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Actualités - CHRONOLOGIES

Musharraf profite des frappes pour renforcer son emprise sur le Pakistan

Le président pakistanais, le général Pervez Musharraf, a renforcé hier son emprise sur le puissant appareil militaire du pays en procédant à un remaniement à la tête des forces armées et des services secrets au moment où les États-Unis déclenchaient des frappes en Afghanistan. Ces changements d’hommes ont été annoncés après le début des opérations occidentales, dimanche soir. Le Pakistan, voisin de l’Afghanistan, s’est ouvertement rangé dans le camp de Washington et a abandonné son soutien aux taliban, que les services secrets pakistanais (ISI) avaient largement contribué à porter au pouvoir à Kaboul en 1996. Le général Mahmood Ahmed a été remplacé par le général Ehsanul Haq à la tête de l’ISI, a confirmé le porte-parole du gouvernement militaire en précisant que Mahmood Ahmed a souhaité prendre une «retraite» anticipée. Ehsanul Haq commandait jusqu’à présent le corps d’armée des forces pakistanaises basées à Peshawar, capitale de la province frontière du Nord-Ouest, frontalière de l’Afghanistan. Avant ce poste, le général Haq, un Pachtoune (groupe ethnique présent en Afghanistan et au Pakistan), avait été chef des renseignements militaires. Mahmood Ahmed avait entretenu des liens étroits avec l’Exécutif des taliban. Au cours des dernières semaines, il avait été envoyé à deux reprises à Kandahar (sud de l’Afghanistan) pour tenter de convaincre le leader suprême des taliban, le mollah Mohammad Omar, d’extrader Oussama Ben Laden. Les missions du chef de l’ISI avaient échoué. «C’est le signal qu’on attendait», a déclaré un diplomate occidental en réaction à l’annonce du remplacement du général Mahmood Ahmed. «Ces changements suggèrent que Musharraf a une emprise ferme sur le pays», a estimé un autre diplomate. Le général Musharraf, auteur d’un coup d’État en octobre 1999 et qui s’était autoproclamé président en juin dernier, a, par ailleurs, nommé le général Mohammad Aziz Khan au poste de président du comité d’état-major des forces armées (CJCSC) et le général Mohammad Yusuf au poste de vice-chef d’état-major, a annoncé le service de presse de l’armée. Les deux hommes ont été promus à des grades plus élevés. Le général Musharraf, qui a conservé le poste de chef d’état-major pour une période indéfinie, détenait aussi jusqu’à présent le poste de président du CJCSC. Ce poste a donc été attribué au général Khan. Enfin, le général Abdul Qadir Baluch, commandant des forces basées à Gujranwala (centre du Pakistan), a remplacé le général Mohammad Mushtaq à l’importante garnison de Quetta (ouest), où de violentes manifestations antiaméricaines ont encore eu lieu lundi, au lendemain des premières frappes en Afghanistan. Dans une conférence de presse lundi à Islamabad, le général Musharraf a déclaré qu’il envisageait de procéder à ces changements depuis «plusieurs mois». Ils s’inscrivent dans le cadre d’une «activité militaire normale», a-t-il affirmé. «Cela n’a rien à voir avec les événements qui se déroulent en Afghanistan. J’avais trop d’attributions», a assuré le général en ajoutant cependant que ce remaniement était «nécessaire». Avant le début des frappes occidentales en Afghanistan, des diplomates avaient déclaré redouter un scénario catastrophe au Pakistan, l’un des plus grands pays musulmans du monde, qui possède l’arme nucléaire, et où une partie non négligeable de la population exprime ouvertement des sentiments antiaméricains. Lors du déclenchement de la crise consécutive aux attentats du 11 septembre aux États-Unis, des sources occidentales et pakistanaises avaient fait état de craintes selon lesquelles le général Musharraf risquait d’affronter une forte opposition au sein de l’armée en offrant un soutien inconditionnel à Washington contre les taliban. «C’est la raison pour laquelle Musharraf a consulté tous les commandants-clés de l’armée avant d’apporter son soutien aux États-Unis», a rappelé une source militaire.
Le président pakistanais, le général Pervez Musharraf, a renforcé hier son emprise sur le puissant appareil militaire du pays en procédant à un remaniement à la tête des forces armées et des services secrets au moment où les États-Unis déclenchaient des frappes en Afghanistan. Ces changements d’hommes ont été annoncés après le début des opérations occidentales,...