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Actualités - CHRONOLOGIES

Humeur - « Made in Lebanon »

Longtemps encouragé, longtemps vanté comme un plus, le produit «made in Lebanon» se distingue au premier regard. Plus besoin de campagnes publicitaires pour ce faire. Les vacanciers, anciens Libanais qu’ils étaient il n’y a pas si longtemps, aujourd’hui recyclés dans le monde civilisé, et les quelques touristes égarés dans ce pays surprenant n’ont cessé d’être stupéfaits, voire carrément ébahis. Ébahis par nos moyens de transport, un système purement local, véritable hymne à l’improvisation. Se méfier donc des taxis, taxis-service autrefois identifiables par leur marque, Mercedes, aujourd’hui déclinée en haut de gamme, et se méfier également des minivans pleins à craquer, prêts à tout pour prendre un client. Le système est simple : il suffit de voir une ombre bouger au loin, même si elle sort de sa propre voiture, pour que le conducteur se précipite, la main sur le klaxon en point d’interrogation, le doigt levé, code secret, complicité, tu veux ou tu veux pas ? S’ensuit une course sur trois rangs, celui qui ira le moins lentement gagnera le trophée, un client. La concurrence est rude. Il faudrait en effet y ajouter les bus officiels, grosse masse qui roule, qui roule, avec option «pollution de l’atmosphère». Si toutefois quelqu’un aurait éventuellement à se plaindre – sait-on jamais ? –, un numéro de téléphone est affiché clairement au dos dudit bus. Liban, pays de tous les espoirs ! Après avoir été embarqué par le plus vaillant des conducteurs, une nouvelle expérience insolite s’impose. «Dialogue avec un conducteur qui s’ennuie» serait le titre. L’hospitalité libanaise dans ce qu’elle a de plus charmant. Pour un peu, on y servirait le café. La situation, avec analyse politique à l’appui, le fils qui entame sa première année à l’université, la femme qui vient de perdre sa mère. Tout y passe, sous une écrasante chaleur et une voiture renvoyée de fumée. Car conduire est stressant. Régler la circulation l’est encore plus. Au rond-point fort chargé d’une place située au cœur de la ville, le responsable, qui a l’air de faire les gestes qu’il faut, disparaît sans prévenir. Un ami retrouvé. Embrassades sous l’œil stupéfait d’un conducteur qui ne sait plus quoi faire. Il attendra que s’achèvent ces émouvantes retrouvailles ou foncera dans le tas, rien que pour faire taire la symphonie de klaxons entamée autour de lui. La petite course de 10 minutes prendra donc plus d’une demi-heure. Le touriste encore plus égaré songera enfin à se déplacer à pied. Il découvrira alors nos trottoirs «made in Lebanon». Mais ça, c’est une autre histoire... À suivre.
Longtemps encouragé, longtemps vanté comme un plus, le produit «made in Lebanon» se distingue au premier regard. Plus besoin de campagnes publicitaires pour ce faire. Les vacanciers, anciens Libanais qu’ils étaient il n’y a pas si longtemps, aujourd’hui recyclés dans le monde civilisé, et les quelques touristes égarés dans ce pays surprenant n’ont cessé d’être...