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Actualités - CHRONOLOGIES

Libertés - Sit-in de soutien à Tony Orian devant la prison de Roumieh - Les FSI se déchaînent contre les militants aounistes

Des jeunes battus à l’aide de drapeaux libanais; une mère et des jeunes femmes rouées de coups par les Forces de sécurité intérieure (FSI); un sit-in dispersé par la force : tel est hier le triste bilan de l’initiative pacifique du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) consistant en une manifestation devant la prison de Roumieh pour soutenir la grève de la faim entamée la semaine dernière par un des trois militants aounistes encore détenus, Tony Joseph Orian. L’idée d’installer une tente devant la prison de Roumieh avait germé dans l’esprit des amis de Tony dès dimanche soir, mais avait été reportée pour le lendemain. Vers 16h hier, les étudiants aounistes, quelque vingt-cinq personnes, se sont rassemblés devant la prison, avec des drapeaux libanais et une pancarte reproduisant le message adressé samedi par Tony Orian au peuple libanais. Une seule phrase avait été ajoutée par le CPL, au feutre, en gros caractères : «Du prisonnier de la liberté aux prisonniers de la nation». Avec les manifestants, des proches d’Orian, sa mère, sa fiancée, la mère d’un autre détenu et le responsable de la section estudiantine du CPL, Tony Harb. Selon les aounistes, l’accueil aurait été plutôt favorable au début. Mais, progressivement, les Forces de sécurité intérieure (FSI) se sont déployées devant la prison. Le colonel Moghabghab, responsable des 60 hommes en uniforme, intime aux aounistes, rassemblés devant le kiosque de l’association Justice et miséricorde, à l’entrée de Roumieh, de quitter les lieux : «Partez, sinon vous aurez droit à quelque chose qui ne vous plaira pas». Il aurait également incité l’association a fermer le kiosque. Puis, selon les aounistes, il aurait ajouté, quelques instants après : «Les détenus de Denniyé vont arriver dans quelques minutes, et si vous restez, vous aller provoquer des émeutes. Pour moi, les détenus qui ont réclamé le retrait des forces syriennes sont aussi coupables que les assassins incarcérés». Le colonel Moghabghab aurait aussitôt donné l’ordre aux FSI de disperser les manifestants. Mais depuis les événements des deux dernières semaines, il en faut plus pour impressionner les aounistes, d’autant plus que la plupart des manifestants font partie des personnes arrêtées à Antélias le 7 août et relaxées le 20. La mère de Tony Orian répond au colonel des FSI que «nul n’a l’intention de vider les lieux» et qu’elle veut voir son fils, ce qui provoque la colère de l’officier, selon un manifestant qui a assisté à la scène. Le responsable hausse le ton en s’adressant à Mme Orian, ce qui incite une jeune aouniste à intervenir. S’adressant au colonel, elle lui dit : «Arrêtez de crier, cette femme a de sérieux problèmes de santé». Le colonel la gifle à toute volée, lui coupant la parole. La mère d’Orian, outrée par le comportement du colonel, réagit : «Ce sont ces jeunes Libanais, comme mon fils, qui peuvent encore sauver l’honneur du pays». L’un des gendarmes l’aurait alors frappée avec la crosse de son fusil et elle se serait écroulée par terre, inconsciente. Durant les échauffourées avec les agents de l’ordre, Paul Bassil se voit confisquer son drapeau libanais. Les gendarmes s’en servent ensuite pour le frapper sur la tête, lui et d’autres jeunes. Les FSI somment les journalistes de quitter les lieux et les photographes de remettre leurs pellicules. Le journaliste de la MTV se voit contraint de remettre son film. La mère d’Orian est transportée d’urgence à l’hôpital Abou Jaoudé, à Jal el-Dib, devant lequel un sit-in spontané est organisé par le CPL, sous la surveillance de dizaines de SR en civil. En cellule isolée De son côté, Tony Orian a poursuivi hier sa grève de la faim, subissant en outre une pression psychologique énorme exercée par ses geôliers, selon ses proches. «Il est toujours détenu dans une cellule isolée, ils lui ont ôté tous ses habits, à l’exception de son sous-vêtement. Il n’a ni lit ni matelas pour dormir», affirme sa fiancée. Selon le prêtre qui officie à Roumieh, sa tension artérielle est tombée à 6. Il n’a pas été autorisé à recevoir la visite de ses proches ou de ses avocats. Un médecin de la prison l’aurait ausculté, mais on aurait empêché un médecin envoyé par ses proches de vérifier son état de santé, qui serait en détérioration continue. «Le but est de le pousser à interrompre sa grève», estimé sa fiancée. Mais Orian entend continuer «jusqu’au bout, jusqu’à ce que les responsables des tabassages devant le Palais de justice et au ministère de la Défense soit sanctionnés». Selon certaines informations, les deux autres détenus, Tony Harb et Maroun Nassif, auraient à leur tour entamé une grève de la faim. «Traitez Tony dignement et laissez-le prendre ses décisions librement», ont demandé «les amis de Tony Orian» dans un communiqué, en réclamant «la formation d’une commission médicale indépendante pour le suivre durant sa grève». Contacté par L’Orient-Le Jour, l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, a résumé ainsi la situation : «Au moment où des jeunes se font tabasser par les FSI et où on empêche la MTV de faire son travail, le ministre de la Culture Ghassan Salamé disserte d’une manière académiquement irréprochable sur le dialogue et le Premier ministre Rafic Hariri appelle aux respects des droits de l’homme. Comment faire pour concilier les deux ?».
Des jeunes battus à l’aide de drapeaux libanais; une mère et des jeunes femmes rouées de coups par les Forces de sécurité intérieure (FSI); un sit-in dispersé par la force : tel est hier le triste bilan de l’initiative pacifique du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) consistant en une manifestation devant la prison de Roumieh pour soutenir la grève de la faim entamée...