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Actualités - ANALYSES

Beyrouth mise sur les contradictions entre Washington et Tel-Aviv

De toute évidence, plus cela va moins cela va entre les États-Unis et Israël. Où Sharon ne semble pas réaliser que le laxisme américain d’avant le 11 septembre n’est tout simplement plus possible. À Beyrouth, des sources diplomatiques s’interrogent sur une confrontation entre les deux alliés. En se demandant, quand même, lequel des deux finira par infléchir les positions de l’autre. Car, on le sait, le souci de leurs intérêts régionaux, arabes et pétroliers, n’a jamais permis aux Américains d’échapper à leurs engagements primordiaux à l’égard de l’État hébreu. D’une part parce qu’ils lui concèdent un statut de poste avancé de l’Occident. D’autre part, à cause de l’indéniable, de l’écrasante influence médiatique et électorale du lobby sioniste sur leur propre sol. Aujourd’hui, cependant, les paramètres relationnels se trouvent soumis à de nouveaux impératifs pressants. Les USA ont besoin de voir s’instaurer un armistice réel entre les Israéliens et les Palestiniens. Pour pouvoir se consacrer à la coagulation d’une vaste coalition internationale appelée à soutenir leur combat contre le terrorisme. Sous la direction de Sharon, Israël s’obstine pour sa part dans le recours à la violence pour tenter de briser, avec l’intifada, toute résistance arabe à ses plans d’hégémonie, sinon de nouvelle expansion. Dans cette optique à œillères, Sharon voit dans les événements actuels l’occasion, ou la permission, de frapper le noyau dur de ses ennemis, c’est-à-dire les organisations qu’il qualifie de terroristes comme le Hamas, le Jihad islamique et le Hezbollah. Et il n’hésite pas à exiger des USA qu’ils incluent ces formations dans la liste noire qu’ils ont établie après les attentats du 11 septembre. C’est visiblement à contrecœur, après avoir opposé son veto à plusieurs reprises, que Sharon a laissé Pérès rencontrer Arafat, tout en traitant aimablement ce dernier de «premier des terroristes». Avec l’aide objective des extrémistes palestiniens, plus précisément du Jihad islamique qui a revendiqué une attaque qui a fait trois tués parmi les colons israéliens, Sharon a torpillé le cessez-le-feu conclu entre les deux hommes. Il a riposté par un bombardement de la région de Gaza qui a fauché six Palestiniens. Pour sa part, le président Bush a répliqué en proclamant que la création d’un État palestinien fait partie du paysage géopolitique en perspective, du moment que le droit d’exister d’Israël est respecté. Cette prise de position indispose évidemment Israël. Qui craint qu’en définitive la lutte contre le terrorisme n’entraîne la réalisation de cette paix globale voulue par Madrid. Et la perte de son espoir de garder à jamais une partie des territoires arabes conquis en 1967. Israël pense, et il n’a sans doute pas tort, que la déclaration du président Bush s’intègre dans le plan américain visant à amadouer les Arabes ainsi que l’ensemble du monde islamique, en vue d’agir plus facilement contre les taliban et Ben Laden. Les Palestiniens et les Arabes partagent d’ailleurs ce point de vue. Dans ce sens qu’ils craignent que l’engagement de M. Bush ne soit que d’ordre tactique ponctuel. Et ils demandent dès lors à Washington de préciser sa pensée quant à la création d’un État palestinien, côté date, frontières et capitale. Le gouvernement israélien répète, quant à lui, qu’une telle option ne peut être prise que dans le cadre d’un traité de paix global avec les Arabes. Sharon, répétons-le, joue sur l’appui indirect que lui apportent le Hamas et le Jihad islamique. Soulignant que ces mouvements rejettent l’accord de cessez-le-feu, il y voit un prétexte de ne pas le respecter lui-même. D’autant qu’à l’en croire, il lui appartient de liquider physiquement ces formations qu’il qualifie de terroristes. À moins, et c’est la question-piège qu’il pose aussi bien aux Américains qu’à Arafat ou aux Arabes, l’Autorité palestinienne ne se charge elle-même d’un tel nettoyage. Ce qui, on s’en doute, provoquerait une guerre civile entre les Palestiniens et de profondes césures au sein du monde arabe. Pour ce qui est du Hezbollah, également traité de terroriste par Sharon, la récente réactivation du front de Chebaa offre de toute évidence une ouverture au Premier ministre israélien dans son bras de fer feutré avec Washington. En effet, il peut prendre prétexte des bombardements effectués par le Hezb dans l’enclave occupée, pour tenter d’obtenir des États-Unis qu’ils s’arrangent afin de neutraliser ce parti armé dans des délais déterminés. Faute de quoi, il s’en chargerait lui-même, peut-être par une nouvelle invasion ou des opérations de guerre impliquant également les forces syriennes présentes au Liban. En bref, les sources diplomatiques citées s’inquiètent d’un large embrasement qu’Israël provoquerait sur le front libanais comme dans les Territoires, à la faveur d’une attaque américaine contre l’Afghanistan. Ce serait, pour Sharon, l’occasion d’une fuite en avant idéale destinée à court-circuiter définitivement le projet de paix dans la région. Mais, pour le moment, veulent se rassurer ces mêmes sources, Washington n’est pas du tout disposé à laisser faire Sharon. Car en définitive, pour triompher vraiment du terrorisme, il faut relancer le processus de Madrid. Une forte pression US est donc exercée pour amener tous les protagonistes à la retenue. La question est de savoir combien cet effort d’apaisement peut être efficace.
De toute évidence, plus cela va moins cela va entre les États-Unis et Israël. Où Sharon ne semble pas réaliser que le laxisme américain d’avant le 11 septembre n’est tout simplement plus possible. À Beyrouth, des sources diplomatiques s’interrogent sur une confrontation entre les deux alliés. En se demandant, quand même, lequel des deux finira par infléchir les...