Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Vie politique - Priorité à la consolidation du front intérieur - Contacts discrets, sans vrai dialogue, entre l’opposition et le pouvoir

L’un des piliers de la Rencontre de Kornet Chehwane révèle que des contacts discrets se déroulent actuellement avec le pouvoir ainsi qu’avec divers pôles locaux. Dans le but de consolider le front intérieur en ces temps de péril, l’ouragan qui souffle sur l’Afghanistan pouvant faire des ravages partout ailleurs dans la région. Alors que, de plus, le Liban, maillon faible de la chaîne, risque de se ressentir tôt ou tard des retombées du conflit israélo-palestinien qui va de complication en complication. Il est donc tacitement convenu, au niveau des forces locales politiques civiles, ou plus exactement laïques, de tempérer le discours politique ambiant. Et d’en expurger, pour le moment, les sujets qui fâchent. M. Walid Joumblatt, pourtant connu pour son franc-parler, donne un peu le ton. D’une part en se démarquant nettement de la thèse benladenienne d’une guerre de religions. D’autre part, en soulignant qu’il est désormais inopportun et préjudiciable à l’intérêt bien compris du pays, d’évoquer des questions aussi litigieuses que la présence syrienne, sous toutes ses formes. À la notable exception des ulémas, qui se déchaînent contre les États-Unis, tout le monde met donc un bémol prudent à ses déclarations. En insistant plutôt sur la concorde, la coexistence, la non-violence, comme le font régulièrement le patriarche Sfeir et les dirigeants, présidents en tête. Mais ce détachement, au double sens du terme, affecte bien évidemment la vie politique, en la paralysant. S’il n’y a plus rien à discuter, le dialogue meurt. Et c’est bien ce qui se produit, depuis le 11 septembre. Dans ce sens que les rencontres d’échanges de vues initiées par le régime en direction de Bkerké, de pôles comme M. Joumblatt, du Forum démocratique et autres Rencontres, se trouvent arrêtées. Il en va de même pour les activités des diverses parties politiques. Qui refont leurs calculs en fonction de ce que les développements au-dehors vont finalement produire comme effets géopolitiques dans l’ensemble de la région. Les mêmes sources de la Rencontre de Kornet Chehwane expliquent qu’il faut en même temps déployer des contacts d’ordre pratique avec le pouvoir, pour organiser la manière de calmer le jeu et renoncer à poursuivre le dialogue de fond. Car autrement, l’opinion serait en droit d’attendre des éclaircissements, il faudrait publier des communiqués, prendre ou reprendre des positions déterminées. Notamment au sujet des relations avec la Syrie, ce qui n’est ni souhaitable ni même logique à un moment où toutes les cartes sont peut-être en train d’être redistribuées. À la lumière, ou à l’ombre, des opérations militaires occidentales en Afghanistan. Du reste, même à l’Est, on admet qu’en une période aussi agitée, aussi compliquée, aussi fluctuante, le Liban doit coordonner au plus haut point avec la Syrie. Pour mieux faire admettre son droit même, c’est-à-dire la distinction entre le terrorisme et la résistance à l’occupation israélienne, honnie de tout patriote. Personne ne comprendrait, ajoutent ces sources, qu’une fraction libanaise soulève aujourd’hui des questions qui divisent les rangs intérieurs. En heurtant les sensibilités, ou les susceptibilités, mises à nu par le néoclivage Orient-Occident issu du conflit afghan. D’autant qu’une telle attitude, ponctuellement provocatrice, vaudrait à l’opposition l’inimitié d’alliés précieux, comme le seigneur de Moukhtara. Ou même, à la limite, l’incompréhension de ce sage mentor qu’est le patriarcat. Donc, indiquent encore ces sources, pour s’éviter toute tentation de dérapage, la Rencontre préfère suspendre ses réunions, tout en maintenant des contacts de maintenance avec les officiels comme avec les pôles du pays. Cela, dans un esprit quasi notarial de droits réservés, dans la perspective d’une éventuelle reprise du débat sur la souveraineté. Et de souligner que la pause se fait en quelque sorte sans préjudice. Dans ce sens que l’on n’était pas encore arrivé, dans le dialogue entamé, à un point de convergence permettant d’aller vaillamment de l’avant, en base d’une synthèse de documents de travail. Il n’y a encore eu que des échanges d’idées générales sur les moyens à mettre en œuvre pour assainir les rapports avec la Syrie. Le climat, lors de l’audience accordée par le chef de l’État en présence de certains de ses conseillers aux députés de la Rencontre, était positif, prometteur, mais sans rien de concret. Aussi il a été décidé de poursuivre le déblayage préparatoire, à travers des concertations qu’entreprend l’un des piliers de la Rencontre, M. Samir Frangié, avec des cadres officiels proches du régime. Il s’agit de déterminer les têtes de chapitres ou les dossiers à débattre en cas de réactivation du dialogue. Mais, il convient de le relever, l’opposition risque de se heurter en fin de compte aux divergences qui opposent les autorités entre elles. Autrement dit, les dirigeants ne sont pas tous d’accord pour que le chef de l’État prenne en main la réconciliation nationale. Ni pour que l’on mette sur pied un cabinet d’entente incluant l’Est politique. Tendance d’unification qui devrait être stimulée par les dangers extérieurs. Mais pour le moment, répétons-le, tout est suspendu. Par la force des choses et des bombardements US.
L’un des piliers de la Rencontre de Kornet Chehwane révèle que des contacts discrets se déroulent actuellement avec le pouvoir ainsi qu’avec divers pôles locaux. Dans le but de consolider le front intérieur en ces temps de péril, l’ouragan qui souffle sur l’Afghanistan pouvant faire des ravages partout ailleurs dans la région. Alors que, de plus, le Liban, maillon faible...