour tenter de régler les divergences entre le président de la Chambre et le chef du gouvernement. Tractations nocturnes Cette question, et plus particulièrement le dossier de la CNSS, a été au centre de l’entretien hebdomadaire que M. Berry a eu hier matin avec le président Émile Lahoud au palais de Baabda. Le chef du Législatif s’est abstenu de toute déclaration à l’issue de l’entrevue et pour éviter d’évoquer publiquement la question, il a annulé à la dernière minute la rencontre qu’il tient chaque mercredi avec les députés, place de l’Étoile. M. Berry a même quitté le Parlement d’une manière précipitée afin de ne pas rencontrer de journalistes. Parallèlement à l’entretien entre le président Lahoud et M. Berry, des tractations se sont poursuivies jusqu’à une heure avancée de la nuit afin d’aplanir les obstacles qui se dressent encore sur la voie des nominations qui devraient être approuvées aujourd’hui. Les contacts étaient menés plus particulièrement par les ministres Mohammed Abdel Hamid Beydoun, Marwan Hamadé et Abdel Rahim Mrad. Outre le poste de directeur général de la CNSS, des divergences subsistaient encore hier soir au sujet de certains postes de première catégorie appelés à être pourvus ce matin. M. Hariri s’oppose ainsi à la désignation de M. Nagi Abi Assi au poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, estimant que cette fonction ne devrait pas être assumée par un chrétien. Cet argument est toutefois rejeté par certains milieux politiques qui rappellent que le secrétaire général du palais Bustros a été constamment chrétien jusqu’au début du mandat du président Élias Hraoui. En tout état de cause, la réunion du Conseil des ministres d’aujourd’hui devrait être consacrée, comme annoncé mardi, à la nomination de directeurs généraux hors cadre pour le ministère de la Santé, le palais Bustros, la CNSS, en sus de certains conseils d’administration. L’approche suivie dans les nominations a été commentée hier par le président Lahoud lors d’une rencontre avec les responsables de l’université des Antonins. «L’administration saine et efficace accroît la confiance dans l’État de droit et dans les institutions étatiques, a notamment déclaré le chef de l’État. L’administration ne saurait être redressée uniquement par des textes et des lois, mais surtout par le comportement quotidien de fonctionnaires capables, expérimentés et sincères, appelés à œuvrer dans l’intérêt de l’État et non d’une quelconque fraction ». Et le président Lahoud d’ajouter : «Les organismes de contrôle ont un rôle essentiel à jouer afin de pousser les responsables de l’administration publique à être à la hauteur des espérances des Libanais». La grogne des députés du Kesrouan-Jbeil Il reste que les nominations de mardi ont suscité un tollé dans plusieurs cercles parlementaires. Les députés du Kesrouan-Jbeil se sont notamment élevés contre le fait que leur région avait été totalement écartée de ce train de nominations. Dénonçant le clientélisme qui a marqué, selon lui, les désignations, M. Farès Boueiz a souligné que le pouvoir semble avoir considéré qu’aucun cadre compétent n’existe au Kesrouan et à Jbeil alors qu’il est de notoriété publique que cette région constitue «un réservoir important au niveau des cadres supérieurs». Même son de cloche chez M. Farès Souheid, député de Jbeil, qui a lui aussi déploré le fait que les droits du Kesrouan et de Jbeil n’aient pas été pris en considération dans les nominations. M. Nehmetallah Abi Nasr, député du Kesrouan, a souligné que les régions du Kesrouan et de Jbeil ont été écartées des nominations en dépit du fait qu’elles comptent parmi leurs habitants de nombreux responsables intègres, qui sont aptes à assumer de hautes charges au sein de l’administration publique. L’ancien député du Kesrouan, M. Camille Ziadé, a exprimé un point de vue analogue, déplorant le fait que la région du Kesrouan et de Jbeil ait payé le prix du clientélisme et du partage du gâteau entre les pôles du pouvoir. M. Nassib Lahoud, député du Metn-Nord et président du Rassemblement du renouveau démocratique, a souligné de son côté que le partage du gâteau entre les pôles du pouvoir, tel qu’il s’est manifesté lors des nominations, constitue «l’un des principaux obstacles sur la voie de la réforme administrative». M. Georges Kassargi, député de Zahlé, a déclaré pour sa part que les dernières désignations n’ont été équitables que dans la répartition des postes entre la troïka du pouvoir. «Ces nominations, a-t-il affirmé, n’ont fait que permettre à ceux qui exploitent l’administration de poursuivre leur action néfaste». Le parti Tachnag, quant à lui, a souligné que les nominations ont constitué une «initiative positive», mais il a déploré le fait que les droits de la communauté arménienne, «tels que définis dans l’accord de Taëf», n’aient pas été pris en considération. Enfin, M. Fayez Ghosn, député du Koura, a déclaré que les dernières nominations sont en totale contradiction avec les critères de compétence qui devraient en principe marquer les désignations et les permutations administratives.
Le premier train de nominations administratives rendu public mardi au terme d’un Conseil des ministres extraordinaire a provoqué de vifs remous au cours des dernières vingt-quatre heures. La satisfaction exprimée dans les cercles proches du pouvoir est éclipsée, d’une part, par les tiraillements apparus à ce propos entre le chef du Législatif, Nabih Berry, et le Premier...