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Actualités - OPINIONS

REDRESSEMENT - Tout passe par une bonne Administration - La réforme, un défi que l’État - soutient pouvoir relever

C’est clair, net et précis : le redressement économique nécessite une Administration à la hauteur. Or elle est loin de l’être, et le public s’en plaint à juste titre. Ce constat laconique et sévère a été souligné comme on sait par le chef de l’État lors de l’audience accordée à une délégation de la CGTL conduite par M. Ghassan Ghosn. La réforme est donc un défi que l’État veut à tout prix relever. Mais il ne peut réussir, a rappelé le président Lahoud, que si le secteur privé, la société civile lui apportent une pleine coopération, «car on ne peut applaudir d’une seule main». Pour ce qui est du domaine économique proprement dit, on prête au régime l’intention de proposer, après le budget, un plan élaboré par des spécialistes. Cependant, pour le moment, c’est surtout de l’Administration que l’on parle. Pour rappeler qu’avec le système traditionnel libanais, nettement aggravé par le Taëf tronqué que l’on a mis en place, la réhabilitation du service public s’assimile à un casse-tête chinois. Elle se trouve en fait, c’est bien connu, conditionnée par une épuration effective des mœurs socio-politiques. Des us apparemment ineffaçables, qui permettent au clientélisme et à la corruption de prospérer comme la vermine sur un tas d’humus, pour ne pas dire de fumier. Il faut bien, cependant, commencer quelque part. Aussi les autorités comptent-elles entamer l’opération de nettoyage …à rebours. C’est-à-dire en procédant à des nominations, ou même peut-être à des recrutements, au lieu de saquer du personnel parasitaire. À dire vrai, cette approche est moins bizarre qu’il n’y paraît à première vue. Car dans l’état actuel des choses, l’Administration fonctionne mal, au double sens du terme. C’est-à-dire qu’outre les défauts dont elle se trouve affligée, elle manque sinon de bras du moins de têtes. On sait en effet qu’il existe plus d’une trentaine de postes-clés qui sont vacants et qu’il faut y pourvoir, pour voir si la machine est réformable. Ou tout entière à jeter à la casse, ce qui est aussi souhaitable sans doute que malencontreusement impossible. Mais même cet objectif limité se heurte, comme de bien entendu, à l’obstacle du système politique. Dans ce sens qu’il a fallu des mois et des mois pour que les officiels parviennent à accorder leurs violons sur le B.A.-BA du métier, à savoir ce que l’on appelle pompeusement les mécanismes, le modus operandi des nominations. Rien que pour cela, que de tractations, que de marchandages, que de médiations d’amis communs. Alors, il n’est pas difficile d’imaginer que lorsqu’on en viendra au vrai nœud du problème, les noms eux-mêmes, l’empoignade sera telle que l’on débouchera rapidement sur une impasse. Et qu’on décidera sagement, comme toujours, de ranger le dossier dans le placard miteux des accessoires, sous prétexte qu’il y a des questions plus urgentes ou plus importantes à traiter. Une issue d’autant plus probable, ou du moins vraisemblable, que les prénégociations tournent autour d’une formule difficile comme un sparadrap qu’on arrache d’un coup : décréter toutes les nominations en bloc et non par secteurs ou par étapes. Un choix qui s’il était définitivement retenu, écarterait la possibilité de solutions palliatives consistant à effectuer les désignations, donc à boucher des trous, là où un accord est facilement atteint. Et laisser le soin au temps d’arranger le reste, au gré des sautes d’humeurs ou d’alliances. Ce tableau climatique n’échappe à personne. «Personne, soupire un loyaliste, ne se fait d’illusions et tout le monde prête d’avance au vis-à-vis les intentions les plus tortueuses. La confiance règne si bien qu’en réalité nul n’est pressé de voir la pièce se monter. Ainsi, au stade actuel, aucun ministre n’a encore présenté ou même établi sa liste de candidats, comme le prévoit le programme adopté par le pouvoir. Pour tout dire, il est peu probable que les nominations interviennent avant le vote du budget ou même sans doute avant Paris II». Et d’avouer que «certains dirigeants qui soutiennent en paroles qu’ils sont contre le système de partage n’hésitent pas à se contredire dans les faits. Sinon en soutenant des candidatures déterminées, du moins en faisant clairement savoir qu’ils opposent leur veto à des fonctionnaires dont la promotion est envisagée. Et qui ont le tort d’avoir une solide réputation d’indépendance». Toujours très franc pour sa part, le ministre de la Santé, M. Sleiman Frangié, tourne en dérision ce faux-semblant qu’affichent certains en faveur d’un prétendu non-partage du gâteau. Sans aller jusqu’à dire que c’est de l’hypocrisie, le leader nordiste rappelle en substance qu’en définitive il est difficile «d’échapper à la trame socio-politique qui est à la base du système. Il faut bien qu’un postulant vienne d’une région, d’une communauté, d’une allégeance données. Il faut bien qu’il soit connu de quelqu’un, sinon son nom ne serait tout simplement pas évoqué». Pour M. Frangié, le problème se situe dès lors à un niveau différent, supérieur, celui du bon choix, de la sélection consensuelle d’éléments probes, compétents, efficaces qui sachent faire tourner rond les administrations. Ce point de vue est entièrement partagé, c’est le mot, par un autre ministre, M. Khalil Hraoui, qui rejette les critiques adressées par les âmes vertueuses au principe du partage. Le seul problème c’est qu’au moment de la division de l’héritage, les légataires ont tendance à se disputer les meilleurs lots.
C’est clair, net et précis : le redressement économique nécessite une Administration à la hauteur. Or elle est loin de l’être, et le public s’en plaint à juste titre. Ce constat laconique et sévère a été souligné comme on sait par le chef de l’État lors de l’audience accordée à une délégation de la CGTL conduite par M. Ghassan Ghosn. La réforme est donc un...