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Actualités - CHRONOLOGIES

« Les forces britanniques sont désormais salies par des crimes de guerre », estime Robert Fisk - Questions autour de la répression de la mutinerie de Qalae-Jangi

La répression de la mutinerie de Qalae-Jangi, en Afghanistan, suscite de nombreuses questions sur les circonstances de la mort de plusieurs centaines de combattants, comme sur la responsabilité britannique et américaine dans la tuerie, selon des juristes. L’organisation de défense des droits de l’homme, Amnesty International, a demandé une enquête, un appel relayé par plusieurs hommes politiques britanniques, mais auquel ni Londres ni Washington n’ont pour l’instant répondu. Selon l’Alliance du Nord, les combats ont été déclenchés par la rébellion dimanche de plusieurs centaines de combattants étrangers protalibans, emprisonnés dans le fort de Qalae-Jangi après leur reddition de leur bastion de Kunduz (nord de l’Afghanistan). Après leur reddition, les prisonniers ont acquis ou conservé des armes qu’ils ont utilisées, justifiant la répression par les forces de l’Alliance, selon cette dernière, et les bombardements d’avions américains AC130. L’Alliance du Nord a repris mercredi le contrôle de la forteresse à l’issue de combats qui ont fait au moins 450 morts. Telle quelle, cette version pose déjà de graves questions au regard du droit international, soulignent des experts à Londres. «Une enquête doit de toute urgence examiner ce qui a provoqué ce violent incident, y compris toute défaillance dans la détention des prisonniers, et également la proportionnalité de la réaction du Front uni (Alliance du Nord) et des forces américaines et britanniques», affirme Amnesty International. L’article 51 du protocole A de la convention de Genève sur le droit de la guerre (1949) bannit explicitement toute attaque «indiscriminée», relève-t-on à Amnesty. Le statut des prisonniers Plus complexe, la question de savoir si les volontaires étrangers devaient être considérés comme des prisonniers – et donc traités le plus «humainement» possible – ou comme des combattants, si au moins une partie d’entre eux avait repris les armes. «Il y a bien sûr beaucoup d’interrogations légales sur le statut des gens qui étaient dans le fort», souligne Kamel Samari, porte-parole d’Amnesty. Mais pour le juriste britannique Sadiq Khan, cité par le quotidien Guardian, «il ne fait aucun doute que les droits de l’homme des prisonniers ont été violés». Ces interrogations ont été balayées par un porte-parole de la «coalition internationale contre le terrorisme» à Islamabad, l’Américain Kenton Keith. «Ce n’était pas un massacre, c’était une bataille rangée», selon ce porte-parole, pour qui les combattants protalibans «n’ont pas fait de quartier» non plus. Le débat juridique recouvre une question plus gênante : l’Alliance du Nord, les États-Unis et la Grande-Bretagne n’avaient-ils pas intérêt à la mort de ces volontaires protalibans, qu’on ne voulait pour rien au monde laisser libres, mais dont le procès aurait été à peu près impossible à organiser ? «Il est tellement plus commode qu’ils soient morts, victimes, comme le veut la version officielle, de leur propre désir d’accéder au statut de martyr», écrit jeudi Isabel Hilton dans un éditorial du Guardian. La journaliste se demande si les volontaires protalibans «n’ont pas été emmenés dans la forteresse comme dans un piège, puis incités à se rebeller une fois qu’ils ont compris que les promesses qui leur avaient été faites (lors de leur reddition à Kunduz) étaient creuses». Quoi qu’il en soit, les États-Unis et la Grande-Bretagne portent la même responsabilité que l’Alliance du Nord, pour avoir envoyé des soldats coordonner la répression de la mutinerie, selon les experts. Responsabilité morale, selon le journaliste de guerre britannique Robert Fisk, pour qui «les forces britanniques sont désormais salies par des crimes de guerre». Responsabilité juridique, insiste Amnesty International, qui rappelle que chaque pays est responsable du comportement de ses forces armées (article 91 du protocole A de la convention de Genève).
La répression de la mutinerie de Qalae-Jangi, en Afghanistan, suscite de nombreuses questions sur les circonstances de la mort de plusieurs centaines de combattants, comme sur la responsabilité britannique et américaine dans la tuerie, selon des juristes. L’organisation de défense des droits de l’homme, Amnesty International, a demandé une enquête, un appel relayé par plusieurs hommes...