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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-Russie - Conférence du Premier ministre à l’Institut des relations internationales à Moscou - Hariri : Je ne m’imagine pas vivant sous le régime taliban

Moscou - De notre envoyé spécial Philippe ABI AKL Le Premier ministre Rafic Hariri a beaucoup parlé de terrorisme en Russie. À l’occasion de sa visite officielle entamée mercredi à Moscou, lors d’une conférence donnée hier matin à l’Institut des relations internationales, il a notamment affirmé que «la campagne contre le terrorisme est aussi importante pour nous que pour les autres pays car nous en avons été victimes». «La guerre contre le terrorisme promet d’être longue, et la victoire ne pourra être remportée par la seule force militaire», a déclaré le chef du gouvernement avant de poursuivre : «Pour gagner cette guerre, nous devons traiter les racines du mal dans plusieurs parties du monde». Selon lui, le remède consiste notamment à «respecter le droit international et les résolutions des Nations unies. C’est ainsi que nous aboutirons à un solution globale et permanente du conflit (au Proche-Orient)». M. Hariri se dit soucieux dans ce contexte «de l’avenir des enfants de toute la région, arabes et israéliens. Nous devons montrer à nos jeunes qu’il y a d’autres perspectives que les tueries et les massacres, bien plus positives. Nous devons leur donner l’espoir, car c’est l’espoir qui est la principale victime du conflit israélo-arabe», a-t-il ajouté. Réitérant la position du Liban concernant la nécessité d’appliquer les résolutions 242, 338 et 425 de l’Onu, le Premier ministre a estimé que la Russie, «en tant que coparrain du processus de paix, peut jouer un rôle constructif dans la relance de ce processus. Les nouvelles prises de position américaines et européennes favorables à la création d’un État palestinien ont donné un nouvel espoir au monde arabe. Nous espérons aussi que ces prises de positions se traduiront en actes», a-t-il ajouté. M. Hariri a en outre insisté sur «une relance rapide des négociations politiques» dans la région. Une zone de libre-échange Sur le plan économique, le chef du gouvernement a insisté une fois de plus sur l’aptitude du Liban à accueillir les investissements grâce notamment à la réhabilitation de son infrastructure. S’adressant à l’assistance russe, il a déclaré : «Nous vous encourageons à créer une zone de libre-échange entre le Liban et la Russie». Dans ce cadre, M. Hariri a précisé, en réponse à une question, que «les exportations russes à destination du Liban ont augmenté cette année par rapport aux années passées, depuis ma dernière visite à Moscou en 1997. Elles ont atteint une valeur de 300 millions de dollars en 2001, alors qu’en 2000, elles se montaient à quelque 215 millions de dollars». Selon le Premier ministre, le problème est que les exportations libanaises vers la Russie sont nulles. À ses yeux, il convient donc de rétablir l’équilibre des échanges et faciliter l’exportation des produits libanais. «En outre, a-t-il ajouté, l’économie russe peut profiter de la situation du Liban dans la région d’autant plus qu’un grand nombre de Libanais sont des russophones accomplis capables de promouvoir les marchandises russes dans le pays mais aussi dans le monde arabe et en Afrique». Affirmant que le Liban espérait «compter totalement d’ici à un an sur le secteur privé» en ce qui concerne la production des services (eau, électricité et téléphone), le chef du gouvernement a indiqué par ailleurs qu’un accord de coopération culturelle allait être signé avec Moscou à l’occasion de son séjour en Russie. Rappelons dans ce cadre que M. Hariri est accompagné dans sa visite des ministres de l’Économie, de l’Eau et de l’Énergie, et de la Culture, respectivement, Bassel Fleyhane, Mohammed Abdel Hamid Beydoun et Ghassan Salamé. Pour en revenir à la conférence donnée à l’Institut des relations internationales, M. Hariri a assuré, en réponse à une question, que «le Liban ne craint pas du tout une frappe américaine. En effet, nous entretenons de très bonnes relations avec les États-Unis. (…) En outre, nous respectons les résolutions internationales et nous n’avons donc aucun problème à ce niveau». Concernant la position du Liban à l’égard des événements en Afghanistan, le Premier ministre a déclaré : «Comme tous les autres membres de la communauté internationale, le Liban s’oppose aux frappes dont sont victimes les civils. En revanche, nous ne soutenons pas le régime des taliban. Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises : je suis fier d’être musulman, mais je ne m’imagine pas vivant moi et ma famille à l’ombre d’un régime comme celui des taliban», a-t-il ajouté. Quant à la situation régionale, on retiendra ce qui suit des propos de M. Hariri : «Même avec (Ariel) Sharon, nous voulons aboutir à un accord de paix parce que nous y croyons». Hier aussi, après une visite au maire de Moscou, Yuri Luzkhov, le chef du gouvernement a notamment rencontré le patriarche russe orthodoxe, Alexis II. À l’issue de l’entretien, ce dernier a nié l’existence d’un conflit de civilisations. De son côté, M. Hariri a affirmé que «ce qui a lieu en Afghanistan est une guerre contre le terrorisme. Il est faux de dire qu’il s’agit d’une guerre entre chrétiens et musulmans», a-t-il ajouté. Notons, d’autre part, qu’à la veille de la visite du Premier ministre à Moscou, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexander Saltanov, s’est prononcé pour le développement de la coopération économique avec Beyrouth, citant notamment, selon l’agence Itar-Tass, la construction de centrales électriques, oléoducs et gazoducs, ainsi que la remise en état de raffineries de pétrole. Moscou aurait même souhaité procéder à une prospection de gaz naturel et de pétrole au Liban. Les entretiens de M. Hariri avec le président Vladimir Poutine et avec son homologue russe Mikhaïl Kassianov sont prévus au dernier jour de la visite, aujourd’hui vendredi. La réunion avec M. Poutine serait à caractère politique, à en croire des sources proches de M. Hariri. Selon ces sources, elle serait d’autant plus importante que «la Russie est appelée à jouer un rôle grandissant tant par son influence sur les États musulmans d’Asie centrale que par son rôle de coparrain du processus de paix au Proche-Orient». Autre point sensible que soulèvera M. Hariri avec son interlocuteur russe : la durée de vie de la coalition antiterroriste qui dépend de la volonté israélienne de cesser ses agressions contre le peuple palestinien. C’est cette dernière idée qu’il aurait transmise hier soir au président Jacques Chirac lors d’un entretien téléphonique avec le chef de l’État français. Notons enfin que le Premier ministre, qui a célébré hier à Moscou ses 57 ans, doit se rendre en Arabie séoudite, à l’issue de son séjour de 72 heures en Russie.
Moscou - De notre envoyé spécial Philippe ABI AKL Le Premier ministre Rafic Hariri a beaucoup parlé de terrorisme en Russie. À l’occasion de sa visite officielle entamée mercredi à Moscou, lors d’une conférence donnée hier matin à l’Institut des relations internationales, il a notamment affirmé que «la campagne contre le terrorisme est aussi importante pour nous que...