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Actualités - ANALYSES

Expectative tendue à Beyrouth comme dans la région - Spéculations diplomatiques sur les options de Washington

Les États-Unis déclarent la guerre au terrorisme. Dans l’extrême tension provoquée par les événements du 11, Beyrouth, la région et les pays arabes attendent de voir ce qui va se passer. Quelle forme le châtiment des terroristes va-t-il prendre. Le président Bush précise qu’il ne sera fait aucune distinction entre les exécutants et ceux qui les hébergent. Il s’agit donc de savoir comment Washington définit le fléau visé. Et comment il va orienter sa riposte. Va-t-il isoler les auteurs du raid sur Manhattan et sur le Pentagone, pour les punir ? Compte-t-il plutôt élargir le champ de son action, et de sa réaction, à l’ensemble de la nébuleuse qu’il qualifie de terroriste ? Les différents États concernés partagent-ils son acception du terme ? Accepteraient-ils de le soutenir contre tous ceux qu’il désignerait comme ses ennemis ? À ces questions de l’heure, un diplomate arabe accrédité à Beyrouth répond en développant les vues suivantes : – «De toute évidence, remarque-t-il, tout est d’abord lié aux résultats des investigations menées par les services américains ou mondiaux. La cible immédiate c’est l’identification du réseau qui a perpétré les attaques et de tous ses commanditaires ou supports. Tout indique à ce stade qu’Oussama Ben Laden est en ligne de mire. On en fait le principal sinon le seul suspect. Or, nous autres Arabes, mais également plusieurs capitales occidentales, nous restons assez sceptiques à ce sujet. Tout milliardaire qu’il soit, il ne nous semble pas que Ben Laden dispose de la structure nécessaire pour monter des opérations de ce calibre et de cette sophistication technique. On dit qu’il dispose d’un vivier de quelque 5 000 hommes prêts au sacrifice suprême. Mais tous les reportages, tous les documentaires, toutes les analyses de spécialistes montrent que ces éléments ne reçoivent qu’une formation rudimentaire, leur permettant à peine d’apprendre à manipuler un fusil-mitrailleur ou un lance-roquettes d’épaule. Pour la bonne raison qu’ils sont presque tous très jeunes, incultes, quasi analphabètes. Comme les télés mondiales le matraquent à longueur de journée, ces miliciens servent surtout de chair à canon au service des taliban face à Shah Massoud. On peut objecter que Ben Laden dispose d’autres instruments, d’un réseau formé de multiples cellules répandues dans le monde. Il faut le démontrer et démonter cette présumée toile d’araignée. Si les États-Unis parviennent à prouver l’implication de Ben Laden, alors l’Afghanistan se verrait enjoindre de le juger et de le livrer, pour qu’il comparaisse devant un tribunal international. Dans la logique légaliste, chère aux États de droit, c’est la procédure qui devrait être suivie». Et qui exclurait des frappes contre l’Afghanistan, comme le président Clinton en avait ordonné, il y a quelques années. Le diplomate arabe cité reprend : «Cependant, comme ils l’ont laissé entendre en se déclarant en guerre contre le terrorisme, les Américains pourraient vouloir combattre ce mal à la racine, partout dans le monde. Avec, bien évidemment, le concours des autres États, étant donné que nul n’est à l’abri du danger terroriste. Cela suppose néanmoins, est-il besoin de le souligner, qu’il faut une définition commune, logique, irréfutable du terrorisme. Car ce terme est souvent employé d’une manière discrétionnaire, par exemple au sujet d’activités de résistance légitime à une occupation ou à un régime d’oppression. Peut-on de la sorte qualifier de terroristes les organisations palestiniennes qui luttent pour leur cause. Ou encore le Hezbollah, engagé dans une résistance active qui seule a permis au Liban de recouvrer son droit, pourtant reconnu par la légalité internationale. Le terrorisme, dans cette région, n’est-il pas plutôt le fait de l’État hébreu. Et quand il y a de la confusion comme dans les Balkans, en ex-Yougoslavie, au Kosovo, en Bosnie, en Macédoine, en Albanie quelles seraient les formations qualifiées de terroristes par les USA, alors que toutes affirment lutter pour des droits légitimes. Que dire des milices somaliennes ou des groupes ethniques qui se combattent, qui se massacrent, dans toute l’Afrique noire. Faut-il suivre la Russie quand elle traite les Tchétchènes de terroristes. Il ne peut y avoir de front international, répétons-le, sans un consensus préalable sur la classification du terrorisme». Justement, peut-on y arriver ? La personnalité diplomatique arabe citée répond par l’affirmative. «Dans ce sens, indique-t-elle, que les actes perpétrés à seule fin de semer la terreur, en tuant des innocents, en détruisant des biens, méritent d’être combattus par le monde entier. D’autant qu’ils constituent un cycle perpétuel de nuisance, alors que les opérations de résistance prennent fin quand elles ont atteint leur objectif. Le meilleur moyen d’y arriver, dans cette région du monde ou ailleurs comme en Irlande, étant du reste la conclusion d’une paix authentique basée sur des principes équitables comme ceux de Madrid. Ce qui implique également que des puissances comme les États-Unis doivent se garder de toute partialité et de tout hégémonisme inique. Pour ne plus attiser les ressentiments ni s’attirer des attaques que l’injustice US explique, même si aucun acte terroriste ne peut, et ne doit, être justifié».
Les États-Unis déclarent la guerre au terrorisme. Dans l’extrême tension provoquée par les événements du 11, Beyrouth, la région et les pays arabes attendent de voir ce qui va se passer. Quelle forme le châtiment des terroristes va-t-il prendre. Le président Bush précise qu’il ne sera fait aucune distinction entre les exécutants et ceux qui les hébergent. Il s’agit...