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Actualités - ANALYSES

ÉQUILIBRES - Le code des municipalités globalement bien accueilli - La ville de Beyrouth continue à poser problème

Le code des municipalités élaboré par des spécialistes à la demande du ministre compétent, M. Élias Murr, a été approuvé non seulement par le Conseil des ministres, mais aussi par l’ensemble des milieux politiques comme des édiles ou des corps constitués. L’on y voit en effet un programme conçu en fonction des exigences contemporaines dites de modernité. Et l’on applaudit généralement à l’émancipation dont pourront désormais bénéficier, grâce à cette loi-cadre, les localités dont la gestion est encore soumise à la tutelle des mohafez ou des caïmacams. Mais la ville de Beyrouth, cas particulier de toujours, pose fortement problème. À cause notamment de la question récurrente des équilibres confessionnels. On sait en effet que le poste de mohafez de Beyrouth va être supprimé pour être rattaché au mohafazat du Mont-Liban. En clair, on va faire sauter un grec-orthodoxe au profit d’un sunnite. La communauté visée rue donc dans les brancards. Bien que le Premier ministre lui ait promis des compensations ailleurs. Ce qui serait assez difficile. Car les sunnites ont, pour le moment, l’air de faire coup double. Ils ont déjà le mohafazat du Mont-Liban. Et ils gardent la présidence du conseil municipal de Beyrouth. Poste qui gagne du coup beaucoup en prestige et en autorité. Car, désormais, le président de la municipalité de la capitale en devient le maire, au sens occidental du terme. Il n’aura plus de mohafez singulier sur le dos, et pourra échapper à toute mainmise directe de l’administration étatique. Ou, pour parler comme les notables du cru, il n’aura plus le désagrément d’être à la merci, sinon aux ordres, d’un fonctionnaire non élu. Cela fait d’ailleurs de la dichotomie en moins et la cohésion doit y gagner. C’est d’ailleurs l’avis convaincu du staff Hariri. On sait, en effet, qu’au siècle dernier, le milliardaire a voulu mettre le mohafez de la capitale sur la touche, en faire une fonction honorifique en lui attribuant un titre aussi pompeux que creux, celui de grand intendant de Beyrouth. M. Hariri s’est toujours efforcé de consolider les prérogatives et l’autonomie du conseil municipal. Il s’en était ouvert au président Élias Hraoui qui était alors en fin de mandat et avait préféré laisser ce problème au régime suivant. En tout cas, de nombreuses parties s’étaient coalisées à l’époque pour faire capoter le projet de M. Hariri, qui avait fait mine d’y renoncer. Pour mieux revenir à la charge, à la faveur de l’évolution des temps sinon des esprits. Quoi qu’il en soit, le plan élaboré sous l’égide de M. Élias Murr tend à libérer les agglomérations de la tutelle des mohafez ou des caïmacams. Les édiles n’auront plus en pratique affaire qu’avec le ministère des Municipalités, principalement sinon uniquement pour les questions de gros sous. Car le département aura pour charge de contrôler leur gestion, et leurs livres de comptes, dans ce domaine, qui relève du Trésor. Retour à Beyrouth. Les cercles politiques de la capitale, toutes communautés ou tendances confondues, se disent généralement irrités qu’on prive la ville d’un mohafazat bien à elle. D’autant que la formule retenue a l’air de priver une confession au profit d’une autre (une habitude depuis Taëf), ce qui est préjudiciable à l’harmonie des relations urbaines. On entend du reste autant de musulmans que de chrétiens protester contre le dispositif en gestation, au nom de la coexistence et du régionalisme associés. Ces cercles politiques rappellent que, par le passé, les prises de position de pôles grecs-orthodoxes, comme le métropolite Mgr Élias Audeh ou comme M. Fouad Boutros, avaient contribué à empêcher le changement de la formule en place. En précisant que le maintien aux orthodoxes du titre de grand intendant de la capitale constitue de la poudre aux yeux, un simple hochet, puisque ce poste n’a qu’un caractère protocolaire. Même la promesse que l’on donnerait le mohafazat du Mont-Liban à cette communauté ne paraît pas lui suffire. Car, observe-t-elle, suivant les nouvelles règles, le mohafez du Mont-Liban non plus n’aurait son mot à dire face au conseil municipal présidé par un sunnite. Il faut souligner à propos de ce conseil que ses propres membres ont remontré au président Hariri que la suppression du mohafazat de Beyrouth porterait un coup sévère aux équilibres. Ils ont de plus demandé que l’on institue une parité égale entre chrétiens et musulmans au sein de leur instance. Mais le Premier ministre a refusé, en soulignant qu’un texte consacrant le confessionnalisme n’était pas en soi recommandable. Et en ajoutant qu’en tout cas la parité est assurée par les traditions, les us et les coutumes des Beyrouthins. Ce à quoi un des membres du conseil a répliqué que les us et les coutumes ne constituent pas une garantie. Surtout en des temps marqués par de fortes tendances discriminatoires. Ce notable a ainsi rappelé qu’un certain nombre de ses collègues avaient fait avorter le projet de baptiser du nom de Jean-Paul II la place où le pape avait célébré une messe solennelle en 1997 devant plus d’un million et demi de Libanais. Il convient de signaler que le projet de compensations offertes aux orthodoxes par M. Hariri s’est heurté à un net refus du président Nabih Berry. Qui ne voit pas pourquoi on retirerait dans ce cadre aux chiites la présidence de l’Office du Litani ou de la Régie. Une réaction qui permet accessoirement aux haririens de marquer des points sur deux tableaux qui ne les concernent pas directement. Ils se plaisent en effet à rappeler aux berriyistes que les chrétiens n’ont pas protesté quand on leur a ôté la direction de la Sûreté générale pour la confier au général Jamil Sayyed ou celle des services de la présidence de la République au colonel Salem Abou Daher, sans compter l’attribution naguère du secrétariat général du palais Bustros à M. Zafez el-Hassan, tous hauts fonctionnaires aussi méritants que mahométans. Quoi qu’il en soit, à l’est on reparle aujourd’hui de «ihbat», de désenchantement. En affirmant que la reprise des pratiques discriminatoires vise à accomplir l’œuvre majeure effectuée en 1994 à travers la naturalisation de 300 000 étrangers. Dont il est apparu par la suite que plus de 60 % n’ont absolument aucun droit à la nationalité et, a fortiori, à l’identité libanaise.
Le code des municipalités élaboré par des spécialistes à la demande du ministre compétent, M. Élias Murr, a été approuvé non seulement par le Conseil des ministres, mais aussi par l’ensemble des milieux politiques comme des édiles ou des corps constitués. L’on y voit en effet un programme conçu en fonction des exigences contemporaines dites de modernité. Et l’on...