Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Hezbollah - Les relations avec Washington soumises à une forte tension - Le pouvoir veut se rassurer par la méthode Coué

En dépit d’une évidence qui saute aux yeux, le pouvoir local refuse de reconnaître que les rapports avec Washington traversent actuellement une zone de fortes turbulences. À cause du litige sur le distinguo entre terrorisme et résistance, illustré par le cas du Hezbollah. Que les États-Unis inscrivent sur leur «black list», en exigeant le gel de ses avoirs bancaires. Tout en rejetant pareille sanction, les autorités locales persistent à proclamer, par la bouche du Premier ministre, M. Rafic Hariri, que le Liban entretient avec les USA des relations de coopération (!), d’amitié et de dialogue. C’est la fameuse méthode Coué, qui consiste à se persuader soi-même d’une réalité incertaine pour en convaincre les autres. Le chef du gouvernement va même jusqu’à soutenir «qu’il est question d’une aide économique». De l’Amérique au Liban et non pas l’inverse, doit-on préciser en ces temps qui sont durs pour tout le monde. En tout cas, pieux souhaits ou pas, les propos de M. Hariri permettent un certain nombre d’interprétations ou de spéculations plutôt positives. Tout d’abord dans la mesure où tout bon diplomate doit tenter en temps de crise de détendre le climat. Ensuite, beaucoup pensent en effet que pour adopter un tel ton d’ouverture, il doit disposer de données favorables. C’est-à-dire qu’au cours de ses pérégrinations inquiètes en Europe ou chez les Séoudiens, on l’aurait rassuré. En lui faisant comprendre que si l’Oncle Sam fait les gros yeux au Liban, ce n’est pas vraiment pour de vrai. Que cela entre dans une ligne générale visant essentiellement le nœud du problème régional. C’est-à-dire le radicalisme intégriste, particulièrement menaçant sur le front palestinien, qui constitue la priorité numéro deux pour Washington après Ben Laden. En d’autres termes, ce serait par simple ricochet que le Liban se trouverait accroché. Et s’il sait se tenir un peu tranquille, personne ne viendrait lui chercher noise. C’est donc ce que pensent les politiciens qui se réfèrent aux récentes conversations de M. Hariri avec le président Chirac ou avec l’émir Abdallah. Sans compter que le président du Conseil a pu avoir des contacts avec des responsables américains qui l’auraient également tranquillisé. Chose d’autant plus nécessaire que, pour sa part, la conseillère du président Bush à la sécurité nationale, Mme Condoleeza Rice, a été très abrupte envers le Liban. Mais comme les tiraillements au sein de l’Administration US actuelle entre faucons et colombes sont connus, il n’est pas certain que de fâcheuses décisions soient prises contre ce pays. Dont les autorités plaident la cohésion nationale, qui serait dangereusement compromise, pour expliquer qu’il est en tout cas impossible de sévir contre le Hezbollah. Ajoutant que, du reste, ce parti suit une voie de résistance légitime et non de terrorisme, opérant uniquement en territoire libanais contre un occupant spoliateur. Ce point de vue est compris, sinon approuvé par le président Chirac. Qui, le cas échéant, interviendrait auprès du président Bush pour empêcher ou pour faire lever de nouvelles sanctions prises contre le Liban. Le chef de l’État français ne cache pas d’ailleurs que la qualification d’une organisation sous le label du terrorisme ne peut se faire qu’en base d’une concertation avec les pays qui participent à la coalition. Partant de là, Paris pense comme Beyrouth que la définition du terrorisme doit être établie suivant des critères admis de tous et non pas unilatéralement, d’une manière discrétionnaire. Dans cette optique, la France, comme l’ensemble de l’Europe d’ailleurs, se prononce contre l’extension de la guerre d’Afghanistan à des pays arabes. Pour régler certains comptes, comme avec l’Irak par exemple. Mais il est évident que les durs de l’Administration Bush ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, il n’est pas question de passer l’éponge sur les événements des années quatre-vingt. Ni, surtout, d’oublier que les radicaux de la région, dont le Hezbollah aussi bien que le Hamas, le Jihad islamique ou le FPLP, menacent le processus de paix. Et les intérêts américains. Ces faucons de Washington soulignent dès lors qu’avant toute nouvelle initiative américaine en faveur du processus, il faut en finir avec l’opposition palestinienne ou libanaise, qu’ils qualifient donc de terroriste, pour plus de commodité. Ils ajoutent que ni la guerre d’Afghanistan ni la participation des États à la coalition ne sont des éléments de négociation. En d’autres termes, que nul ne peut poser comme condition préliminaire le règlement de la question palestinienne, la lutte contre le terrorisme passant avant tout. Quoi qu’il en soit, le président Rafic Hariri s’efforce pour sa part de dédramatiser l’état des rapports bilatéraux avec les États-Unis. Il invite dans cet esprit les Libanais à ne pas se focaliser sur la question, pour ne pas donner l’impression qu’il existe un conflit sérieux. Ajoutant qu’une escalade diplomatique ou médiatique ne serait pas dans l’intérêt de ce pays. On note, parallèlement, que la France, dont le Premier ministre libanais est très proche, conseille vivement au Liban d’éviter en ce moment de faire monter la tension à la frontière avec Israël. Et lui recommande de veiller à ce que ses pôles adoptent un ton raisonnable pour ce qui est des rapports avec les USA. Qui, c’est évident, ne sont pas d’humeur à se laisser titiller alors qu’ils sont en pleine guerre.
En dépit d’une évidence qui saute aux yeux, le pouvoir local refuse de reconnaître que les rapports avec Washington traversent actuellement une zone de fortes turbulences. À cause du litige sur le distinguo entre terrorisme et résistance, illustré par le cas du Hezbollah. Que les États-Unis inscrivent sur leur «black list», en exigeant le gel de ses avoirs bancaires. Tout en...