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Actualités - INTERVIEWS

INTERVIEW - Éducation et santé, un droit pour tous, sans exception - Andrée Lahoud à « L’Orient-Le Jour » : Une meilleure application des lois pour aider l’enfance défavorisée

Assurer santé et éducation à tous les enfants libanais, sans exception, telle est la priorité de Mme Andrée Lahoud, qui accorde une attention particulière aux différentes institutions caritatives du pays accueillant les enfants défavorisés. Au cours d’un entretien avec «L’Orient-Le Jour», la Première dame s’est penchée sur les problèmes de l’enfance libanaise. Un domaine où il y a tant à faire, aussi bien au niveau des lois que de leur application sur le terrain, et où il ne faut jamais baisser les bras, a-t-elle souligné, malgré les difficultés qui ralentissent la bonne application des droits de l’enfance au Liban.L’Orient-Le Jour : Où en sont les droits de l’enfance au Liban aujourd’hui ? Peut-on réellement parler de progrès, malgré la lenteur dans le changement des lois et dans l’amélioration de la situation des enfants sur le terrain ? Andrée Lahoud : Depuis la ratification de la Charte des droits de l’enfant, le Liban a effectué un progrès tangible par rapport à l’enfance libanaise. Progrès dont je rappelle quelques-unes des avancées les plus notables. De nombreux textes de lois ont été amendés en faveur de l’enfance, dont notamment les lois régissant le travail des enfants et leur éducation de base. D’autres textes ont été adoptés, concernant la protection de l’enfance avant même la conception. Ces textes rendent obligatoire le certificat de santé du couple avant le mariage et abolissent le terme «illégitime» de la carte d’identité des enfants conçus en dehors du mariage. Certes, le gouvernement mais aussi le peuple libanais, dans toute sa diversité, sont conscients de la nécessité de préserver et de protéger les droits de l’enfant. C’est pourquoi les institutions gouvernementales et les ONG sont fortement impliquées dans l’action en faveur des enfants, tant au niveau de la défense de leurs droits, que de l’octroi de services les concernant ou des amendements législatifs en leur faveur. Quant à la lenteur dans les progrès, à laquelle vous faites allusion, il importe de mentionner qu’il ne s’agit pas là d’un phénomène limité aux problèmes de l’enfance, mais qui s’étend à tous les domaines nécessitant un amendement de lois. Car les changements de lois impliquent des bouleversements tant politiques que pratiques, ainsi que des ressources et des allocations budgétaires. En outre, ces amendements nécessitent d’être planifiés avec la plus grande attention, afin d’être facilement applicables et de ne pas rester au seul niveau des législations. Par ailleurs, l’application de nouvelles lois ne peut se faire du jour au lendemain, car elles ne sont pas toujours compatibles avec celles en vigueur au Liban et ne sont pas nécessairement en harmonie avec les pratiques et les traditions de notre société. O. J. : Nous remarquons que les enfants des rues sont toujours aussi nombreux qu’avant, malgré les promesses du gouvernement de les intégrer dans des foyers spécialisés. L’Unicef avoue son impuissance à ce stade, refusant d’en dire plus. Quel est le problème relatif à ces enfants ? Les autorités ont-elles baissé les bras ? A. L. : Lorsqu’il s’agit de l’enfance faible et pauvre, nul n’a le droit de baisser les bras, car nous sommes tous humainement concernés par un tel problème. Lorsque je parle de l’enfance, je ne fais absolument aucune distinction entre un enfant ou un autre, tous critères confondus. Négliger un enfant, c’est négliger l’avenir, c’est étouffer de nombreux problèmes qui émergeront d’ici à quelques années. Je tiens, pour cela, à mentionner le plan d’action mené par le ministère de l’Intérieur concernant les enfants des rues. Un plan d’urgence dont vous ne devrez pas tarder à percevoir rapidement les effets. O. J. : Disposez-vous de statistiques sur les enfants délinquants et ceux qui travaillent ? A. L. : Une enquête au sein des familles a été entreprise par l’Administration centrale des statistiques sur la situation des enfants au Liban, et plus spécifiquement les enfants qui travaillent. Elle donne, et pour la première fois, des informations sur les enfants de moins de 10 ans au travail. En raison des difficultés d’enquête, ces statistiques peuvent comporter une marge d’erreur. Néanmoins, elles peuvent servir d’indicateurs pour la direction à suivre dans les projets et interventions qui seront élaborés en faveur de ces enfants. Voici, par ailleurs, les principaux résultats de cette enquête : • 6 454 enfants entre 9 et 14 ans travaillent au Liban. Ils représentent 1,5 % du nombre d’enfants libanais compris dans cette tranche d’âge. • La majorité de ces enfants, autrement dit 41 % du nombre total d’enfants qui travaillent, se trouve dans le nord du pays. • Ces enfants travaillent dans les industries légères mais aussi dans la réparation de voitures, sous toutes ses formes. • La proportion des garçons qui travaillent est deux à trois fois supérieure à celle des filles. • La moyenne d’âge de ces enfants est de 11 ans. • La moyenne d’heures de travail de ces enfants, par semaine, est de 29,5 heures. Cependant, 32 % de ces enfants travaillent 40 heures par semaine, parfois même plus. Et 4,7 % d’entre eux travaillent 10 heures par jour ou plus. • En termes de revenus, 46,8 % des enfants au travail gagnent moins de 200 000 LL par mois. • En termes d’assurance médicale, 93,3 % de ces enfants ne bénéficient d’aucune couverture. O. J. : Les statistiques du Mouvement social montrent que plus d’un tiers des adolescents sont en dehors de l’école, pour diverses raisons dont la crise économique mais aussi la rigidité du système scolaire. Y a-t-il un projet efficace pour empêcher ces enfants de devenir des délinquants ? A. L.: Il n’existe aucun projet qui s’adresse, spécifiquement, aux adolescents rejetés par le système scolaire. Cependant, plus d’un ministère, dont notamment le ministère de l’Éducation et celui des Affaires sociales, en collaboration avec certaines ONG, se penchent actuellement sur la mise en application de projets, de structures et d’activités visant à prendre en charge les élèves qui ont été renvoyés des écoles ou qui ont arrêté leur formation scolaire pour des raisons économiques, afin de leur permettre de réintégrer les bancs de l’école. De plus, le ministère de l’Éducation, dont je tiens à louer les efforts, se penche actuellement sur l’enfance à problèmes et sur ses besoins spécifiques relatifs à l’éducation. O.J. : Quelles sont les principales réalisations que vous avez encouragées et parrainées ? Quels sont les projets les plus importants qui restent à entreprendre pour l’enfance au Liban ? A. L. : Un vaste programme reste à entreprendre. Et parmi les projets à venir, au niveau de l’enfance, je tiens à mentionner les plans d’action suivants : dans le domaine de la santé, il est urgent de donner à chaque enfant la possibilité d’avoir accès aux soins, conformément à la Charte des droits de l’enfant, ratifiée par le Liban. Si le gouvernement assure actuellement ces soins à la catégorie la plus défavorisée de la population qui ne bénéficie d’aucune couverture médicale, il est important que ces services deviennent des droits individuels propres à chaque enfant. Quant à l’éducation, il est nécessaire de mettre en application la loi adoptée par le Parlement en 1998 et qui stipule la gratuité de l’éducation primaire jusqu’à l’âge de 12 ans, et son caractère obligatoire pour tous. L’étape suivante serait de porter cet âge à 15 ans, en vue d’élever l’âge minimum du travail. O. J. : Pouvez-vous nous parler de votre expérience dans la campagne «Dire oui pour les enfants» ? A. L. : Je m’étais personnellement impliquée dans le lancement du Mouvement global en faveur de l’enfance, lors d’une cérémonie tenue au palais présidentiel. Et c’est lors de cette cérémonie que la campagne «Dire oui pour les enfants» a été lancée. Une campagne qui a vu la participation des ministères des Affaires sociales, de l’Éducation, de la Santé, mais aussi de l’Intérieur et des Affaires municipales. O. J. : Comment préparez-vous la Session extraordinaire pour l’enfance ? Quel message allez-vous transmettre à New York ? A. L. : La participation de la délégation libanaise à la Session spéciale pour l’enfance aussi bien que le message qui y sera délivré seront basés sur le rapport national libanais qui mettra en valeur les réalisations en faveur de l’enfance lors de cette dernière décennie. Le message sera centré, notamment, sur les recommandations contenues dans ce rapport». Des paroles qui montrent une réelle prise de conscience de l’urgence de la situation de la part de la Première dame mais aussi du gouvernement. Encore faudrait-il que celui-ci agisse, au plus vite, pour améliorer le quotidien de milliers d’enfants défavorisés.
Assurer santé et éducation à tous les enfants libanais, sans exception, telle est la priorité de Mme Andrée Lahoud, qui accorde une attention particulière aux différentes institutions caritatives du pays accueillant les enfants défavorisés. Au cours d’un entretien avec «L’Orient-Le Jour», la Première dame s’est penchée sur les problèmes de l’enfance libanaise. Un...