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Actualités - CHRONOLOGIES

Justice - Interrogé par le juge, le général aurait nié la plupart des accusations - Mandat d’arrêt contre Lteif et 15 autres détenus

Pendant près de deux heures trente, le brigadier à la retraite Nadim Lteif a été interrogé par le juge d’instruction militaire Abdallah Hajj, en présence de son avocat et du représentant du conseil de l’Ordre. Selon les rares informations communiquées – il est bon de temps en temps de se souvenir du principe du secret de l’instruction –, l’atmosphère de l’interrogatoire était sérieuse mais courtoise. Ce qui, apparemment, ne fut pas le cas lors de l’enquête préliminaire… Mais de toute façon, Lteif fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt. Le scénario commence à prendre forme et la justice son rythme de croisière. Après un long interrogatoire (plus de deux heures), le juge d’instruction militaire Abdallah Hajj a émis un mandat d’arrêt à l’encontre du général à la retraite Nadim Lteif pour des crimes pouvant entraîner des peines allant de 3 à 15 ans de prison. Pourtant, selon les rares informations ayant filtré, le général – lui-même ancien chef de la police judiciaire et donc expert en matière d’interrogatoires et ancien responsable au sein de la Sûreté générale, de plus un homme dont l’intégrité n’a jamais été mise en doute – aurait nié devant le juge la plupart des accusations portées contre lui. Cinq au total, qui évitent soigneusement les crimes graves comme si, dans un ultime souci de crédibilité, le juge n’a pas voulu trop charger son inculpé. « Cinq inculpations mon général… » Le brigadier Lteif est donc accusé d’avoir incité à la rébellion, participé à des rassemblements et à une association non autorisés, contribué à l’élaboration de tracts et de slogans menaçant l’ordre public, cherché à porter atteinte aux relations du Liban avec un pays frère et enfin aidé à la propagation d’informations visant à détruire le moral de la population et à affaiblir le sentiment d’appartenance à la nation. Autant d’accusations qui se résument en une phrase : le brigadier a dérangé le régime en place. Ce que, d’ailleurs, il ne semble pas avoir nié, d’autant que dans les inculpations, il n’a pas été question de participation à un vaste complot de déstabilisation ou de contact avec l’ennemi. Sa première nuit aux arrêts du Palais de justice, le brigadier, qui, depuis son passage à la retraite, s’était reconverti dans le droit et était devenu membre du conseil de l’Ordre – d’où l’intérêt particulier porté à son cas par le bâtonnier Michel Lyan qui a chargé Me Nabil Toubia de suivre le dossier –, l’a passée dans le calme. Et c’est un homme en possession de tous ses moyens qui a comparu vers 14 heures devant le juge d’instruction militaire. Lteif était d’abord accompagné de Me Henri Lahoud qui s’est retiré au milieu de l’interrogatoire pour être remplacé par Me Sélim Azar. Selon les informations qui nous sont parvenues, le juge l’appelait courtoisement «mon général» et l’interrogatoire s’est déroulé dans les règles légales en présence du représentant du conseil de l’Ordre, Me Toubia. Des pressions morales… Se basant sur l’enquête préliminaire, le juge a interrogé le général sur les événements de Kahalé et ce dernier a nié y avoir été mêlé. Il a précisé avoir participé à la messe de Deir el-Qamar et à celle de Damour, mais il n’était pas à Kahalé. Il a reconnu avoir participé à des réunions pour préparer certaines activités, mais il n’a pas été beaucoup plus loin. Par contre, selon certaines sources, il se serait plaint au juge des pressions morales exercées sur lui pendant la période de sa détention à Yarzé. Les soldats chargés de sa sécurité et ceux qui l’ont interrogé n’auraient pas respecté les règles de courtoisie dues à un général. Mais enfin, devant le juge la situation était différente. La procédure judiciaire va donc se poursuivre puisque sitôt l’interrogatoire achevé, le juge Abdallah Hajj a émis un mandat d’arrêt à son encontre. Dès que l’acte d’accusation sera bouclé, Lteif sera déféré devant le tribunal militaire et selon les articles du code pénal cités dans l’inculpation, il risque une peine allant de trois à 15 ans de prison avec possibilité d’allègement. Le même juge a aussi interrogé 15 membres du courant aouniste et des Forces libanaises qui avaient été déférés devant lui la veille. Il a émis à leur encontre des mandats d’arrêt. Il s’agit notamment de Charbel Abi Akl, Selmane Samaha, Hekmat Dib (membre de l’Ordre des ingénieurs), Patrick Mestahi et Nader Nader, en plus de Élie Saber, Joseph Wannis, Rami Nahas, Élie Abirached, Alfred Khairallah, Dimitri Hassoun, Paul Hakim, Rabih Awad, Chahid Daaboul et Oussama Daya. Le cas de Roger Haddad et Mansour Fadel est quelque peu différent, les deux hommes ayant été déférés devant le juge pénal unique de Beyrouth Tanios Ghantous qui, après avoir achevé son instruction, avait accepté une remise en liberté sous caution des deux inculpés. Mais le parquet de Beyrouth a interjeté appel et les jeunes gens sont encore en détention et attendent le verdict du juge annoncé pour le 23 août. L’ensemble du corps judiciaire ayant été mobilisé dans cette affaire, c’est l’avocat général du Mont-Liban, Chawki Hajjar, qui a requis des poursuites contre Georges Alam pour adhésion à une association dissoute et participation à un rassemblement visant à troubler l’ordre public. En somme, la plupart des accusations portées contre les personnes arrêtées sont mineures et les peines, sauf pour Lteif, qui est considéré comme un responsable, ne peuvent dépasser les trois années de détention. Reste le cas du Dr Toufic Hindi, toujours au secret à Yarzé, même s’il a pu recevoir hier des vêtements et quelques effets personnels. Selon le procureur général Adnane Addoum – visiblement l’homme-clé dans cette affaire –, il devrait être déféré très prochainement (aujourd’hui est un jour férié, ce sera donc probablement pour jeudi ou vendredi au plus tard) devant le parquet militaire pour contact avec l’ennemi israélien. Ce qui compliquerait la situation…
Pendant près de deux heures trente, le brigadier à la retraite Nadim Lteif a été interrogé par le juge d’instruction militaire Abdallah Hajj, en présence de son avocat et du représentant du conseil de l’Ordre. Selon les rares informations communiquées – il est bon de temps en temps de se souvenir du principe du secret de l’instruction –, l’atmosphère de...