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Actualités - OPINIONS

En un an, le nombre de demandes de visas a doublé - L’émigration libanaise au Canada en hausse

Ils quittent leur foyer pour un autre continent et passent 14 à 22 heures, au moins, entre aéroports, avions et escales qui peuvent durer jusqu’à 13 heures d’attente, et ils paient entre 1100 et 2000 dollars pour un billet aller simple et une demande de visa d’immigration afin de traverser mers, terres et océan. Pour les Libanais, le Canada est devenu une sorte de pays de Cocagne. Il faut faire la différence cependant entre les visas d’émigrant et les visas de visiteur. Les demandes de visas de visiteur, d’étudiant et de travailleur temporaire qui ont été présentées par des Libanais à l’ambassade canadienne, en Syrie ou au Liban, ont doublé en un an. Le nombres est passé, selon les estimations de l’ambassade, à 10506 en l’an 2000. Elles n’étaient que 5422 en 1999 et 4195 en 1998. Dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour, M. Lajos Árendás, conseiller politique et attaché culturel près l’ambassade canadienne au Liban, a indiqué qu’il existe «à peu près 250 000 Canadiens d’origine libanaise qui résident au Canada et environ 50 000 personnes de nationalité canadienne qui vivent au Liban» L’immigration libanaise au Canada remonte à l’époque d’avant-guerre mais elle a atteint son acmé au début des années 90. Au cours de la dernière décennie, des familles entières émigraient vers le Canada à la recherche de meilleures conditions de vie. À l’époque, l’ambassade canadienne émettait beaucoup plus de visas aux familles qu’aux célibataires. Mais en quatre ans, le nombre de familles est resté stable. Aujourd’hui, ce sont plutôt les célibataires qui vont à la chasse aux visas : en 1996, la chancellerie canadienne a accordé 386 visas aux travailleurs et 746 aux familles. En l’an 2000, elle donnait 466 visas aux immigrants indépendants et 513 pour les familles. Les employés qualifiés libanais sont de plus en plus acceptés. En 1996, 202 dossiers de main-d’œuvre qualifiée ont été présentés contre 738 en l’an 2000. Les dossiers des familles sont demeurés relativement stables durant ces quatre années ; les chiffres varient entre 441 et 679 dossiers. Ce sont surtout les jeunes qui cherchent à obtenir un visa, pour les études ou pour du travail. L’important est de quitter le Liban, «car il n’y a pas d’avenir pour nous dans ce pays», affirme un jeune immigré libanais au Canada. M. Árendás dément catégoriquement les accusations suivant lesquelles le Canada serait responsable de la fuite de cerveaux. «On ne vole personne», dit-il. «Nous sommes un pays d’immigration et c’est le choix de la personne si elle décide de changer de pays. Ce n’est pas une question de piège», dit-il. Si on examine de près la loi canadienne en vigueur, on remarque que ce pays d’Amérique du Nord n’encourage pas la fuite de cerveaux : les étudiants libanais au Canada n’obtiennent pas la nationalité, même s’ils ont suivi des études durant cinq ans dans les universités canadiennes. Il y a à noter que n’importe quel étranger devrait passer 3 ans, au moins, au Canada pour devenir Canadien. L’étudiant libanais doit rentrer au Liban et remplir une demande d’émigration à l’ambassade canadienne. Ce n’est pas facile de quitter son pays une première fois, comment alors le quitter une deuxième fois ? Canada, États-Unis et Australie Malgré toutes les difficultés financières et morales que peut engendrer l’émigration, le nombre de demandes de visas que reçoit l’ambassade du Canada au Liban augmente de 1000 formulaires chaque année. Certains partent pour de bon, d’autres pour les vacances. «Je vais rester un mois au Canada. J’y vais pour visiter mes grands-parents, mes tantes et mes cousins. Toute ma famille vit là-bas…», raconte une femme interrogée à l’aéroport de Beyrouth. Les mois de mai, juin, juillet et août connaissent le taux le plus élevé de demandes de visas de visiteurs, d’étudiants et de travailleurs. Mais durant ces trois dernières années, août a connu une importante croissance : 338 demandes en 1998, 619 en 1999 et 709 en l’an 2000. Plusieurs facteurs ont poussé les Libanais à l’émigration «mais c’était surtout la guerre civile qui a joué le plus grand rôle» précise M. Árendás. Et plusieurs facteurs ont incité les immigrés à s’installer au Québec. Le critère de la langue était le plus important. Chacun choisit la province selon ses affinités. «Au début, la majorité des immigrants était des chrétiens francophones qui s’étaient installés à Montréal. Les musulmans qui parlaient plus couramment l’anglais ont préféré vivre à Toronto. Et étrangement, nous remarquons que les druzes du Liban ont choisi Edmonton, dans la province de l’Alberta, pour s’y installer», explique M. Árendás. Cette préférence linguistique est donc «une question culturelle». Il estime que «les Libanais ont une très bonne réputation au Canada». «Ils sont très débrouillards. D’ailleurs plusieurs représentants au Parlement canadien sont d’origine libanaise», ajoute-t-il. Nous pouvons citer, entres autres, le député Marc Harb et le sénateur Pierre De Bané qui ont beaucoup fait pour que quatre millions de dollars canadiens soient investis pour le Sommet de la francophonie au Liban. Des familles entières vivent depuis plus de dix ans au Canada. Une nouvelle génération libano-canadienne est apparue. Et, il existe jusqu’à présent des jeunes qui quittent leur pays pour «un meilleur avenir». Outre les lourdes valises qu’emporte normalement un émigré, il y a aussi le bagage culturel, indispensable, qui pèse lourd car il contient toute la culture et tous les acquis de la société du pays d’origine. M. Lajos Árendás assure que «la culture libanaise est très présente et les Libanais enrichissent la culture canadienne ; à Ottawa, par exemple, on retrouve de grandes églises libanaises. Les écoles offrent aux élèves en secondaire des cours de langue arabe pour les Libanais, ce qui leur permettrait de se familiariser de plus en plus avec leur culture d’origine». Le Canada se réjouit d’une vie culturelle aussi intense et cela grâce à sa politique de multiculturalisme qui encourage les immigrants à conserver leur culture et à la partager avec les autres habitants. «On enseigne, dans les écoles de Toronto, près de 33 langues différentes», précise M. Árendás. Selon l’ambassade du Canada au Liban, 1404 visas d’immigration ont été délivés en l’an 2000 pour 10506 de demandes. L’Australie avait accordé cette même année environ 2000 visas d’immigration aux Libanais et les États-Unis environ 3000 visas. Le problème de l’immigration libanaise ne réside pas dans le nombre des Libanais qui émigrent mais dans la raison pour laquelle ils choisissent de quitter famille, maison, amis et pays. Au lieu de se concentrer sur le problème, il faudra essayer de réfléchir plutôt aux solutions possibles. Comment peut-on assurer un meilleur avenir aux jeunes Libanais ? Une question à laquelle il existe mille et une réponses…
Ils quittent leur foyer pour un autre continent et passent 14 à 22 heures, au moins, entre aéroports, avions et escales qui peuvent durer jusqu’à 13 heures d’attente, et ils paient entre 1100 et 2000 dollars pour un billet aller simple et une demande de visa d’immigration afin de traverser mers, terres et océan. Pour les Libanais, le Canada est devenu une sorte de pays de...