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Actualités - REPORTAGES

CONSOMMATION - Ils sont des millions à avoir changé leur mode alimentaire - Manger sain, manger bio

Si la peur du chimique, des aliments génétiquement modifiés et de l’intoxication due aux résidus des engrais et des pesticides a incité une minorité des consommateurs à rechercher les produits naturels, l’épidémie de la vache folle, qui a frappé des milliers de bêtes en Europe et provoqué la mort de quelque cent personnes en Grande-Bretagne, a mobilisé l’opinion publique mondiale. Cette maladie, jusque-là incurable, a changé les habitudes alimentaires de millions de consommateurs en quête d’un mode de vie sain, basé principalement sur des aliments biologiques. Selon des chiffres avancés par l’Union européenne, l’agrobiologie, ou culture biologique, a été pratiquée, en 1999, sur une superficie largement supérieure à trois millions d’hectares. Alors qu’en 1995, l’espace consacré à cette même agriculture avoisinait un million d’hectares. Dans ce même cadre, la Soil Association, qui promeut l’agrobiologie, a indiqué, dans un rapport, qu’en Grande-Bretagne le marché des produits biologiques a sextuplé depuis 1990, dépassant de ce fait les 600 millions de livres sterling par an. Mais qu’est-ce qu’un produit biologique ? Les spécialistes expliquent qu’un produit biologique est tout à fait différent d’un produit diététique, même si dans certains supermarchés ils sont vendus sur un même rayon. Les produits biologiques ou organiques, assurent-ils, sont des denrées alimentaires (céréales, jus, pain, lait, miel…), des légumes et des fruits dérivés de l’agriculture biologique, soit d’un mode de production excluant les pesticides, les hormones ou tout autre engrais chimique. Les principes de cette agriculture s’appliquent dans les domaines végétal et animal et respectent les équilibres écologiques, la fertilité du sol et le bien-être des animaux. Pour cela, les techniques employées dans l’agrobiologie ont pour objet de favoriser les mécanismes biologiques naturels des plantes, en particulier l’autodéfense, par l’emploi d’engrais organiques ou minéraux peu solubles, la production d’engrais verts, la rotation des cultures, la lutte contre les parasites par des produits naturels ou de faible toxicité, les labours légers, etc. En ce qui concerne l’élevage bio, il consiste à sélectionner des races adaptées aux conditions locales et à leur assurer une alimentation issue de l’agriculture biologique. Dans cet objectif, les animaux sont élevés le plus possible à l’extérieur, les bâtiments répondent aux normes d’hygiène et de bien-être des animaux, et les mutilations, notamment l’écornage des bovins, sont interdites. En outre, pour prévenir et traiter certaines maladies, les éleveurs recourent aux médecines douces, sauf en ce qui concerne les vaccinations obligatoires. De timides initiatives au Liban L’agriculture organique offre donc au consommateur un large éventail de produits exempts de matières chimiques et toxiques nocives à la santé. D’autant que «certains pesticides systémiques s’installent au cœur même des fruits et des légumes, et ne peuvent être éliminés même si ces derniers sont bien lavés, aseptisés et pelés, explique un agronome libanais. Ces pesticides, ne peuvent se dégrader que si la période de rémanence, c’est-à-dire la période nécessaire à la dégradation des pesticides, est respectée. Cette période varie selon les produits employés et atteint vingt-cinq jours pour certains pesticides». Et de déplorer : «Malheureusement, cette période n’est pas respectée au Liban et fruits et légumes sont souvent récoltés le lendemain même de la pulvérisation». L’agronome insiste, en outre, sur le fait que le goût des produits biologiques n’est nullement altéré et que les vitamines sont les mêmes que l’on trouve dans tout produit naturel. «Il s’agit, tout simplement, de produits sains», affirme-t-il. Si l’agriculture biologique est aujourd’hui en grande expansion en Europe, si elle y est parfaitement définie, réglementée et contrôlée, un long chemin reste encore à parcourir au Liban. Bien que des voix continuent à s’élever plaidant en faveur de ce mode agricole et que certains agriculteurs de bonne foi tentent de l’adopter à leurs risques et périls, aucune loi n’a été promulguée pour définir et encourager les standards de cette agrobiologie. «Au Liban, le problème se pose différemment, explique un agriculteur. A priori, une culture bio nécessite de grandes superficies et une stérilisation naturelle du terrain. Certains préfèrent, pour cela, recourir à la culture d’une saison de moutarde. En principe, ce procédé suffit à stériliser le terrain à condition, toutefois, de ne pas vendre la récolte, bien entendu». «En ce qui concerne les superficies, il suffit de rappeler qu’un insecticide pulvérisé par temps venteux peut porter jusqu’à vingt kilomètres du lieu de pulvérisation, en terrain plat, poursuit-il. En d’autres termes, si votre voisin pratique la culture dite conventionnelle, un seul conseil : oubliez la culture bio !». Il précise, par ailleurs, que certains agriculteurs ont acquis, au prix fort, des colonies de coccinelles qui, essentiellement carnivores, débarrassent naturellement les plantes des insectes qui s’en nourrissent. «Malheureusement, les bêtes à bon dieu ont péri du fait de la pulvérisation des pesticides par les voisins», observe-t-il. Et de conclure : «Il est toutefois important de signaler que les autorités ne délivrent aucun label destiné à reconnaître les produits bio de ceux pulvérisés et contenant des hormones pour justifier la différence de prix entre les deux catégories».
Si la peur du chimique, des aliments génétiquement modifiés et de l’intoxication due aux résidus des engrais et des pesticides a incité une minorité des consommateurs à rechercher les produits naturels, l’épidémie de la vache folle, qui a frappé des milliers de bêtes en Europe et provoqué la mort de quelque cent personnes en Grande-Bretagne, a mobilisé l’opinion publique...