Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Campus électronique : mythe ou réalité ?

Partout dans le monde, l’enseignement à distance va connaître un développement considérable grâce aux techniques numériques. Le campus électronique est possible, de la scolarité élémentaire à l’enseignement supérieur en formation initiale ou en formation professionnelle continue, notamment au moyen de services interactifs faisant appel aux nouvelles techniques de l’information et de la communication. Mais l’université virtuelle est-elle vraiment une recette gagnante ? Il ne fait pas de doute que l’enseignement à distance peut s’avérer un moyen précieux offrant à ceux qui, autrement, n’auraient peut-être pas eu cette possibilité d’accéder à l’enseignement supérieur. Mais pour être couronnés de succès, les programmes d’enseignement à distance doivent être soigneusement planifiés. Ils doivent être suivis par des étudiants hautement motivés et capables de s’imposer une discipline, bénéficier d’un investissement initial substantiel et de l’engagement de la faculté concernée à y consacrer beaucoup de temps. La plupart de ceux qui se font les défenseurs de tels programmes sous-estiment gravement leur coût réel ainsi que leur complexité et la durée nécessaire à l’introduction de la technologie et son utilisation avec succès. L’opinion de responsables politiques selon laquelle l’enseignement à distance peut se substituer aux facultés et que le nombre d’étudiants peut être augmenté, ce qui entraînerait un accroissement de la productivité des établissements, est une vue à court terme, douteuse sur le plan de l’éducation. Avantages de l’enseignement à distance Prouvant qu’elle porte bien son nom, l’AUT (American University Of Technology) s’est tournée vers l’enseignement à distance depuis octobre dernier. «Les étudiants peuvent maintenant suivre cinq cours à travers l’Internet. La technologie est ainsi mise au service de l’homme pour raccourcir les distances. Les différences géographiques et temporelles ne comptent plus», note Ghada Hinain, présidente de l’AUT. La formation universitaire à distance permet aussi bien de maintenir les connaissances à jour que d’acquérir de nouvelles compétences. Elle assure un enseignement de qualité et la poursuite des études dans le respect des obligations personnelles et professionnelles. Des échanges synchrones et asynchrones par courrier électronique entre étudiants et professeurs assurent un suivi personnalisé. Les cours peuvent être suivis à domicile, ou même pendant les heures creuses de la journée, suivant la bonne volonté de l’étudiant. Les cours, dans leur majorité, sont crédités et s’intègrent par là aux programmes universitaires. La majorité des cours de formation à distance offerts sur Internet permettent de cumuler des crédits universitaires. Ils peuvent être suivis par intérêt culturel ou professionnel. L’encadrement pédagogique se fait par téléphone et par Internet. Quant au matériel pédagogique requis, il est assez simple: matériel imprimé, audiovisuel (série télévisée et vidéocassette), Internet, etc. Université virtuelle : tous les avantages de l’université… ou presque ! Les universités virtuelles proposent aujourd’hui plus de 3000 formations qui couvrent tous les niveaux de la scolarité, de l’enseignement élémentaire à l’enseignement supérieur, ainsi que la formation professionnelle continue. L’ensemble des disciplines est couvert par l’enseignement à distance, avec toutes les possibilités du traitement numérique de l’information (Internet, téléformation, cédéroms, visioconférences…). Les réactions sont jusqu’ici très positives : les étudiants ont l’impression d’en avoir pour leur argent, ils sont moins gênés de poser des questions par courrier électronique et ils apprécient le nouveau type de relation qui s’est établi avec leur professeur. Quant au professeur, il trouve les travaux mieux étoffés et mieux écrits. Il est difficile aujourd’hui de prévoir au-delà de cinq ans tant les technologies évoluent rapidement. À l’horizon, les grandes tendances se dessinent. Le Bac virtuel est presque une réalité. Déjà, le taux de réussite est supérieur à celui obtenu en classe. Mais pour les universités, la formation à grande échelle par le biais d’Internet n’est pas pour demain, préviennent les plus réalistes. Les cours collégiaux sont beaucoup plus homogènes que les cours universitaires, font remarquer d’autres. Ce qui marche bien au niveau du collège ne s’appliquera pas forcément aux universités. Le professeur d’université tient à son autonomie et ne s’en remettra pas à un programme défini pour l’ensemble des étudiants. D’autres, moins catégoriques, ne souhaitent pas la disparition de l’université traditionnelle au profit d’une cyber-université. Pour eux, il faut que les professeurs et les étudiants continuent de se rencontrer. Il faut cultiver la culture du groupe et le sentiment d’appartenance. Aux détracteurs, Roy Aoun, directeur du CEC/ISEC, répond: «Les universités virtuelles mondiales viennent déjà par dizaines et suivront par centaines, voire par milliers dans les 5 à 10 ans à venir. Vive la liberté de l’éducation! Nos jeunes auront désormais accès à des choix multiples pour leurs études. L’enjeu sera dans la qualité de la formation, de la reconnaissance locale et internationale, de la réputation professionnelle des diplômés sur le marché du travail, des débouchés d’emploi et du coût des études ». Plusieurs sont de son avis. Les cours virtuels vont accroître l’accessibilité à la connaissance. Il n’y a plus de temps ni d’espace, les gens vont choisir ce qu’ils veulent. En effet, l’idée d’université virtuelle s’appuie sur trois principes généraux: donner un accès universel et équitable à tous; offrir le service à un coût réduit; favoriser l’utilisation de ces nouveaux moyens de communication grâce à des contenus utiles et efficaces. Les universités virtuelles ont laissé entrevoir des avantages réels et multiformes: économie d’échelle, individualisation de la formation, efficacité pédagogique accrue, absence de contraintes géographiques. Enfin, elles ont montré dans la plupart des cas que l’avenir de l’université passe par la révolution technologique, porteuse de valeurs essentielles, de compétence et de progrès. Enjeux présents et futurs Les gouvernements occidentaux semblent persuadés des enjeux futurs et préparent des projets grandioses d’universités virtuelles. Ces gouvernements considèrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication dans le secteur de la formation comme une priorité pour permettre à leurs sociétés de s’engager dans une économie globalisée, d’accroître la productivité des activités existantes et d’en créer de nouvelles. La réflexion est axée aujourd’hui sur les relations futures entre les universités traditionnelles et les universités virtuelles. En général, la tendance est de rompre avec l’approche traditionnelle qui oppose l’enseignement à distance et l’enseignement «présentiel», la formation initiale et la formation continue. Elle appelle au contraire à l’articulation de ces différents éléments afin de permettre à l’apprenant d’accéder aux différents modes d’enseignement. Les universités traditionnelles sont confrontées aux problèmes cruciaux de la réglementation et du sous-financement chronique. Certains considèrent qu’on ne peut atteindre les exigences d’une université virtuelle sans donner aux universités classiques l’accès à des ressources confortables sinon comparables à celles détenues par les universités concurrentes. Cela suppose une volonté politique des pouvoirs publics pour mobiliser les moyens budgétaires correspondant aux missions de service public de l’université. Certains expriment d’une part, leurs doutes face aux discours technologistes sur l’université virtuelle et d’autre part, leurs craintes sur la marchandisation et la globalisation de la formation en-ligne qui a pour conséquence la fin de la suprématie des universités classiques. Ils soulèvent l’importance des coûts des services d’une université virtuelle. Une prise en charge s’avère nécessaire. Elle consiste à mettre en place une politique de formation multiforme. Aucun projet d’université en-ligne ne peut réussir sans un plan de formation-action des différents acteurs du système mis en place. Aucun programme ne peut se réaliser sans la remise en cause des méthodes d’enseignement, des rapports aux étudiants, à la technologie. Enfin, avec l’émergence de l’université virtuelle, les universités classiques entrent dans un contexte de compétition mondiale, qui leur impose de se mobiliser dans le sens d’une coopération qui doit écarter les incompréhensions, les malentendus ou les égoïsmes. L’heure, notamment pour les universités du Liban, n’est pas à encourager des expériences solitaires et ponctuelles. La maîtrise de la formation en-ligne et le développement multimédia et en réseau coûtent fort cher. Ils ne seront abordables qu’en se regroupant ou en permettant le codéveloppement. Celui-ci suppose de nouvelles formes de partenariat qui peuvent réunir les universités avec des institutions universitaires ou des organisations internationales expérimentées afin de mettre en commun les ressources et de rationaliser les prestations de service sur le plan de l’enseignement.
Partout dans le monde, l’enseignement à distance va connaître un développement considérable grâce aux techniques numériques. Le campus électronique est possible, de la scolarité élémentaire à l’enseignement supérieur en formation initiale ou en formation professionnelle continue, notamment au moyen de services interactifs faisant appel aux nouvelles techniques de l’information...