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Actualités - OPINIONS

« Tony ne sera pas sacrifié pour rien », affirme Leila Orian

«J’aimais l’armée libanaise», balbutie Leila Orian, qui parvient à peine à respirer sur son lit d’hôpital. La cinquantaine, la mère du militant aouniste Tony Orian, 25 ans, a été sauvagement rouée de coups par les forces de l’ordre devant l’enceinte de la prison de Roumieh où son fils purge une peine d’un mois et demi pour avoir distribué le tract hebdomadaire du général Michel Aoun, le 5 août. Tout ce qu’elle voulait pourtant, c’était être proche de son fils qui est maintenu dans une cellule isolée depuis qu’il a décidé de ne plus manger. D’ailleurs, bien avant le sit-in prévu à 18h, elle avait quitté sa maison de Bsalim tôt dans la matinée pour se rendre à Roumieh, où les membres de l’association Justice et miséricorde, qui possède une permanence non loin de la prison, l’ont accueillie, comme ils le font avec toutes les personnes qui viennent visiter des proches. Mais vers 16h, quand quelques dizaines de militants aounistes ont commencé à affluer devant l’entrée de la prison, elle a été battue, comme tous les autres. Leila a reçu un coup de crosse sur la tête. Elle a tout suite perdu connaissance. La mère du détenu, inconsciente, sera traînée jusqu’à la première voiture. D’ailleurs, c’est son seul regret : «Je voulais rester forte, debout sur mes deux jambes, pour mon fils, mais je suis tombée devant la porte de la prison. Je l’ai sûrement déçu», dit-elle, supportant à peine les tuyaux qui l’aident à respirer. Leila a depuis longtemps des problèmes de santé. Il y a 14 ans, elle avait subi une ablation partielle du poumon. Il y a une dizaine de jours, alors que son fils était en prison, elle avait été victime d’une embolie à la jambe. Hier, elle a été transférée à l’hôpital Abou Jaoudé, où elle a subi plusieurs examens, notamment un encéphalogramme, et où elle a passé la nuit. «Je ne pensais pas qu’on pouvait battre les jeunes. Je voyais cela à la télé. J’ai vu au cours de l’après-midi comment mon propre fils a été battu à plusieurs reprises», dit-elle. Humilier ceux qui défendent l’honneur du pays Pour elle, l’humiliation des coups «n’est rien» comparée aux injures proférées. «Ils parlent aux militants comme s’ils étaient des criminels et pourtant ce sont ces militants, parmi eux mon fils, qui peuvent encore sauver l’honneur de tous les Libanais», indique Mme Orian qui a répété cette même phrase aux gendarmes avant d’être rouée de coups. Leila respecte le choix de son fils et elle le soutiendra jusqu’au bout. Elle jure que «Tony ne sera pas sacrifié pour rien». «Plus que jamais je crois en l’action de mon fils, aux valeurs qu’il défend ; plus que jamais je crois à la liberté, à la souveraineté», indique-t-elle d’une voix tremblante. Elle poursuit : «L’injustice n’est pas éternelle». L’occupation non plus. «Les Ottomans ont gouverné le Liban durant quatre siècles...», mais Leila n’achève pas sa phrase. Une autre idée lui passe par la tête, la prend à la gorge, lui amène des larmes aux yeux : «Ce sont des Libanais qui nous rouent de coups, qui nous piétinent, qui emprisonnent nos enfants». La mère du détenu a passé la nuit à l’hôpital. Pourtant, elle était décidée à se rendre à Roumieh aujourd’hui pour voir son fils. «Et ceux qui m’ont rouée de coups m’indiqueront le chemin à prendre pour visiter Tony», relève-t-elle, décidée. Joseph Orian, le père du prisonnier, a été informé de l’incident vers 19h, à la demande de sa femme «pour qu’il ne soit pas surpris par les nouvelles de 20h», explique Leila. Joseph est pâle. Tout comme son épouse, il soutiendra Tony jusqu’au bout. Indiquant que son fils a été arrêté huit fois déjà, Joseph, la soixantaine, souligne qu’il n’a jamais voulu lui rendre visite en prison. «Je refuse de voir Tony humilié», dit-il. Il savait que son épouse, en allant à Roumieh, s’exposait à tous les risques. Les lèvres tremblantes, il lance : «Rien ne peut les arrêter». L’état de santé précaire de Mme Orian n’a pas découragé hier les forces de l’ordre, relevant de la gendarmerie d’Antélias, qui ont voulu effectuer «un travail de routine», selon eux. «Nous avons besoin de sa déposition», ont-il insisté auprès des proches et des médecins qui administraient les premiers soins à la mère du prisonnier, aux urgences de l’hôpital...
«J’aimais l’armée libanaise», balbutie Leila Orian, qui parvient à peine à respirer sur son lit d’hôpital. La cinquantaine, la mère du militant aouniste Tony Orian, 25 ans, a été sauvagement rouée de coups par les forces de l’ordre devant l’enceinte de la prison de Roumieh où son fils purge une peine d’un mois et demi pour avoir distribué le tract hebdomadaire...