Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Condoleezza Rice fut la directrice de Chevron, leader dans la prospection pétrolière au Kazakhstan, le « Nouveau Koweït » - L’ombre de l’or noir plane - sur le conflit

Le transit du pétrole et du gaz de l’Asie centrale par l’Afghanistan de l’après-talibans constitue l’un des enjeux d’une sourde lutte de pouvoir que se livrent les grands voisins de Kaboul pour l’hégémonie régionale, sous l’influence des États-Unis et de la Russie. Pour contourner l’Iran, pays avec lequel Washington n’est pas censé commercer au regard de sa législation, l’Afghanistan est la principale voie de passage du gaz et de l’or noir de la région de la Caspienne (Turkménistan, Kazakhstan, Ouzbékistan) vers l’océan Indien et donc le marché mondial. Un projet de gazoduc afghan reliant le Turkménistan au Pakistan a été à l’étude jusqu’à fin 1998, avant d’être mis en sommeil par le retrait de la compagnie américaine Unocal qui en était à l’origine. Pour le journaliste pakistanais Ahmed Rashid, auteur l’an dernier de L’ombre des talibans, la diplomatie américaine a soutenu la prise de pouvoir de la milice islamiste en 1996 pour favoriser les groupes pétroliers américains. Dans La vérité interdite, qui vient de paraître, deux Français proches des milieux du renseignement établissent un lien entre la reprise de négociations américano-talibanes en 2001 et l’impressionnant lobby pétrolier entourant le nouveau président George W. Bush. Ils présentent par exemple la compagnie américaine Chevron, dont la conseillère de Bush pour la sécurité Condoleezza Rice fut la directrice de 1991 à 2000, comme «un acteur majeur» de la prospection pétrolière au Kazakhstan, qualifié par des experts de «Nouveau Koweït». Réserves équivalentes à celles de la mer du Nord Influencée par les États-Unis, alliés du Pakistan mais hostiles à l’Iran, l’Asie centrale serait le champ d’un «nouveau grand jeu» aux relents d’or noir, succédant au «grand jeu» mené par le Royaume-Uni et la Russie dans la région au XIXe siècle. Cette lutte oppose un pôle russo-irano-indien au camp américano-pakistanais, avec, en arrière-plan, l’Arabie séoudite et la Chine. «Nos relations avec l’Iran (...) sont excellentes et se sont renforcées, à l’inverse de celles avec le Pakistan, ami des talibans, qui cherche à accroître son influence en Asie centrale et s’intéresse au gaz du Turkménistan», a déclaré la semaine dernière l’ambassadeur de l’Alliance du Nord à Téhéran, Mohammad Khairkah, dont le mouvement vient de reprendre Kaboul. «Les Iraniens ne sont pas enclins à stabiliser l’Afghanistan sous quelque régime que ce soit, car cela permettrait d’y construire un oléoduc», a jugé de son côté l’analyste politique pakistanais M.A. Niazi. Cette lutte d’influence est telle que Jacques Attali, ancien conseiller du président français François Mitterrand, prévoit «la nécessité d’un Yalta entre les puissances de la région sur le plan énergétique», c’est-à-dire une répartition des zones de transit et des quantités produites. Des experts nuancent cependant cette analyse. «Je ne crois pas que le pétrole soit vraiment un enjeu», estime Julian Lee du Center for Global Energy Studies (CGES) de Londres, jugeant exorbitant le coût d’oléoducs en Afghanistan. «Certes, les Américains cherchent à ouvrir des voies, mais les réserves autour de la Caspienne ne sont pas énormes, elles équivalent à celles de la mer du Nord. Pas de quoi minimiser l’influence des pays du Golfe», renchérit l’économiste Jean-Pierre Favennec, de l’Institut français du pétrole.
Le transit du pétrole et du gaz de l’Asie centrale par l’Afghanistan de l’après-talibans constitue l’un des enjeux d’une sourde lutte de pouvoir que se livrent les grands voisins de Kaboul pour l’hégémonie régionale, sous l’influence des États-Unis et de la Russie. Pour contourner l’Iran, pays avec lequel Washington n’est pas censé commercer au regard de sa législation,...