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Actualités - ANALYSES

La présence militaire syrienne, un vieux litige avec inversion des rôles

Le conflit sur la présence militaire syrienne remonte aux origines. Sauf que les camps en présence ont échangé leurs rôles. Ceux qui étaient pour sont maintenant contre, et inversement. On sait en effet qu’en 1976, l’Ouest global dominé alors par la coalition palestino-progressiste s’était violemment opposé à l’entrée des forces syriennes. Alors que l’Est les accueillait à bras ouverts. Bien entendu, une fois les Syriens déployés, le différend a porté sur leur retrait. Exigé dès 1978 par le pouvoir officiel libanais pratiquement détenu à l’époque par ce que l’on appelait le maronitisme politique. C’est que les accords Sadate-Begin de Camp David avaient tout changé dans la région. D’amicale, de protectrice pour l’Est, la présence militaire syrienne s’était faite hostile et le canon avait tonné. Finalement, il y avait eu Taëf. Qui avait réglé sur le papier la question. En décidant que la Syrie retirerait ses forces du Liban deux ans après la mise en place du nouveau système. En gardant toutefois la possibilité de garder des positions dans la Békaa en cas de besoin, à titre de défense stratégique et purement militaire. C’est-à-dire que les garnisons syriennes ne devaient pas sortir de leurs cantonnements pour se mêler à la population civile locale. Ni, a fortiori, s’immiscer d’une façon ou d’une autre dans les affaires intérieures de ce pays. Cet arrangement avait reçu la bénédiction de Bkerké. Ce qui lui avait valu des critiques, des offenses même, de la part de certaines fractions chrétiennes ultras. On le sait, une fois le délai légal atteint, James Baker a frappé à la porte pour rappeler l’échéance. Et se faire envoyer sur les roses immédiatement par Damas et par Beyrouth. Qui ont signifié dès ce moment au monde entier que cette histoire ne regardait que les deux gouvernements directement concernés sur le terrain. Malgré le caractère international et arabe du pacte de Taëf. Il est d’ailleurs exact que ce document ne fixe aucune fourchette pour le retrait total. Mais il est également vrai, par contre, que le redéploiement sur la Békaa devait être effectué au plus tard en septembre 1992, date de la démarche de l’ancien secrétaire d’État américain. C’est qu’encore une fois les donnes régionales avaient changé, à la suite de la guerre du Golfe. Et de la dislocation du comité tripartie arabe de suivi. Collant à l’alliance organique avec la Syrie, les autorités libanaises n’ont jamais songé à demander le repli. Et quand on leur pose la question, elles répondent, aujourd’hui comme hier, que la présence des forces syriennes reste nécessaire. En soutenant même, contre l’évidence, qu’elle est également tout à fait légale. Quoi qu’il en soit, il y eut dernièrement un repli visible des environs de Beyrouth comme de certaines parties de la montagne. Mais cette opération a baigné dans le flou. Nul n’a pu savoir avec exactitude sur quelles positions les unités retirées se sont établies, ni quel est le volume des effectifs déplacés. En tout cas, Taëf ne semblait pas en cause. Et depuis lors, la montée incessante des périls dans la région a été mise en exergue pour répéter que le retrait syrien reste hors de question. Il n’empêche que le débat se poursuit entre les fractions locales. Certains réclament le déploiement, d’autres le retrait total au nom de la souveraineté. Et le camp d’en face répond, comme les autorités, qu’il ne faut même pas en parler dans la dangereuse conjoncture régionale présente. Pourtant, les modérés continuent à affirmer qu’il y a toujours moyen de s’entendre. Selon un indépendant, «il faut reconnaître le facteur de nécessité qu’induit le danger israélien. On peut de même admettre que la présence militaire syrienne est légale, dans ce sens qu’elle est approuvée par la légalité de ce pays. Mais en revanche, on doit insister avec force sur le caractère provisoire de cette présence. En fixant, ne serait-ce que sur un plan théorique, un délai raisonnable. Qui pourrait être élastique, en fonction de l’évolution régionale». Selon cette personnalité, il ne serait pas exclu que la Syrie prenne un jour l’initiative de retirer ses forces du Liban, sans même attendre une demande officielle de la part des dirigeants de ce pays. Dont certains ne cachent pas qu’à leur avis, le retrait n’aurait lieu qu’une fois la paix régionale réalisée. Ou même bien plus tard après, comme l’a indiqué une fois le président du Conseil. Mais d’autres responsables pensent que le dossier est lié à des développements locaux ou régionaux indépendants de la paix. Ces divergences de points de vue au sein du pouvoir montrent par elles-mêmes combien le sujet divise. Il n’est pas étonnant dès lors de voir l’un des camps en présence se demander avec inquiétude si le provisoire n’est pas en réalité synonyme de permanent. Un peu dans le même esprit, le manifeste des évêques maronites s’interroge sur le sort des accords de Taëf. Et ajoute : «Le Liban est-il condamné à demeurer sous une perpétuelle tutelle sous prétexte que ses fils s’entretueraient si on les émancipait ?» Toute la question est là.
Le conflit sur la présence militaire syrienne remonte aux origines. Sauf que les camps en présence ont échangé leurs rôles. Ceux qui étaient pour sont maintenant contre, et inversement. On sait en effet qu’en 1976, l’Ouest global dominé alors par la coalition palestino-progressiste s’était violemment opposé à l’entrée des forces syriennes. Alors que l’Est les...