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Actualités - CHRONOLOGIES

Cérémonie - Lever du voile aujourd’hui à Chebanyeh sur une statue de l’ancien chef d’État - Élias Sarkis, le président solitaire

La Fondation Élias Sarkis organise aujourd’hui à Chebanyeh, une cérémonie de lever du voile sur une statue de l’ancien président. Plusieurs personnalités politiques notamment l’ancien ministre Fouad Boutros, le vice-président du Conseil Issam Farès, le ministre Marwan Hamadé, le député Walid Joumblatt, et le neveu de l’ancien président, Karim Sarkis, prendront la parole, à cette occasion, pour rendre hommage à l’ancien chef de l’État. «Nous avons toujours critiqué nos présidents, nous les avons toujours mal aimé, et par la suite nous l’avons regretté». Ces propos, sont ceux du père Joseph Mouannès ancien recteur de l’Usek, qui s’offusque encore à l’idée qu’on ait pu altérer l’image de feu le président Élias Sarkis. À travers un documentaire qu’il a produit et diffusé le dernier jour du mandat du président Sarkis, père Mouannès a voulu réhabiliter l’image de cet homme, celui qui fut «son grand ami». «Il avait une dimension d’héros dans une cité saisie par la folie» dira de lui le père de l’Usek. «Son credo : ne pas céder à cette folie. Il était l’enfant de l’indépendance , c’est-à-dire d’un Liban pluriel. C’est un peu ce que j’ai voulu faire ressortir dans ce film». Accusé de passivité, de lâcheté même, le président achèvera son mandat dans l’amertume, dans l’incompréhension la plus totale. Les uns et les autres lui reprochaient son attentisme : au fond, de ne pas prendre fait et cause pour eux. Ce n’est qu’à titre posthume que les Libanais reconnaîtront la valeur de l’homme d’État qu’il fut, l’homme du dialogue par excellence. Ceux qui l’avaient côtoyé de près savaient pourtant que les accusations qui lui avaient été portées étaient dénuées de tout fondement. «Il était aux antipodes des personnes populistes» dit Karim Pakradouni, conseiller d’Élias Sarkis durant son mandat. «Son mérite est qu’il a refusé l’égoïsme politique des politiciens. Il s’est sacrifié, pour sauver l’essentiel du Liban, son indépendance et surtout, la coexistence» . «Ce n’est pas un homme de complaisance», ajoute Carlos Khoury, directeur général à la présidence sous son mandat. «Il aimait passer aux actes sans donner de l’importance aux paroles. Ce n’était pas un politicien qui perdait son temps en discours». À son élection, en mai 76 par un Parlement qui avait siégé sous une pluie d’obus, la guerre faisait rage. Tout au long de son mandat, Élias Sarkis a mené un véritable jeu d’équilibriste entre les différents protagonistes en présence, ayant toujours à l’esprit le souci de sauvegarder l’unité du pays. «Tout le monde doit comprendre que je ne peux gouverner le Liban avec la moitié des Libanais contre l’autre moitié», disait-il. Ne disposant d’aucun instrument de pouvoir, il devait se contenter d’entreprendre d’infructueuses médiations. «Il a toujours tenu le langage de la sagesse face à trois enjeux fondamentaux au Proche-Orient : le pétrole, le problème palestinien, et la paix avec Israël, une situation qui fragilisait un Liban déjà affaibli par ses dissensions internes», rappelle le père Mouannès. «Il a hérité une présidence sans République, une République sans État, et un État sans armée». C’est par ce tableau tragique que Karim Pakradouni décrit la situation problématique dans laquelle s’était embarqué le nouveau président. Assurément, il se trouvait dans une situation de faiblesse. «Quand il était attaqué par les Palestiniens, il était dérangé, bien sûr. Mais le plus terrible, c’est lorsqu’il était attaqué à sa droite, par les siens. Il réalisait alors que ces derniers n’avaient rien compris à son message, celui de l’indépendance du Liban. Et c’est ce qui le chagrinait le plus», poursuit son ancien conseiller. Pourtant ses décisions ne manquaient pas de courage. Œuvrant sans cesse à la cessation des hostilités, le président avait toujours exprimé son refus de la présence armée palestinienne. Le plan de paix signé à Ryad en 1976 reflétait cette volonté de mettre fin à l’expansionnisme palestinien. En outre, «il avait rendu caducs les accords du Caire en acceptant les résolutions 425 et 426 de l’Onu», explique M. Pakradouni. C’est avec ce même esprit d’indépendance qu’il avait cherché à traiter avec les Syriens, avec lesquels il entretenait «un rapport d’excellence», mais non moins équilibré. Père Mounnès affirme à ce propos que tout chéhabiste qu’il était, Élias Sarkis avait toujours refusé de signer n’importe quel accord qui porterait atteinte à l’intérêt ou à la souveraineté du Liban. Interrogé à ce sujet, M. Pakradouni répond en disant que malgré les multiples rencontres que le président avait eues avec son homologue syrien, et bien que son ministre des Affaires étrangères s’était réuni périodiquement avec le ministre syrien, aucun accord de type «privilégié» ou «bilatéral» n’avait pu être arraché par les Syriens à l’époque. «Il refusait d’accepter certaines demandes, comme celle de désarmer les milices chrétiennes, tant que la FAD (Force arabe de dissuasion) n’avait pas réussi à désarmer l’OLP», rappelle Carlos Khoury. «Bref, ce n’était pas un homme qui cherchait sa gloire, mais l’intérêt de son pays. Il était méconnu. Il ne l’est plus». Ce n’est pas tout à fait l’avis de M. Pakradouni qui estime qu’Élias Sarkis ne fait pas encore l’unanimité». Le jour où tous les Libanais accepteraient le Liban comme nation indépendante et souveraine, alors il y aura consensus autour du président Sarkis».
La Fondation Élias Sarkis organise aujourd’hui à Chebanyeh, une cérémonie de lever du voile sur une statue de l’ancien président. Plusieurs personnalités politiques notamment l’ancien ministre Fouad Boutros, le vice-président du Conseil Issam Farès, le ministre Marwan Hamadé, le député Walid Joumblatt, et le neveu de l’ancien président, Karim Sarkis, prendront la...