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Actualités - CHRONOLOGIES

FESTIVAL AYLOUL - FORUM 2001 - Création autour des différents « Visages de la vérité »

Et de cinq pour le Festival Ayloul dont l’édition 2001 se déroulera cette année du 8 au 13 septembre. Au menu, des projets forts et déboussolants, du tout-moderne, de l’avant-garde. Théâtre, danse, conférences animées et illustrées, installations et vidéo… tout est gratuit et regroupé comme d’habitude dans un même secteur de Beyrouth, de manière à permettre au public de se déplacer à pied. Le Festival Ayloul – Forum 2001 aura pour thème «Les Visages de la vérité». Vérité et imaginaire, vérité et image, vérité et solitude, vérité et mort, vérité et sexualité, vérité et justice… chaque artiste abordera le sujet à sa manière, suivant l’angle qui l’intéresse et le concerne le mieux. Fondatrice et directrice du festival, Pascale Féghali souligne que «maintenant qu’Ayloul a un public fidèle qui l’accompagne et le suit, nous pouvons nous permettre, de plus en plus, de choisir une programmation plus radicale et plus élitiste. Présenter ce qu’il y a de plus nouveau actuellement dans le monde». – La compagnie italienne Fanny and Alexander s’est constituée en 1992 et a déjà à son actif une quinzaine de spectacles. Elle présente Ponti in Core, une pièce originale dont le décor est un théâtre de forme ovale qui ne peut contenir que 24 spectateurs. Le public est légèrement surélevé par rapport à la scène, qu’il entoure et surplombe quelque peu. Au centre, deux comédiens qui se livrent à de drôles d’occupations. On a d’abord l’impression d’assister à une séance d’anatomie. Puis à un jeu de cartes, à des rites funéraires, etc., avec beaucoup d’accessoires. Le tout, sur fond de voix off, en anglais, «qui contredit un peu ce qu’ils font. Le point fort de cette compagnie est le rapport à l’espace», souligne Pascale Féghali. «On ne sait pas exactement où l’on est, et cela est dû à la disposition spéciale des places et de la scène». Résultat : une ambiance très particulière et un dépaysement total. Silicone de la jeune metteur en scène Abla Khoury (Liban) met en scène cinq personnages, et des situations populaires en rapport avec l’éducation des enfants et les choses dites et répétées à longueur d’enfance par les parents et adultes. Abla Khoury utilise un langage assez absurde et va loin dans ce qu’elle a à dire. Le visuel est travaillé de manière très intéressante et le décor, à la verticale, consiste en une espèce d’échafaudage. Silicone est une pièce à la fois très fraîche et très touchante, qui s’appuie aussi sur une vidéo, et qui, surtout, ne ressemble à rien qu’on ne connaisse déjà. Danse/performance et danse/théâtre La danse/performance est une nouvelle tendance qui sévit actuellement dans certains pays d’Europe, du Nord essentiellement : les danseurs, qui sont pourtant souvent de grands chorégraphes, ne dansent presque plus sur scène. Par contre, ils parlent d’eux-mêmes ou racontent des histoires. La danse devient donc très humaine. Ayloul accueille cette année deux chorégraphes appartenant à cette nouvelle tendance et vivant tous les deux à Berlin : Xavier Le Roy (France) et Thomas Lehmen (Allemagne). Le Roy a fait une thèse en biologie cellulaire et s’est beaucoup intéressé au cancer du sein, aux virus, aux bactéries… Intitulé Produit de circonstances (Product of Circumstances), son spectacle commence par une projection de diapositives. Seul sur scène, ce danseur atypique «qui a un corps d’une souplesse presque anormale, extraordinaire» explique, à l’assistance médusée, le cancer du sein… Mais au fur et à mesure que le temps passe, on comprend qu’il raconte, en fait, sa propre histoire… Thomas Lehmen, lui, est allemand. Il commence par faire de la musique contemporaine, dans les années 70, puis prend des cours de danse à Amsterdam. Il s’installe ensuite en Allemagne et travaille avec de grands chorégraphes comme Sasha Waltz et Mark Tompkins. Son spectacle Distanzlos (danse et distance) se situe entre danse, performance et conférence. L’artiste y aborde, entre autres, ses échecs, toutes les choses qu’il n’a pas pu faire dans sa vie. Il évoque aussi les mécanismes de la danse, les coulisses, avec une bonne dose d’ironie. Conférences et installations À signaler que Xavier Le Roy et Thomas Lehmen donneront une conférence animée lundi 10 septembre, à 19h, au Théâtre al-Madina. Une autre tendance actuelle de la danse, qui concerne surtout la partie sud de l’Europe, est la danse/théâtre. La compagnie espagnole General Electrica nous en donnera une belle démonstration avec son spectacle Paradise. C’est l’histoire de cinq personnages qui vivent dans une grande ville et… une solitude extraordinaire. Ils se retrouvent dans une boîte de nuit, le Paradise. Chacun essaye d’attirer l’attention sur lui, et c’est à celui qui ira le plus loin. Une pièce où transparaît, derrière la provocation, un grand désespoir. Côté conférence, deux rendez-vous forts mais très différents : – L’intervention du juriste libanais Chibli Mallat portera sur «La Vérité et la justice». Il évoquera, dans un langage non académique, plusieurs cas dont le procès intenté à Ariel Sharon. Documents visuels, anecdotes et film à l’appui. – L’architecte sri lankais Chelvadurai Anjalendran donnera une conférence sur le thème «Guerre et architecture». Anjalendran a fait ses études à Londres puis a travaillé dans son pays, où, dans les années 60, l’importation de beaucoup de matériaux avait été interdite à cause de la guerre. Une nouvelle architecture s’est alors développée, avec les matériaux locaux et disponibles. L’architecture au Sri Lanka s’intègre avec beaucoup d’harmonie et de finesse à l’environnement. Chelvadurai Anjalendran a réalisé de grands projets et développé toute une vision, entre tradition et modernité. Sa conférence s’appuiera sur 200 diapositives et soulignera la modestie de l’architecture devant l’environnement, au Sri Lanka. Elle passe presque inaperçue dans la nature et la verdure. Le Festival Ayloul – Forum 2001 a fait appel cette année à plusieurs architectes, dont Mona Hallak, qui présentera son installation Faces perdues dans l’ancien restaurant Le Grenier, à Aïn Mreyissé. Hallak travaille sur l’image actuelle de Beyrouth à travers le sens du mot «perdu», dont elle a cherché toutes les définitions dans le dictionnaire. Dans son exposé, elle utilise également des diapositives. Par ailleurs, la jeune architecte donnera une conférence où elle fera part au public d’une découverte pas banale, dans un vieil immeuble de la capitale. Une histoire personnelle, ponctuée d’anecdotes, à travers laquelle se dévoilent plusieurs aspects du vieux Beyrouth. Paola Yaacoub (Liban) et Michel Lasserre (France) sont eux aussi architectes. Ils ont exposé plusieurs fois à l’étranger, ont participé deux fois à la Biennale de Venise, ont travaillé à Paris… Pour Ayloul, leur installation en deux parties intitulée Al Manazer (film, photographies et bande-son) aura pour cadre le Goethe Institut (Manara) et l’immeuble Hammoud, en face du Holiday Inn – Saint-Charles. Al Manazer est une installation assez engagée, qui s’organise autour de trois axes : les édifices de Beyrouth dont la construction est indéfiniment retardée ; les paysages élégiaques du Liban-Sud, et les narrations de brancardiers et leurs expériences de la guerre. Et à travers tout cela, la situation politique actuelle du pays qui transparaît. Paola Yaacoub et Michel Lasserre donneront également une conférence autour de leur travail. Vidéo et performance musicale Le Cousin est une vidéo du journaliste syrien Mohammed Ali Atassi. Il rencontre le leader politique syrien Riad Turk qui vient d’être libéré, après 17 ans d’incarcération en cellule isolée. Turk n’a jamais été jugé. Fragments d’un dialogue entre Atassi et Turk, qui parlent de la situation actuelle. Portrait d’un homme déconnecté de tout, déboussolé dans son rapport avec sa famille et avec le temps. Un film très touchant. Tracey Rose est une jeune artiste sud-africaine de 27 ans, très engagée, dont le succès international ne cesse de s’affirmer et de se confirmer. Ses performances avec installations et vidéos intéressent, interpellent. Tracey Rose a beaucoup travaillé sur la situation politique et la violence en Afrique du Sud. Le public libanais la découvrira à travers performance musicale très animée, en solo, intitulée The hope I hope (L’espoir que j’espère). Enfin, comme chaque année, le Festival Ayloul se clôturera par une grande fête au Sporting Club, jeudi 13 septembre, vers minuit (après le spectacle Silicone de Abla Khoury ). Tout le monde est invité. Restent les remerciements. Qui vont «à nos trois fidèles sponsors qui nous soutiennent depuis le début, et sans qui Ayloul ne pourrait pas continuer : le ministère de la Culture, la Commission européenne et la Banque Libano-Française», insiste Pascale Féghali, «ainsi qu’à tous nos collaborateurs : la fondation hollandaise Prince Claus pour la culture, la fondation Issam Farès, la Commission de la francophonie, l’AFAA (Association française d’action artistique ), le Goethe Institut et l’Institut Cervantès».
Et de cinq pour le Festival Ayloul dont l’édition 2001 se déroulera cette année du 8 au 13 septembre. Au menu, des projets forts et déboussolants, du tout-moderne, de l’avant-garde. Théâtre, danse, conférences animées et illustrées, installations et vidéo… tout est gratuit et regroupé comme d’habitude dans un même secteur de Beyrouth, de manière à permettre au public de se...