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Actualités - CHRONOLOGIES

Vie politique - Communiqué sur la « vérité » autour de l’accord de 1989, - « entre prétentions et déformations » - Douze de ses vétérans rappellent Taëf au bon souvenir de l’État

Nostalgie ? Volonté d’entrer de nouveau dans le quotidien politique – et par une grande porte ? Tentative isolée pour rappeler Taëf, ses préceptes, ses principes, au bon souvenir de l’État ? Ou bien première étape d’un parcours au long souffle ? Dans tous les cas, le prétexte invoqué par douze des signataires de l’accord de 1989 pour convoquer hier la presse dans les locaux de son syndicat est tout sauf un scoop. Puisqu’il s’agissait de dénoncer la non-application de cet accord. Ses déformations. Ses allégations. La façon dont on s’en est approprié, ce qu’on en a fait… Sur tout cela, la quasi-majorité des Libanais est d’accord. Sauf que ces douze hommes-là ont participé à l’élaboration de cet accord, de son essence, de sa naissance. Leur remise en question de Taëf n’en est donc que plus légitime. Nasri Maalouf, Edmond Rizk, Albert Mansour, Auguste Bakhos, Osman Dana, Rafic Chahine, Pierre Daccache, Anouar el-Sabbah, Mahmoud Ammar, Élias Khazen, Michel Maalouli et Chafic Badr sont tous d’anciens députés ou d’anciens ministres. Ils n’ont certes plus la représentativité qu’ils avaient, mais ce sont tous des vétérans de Taëf. Réunis hier au syndicat de la presse, en présence, bien sûr, de Mohammed Baalbacki, ils ont présenté à la presse leur communiqué fait en commun : «La vérité de Taëf, entre prétentions et déformations». Et qu’a lu Edmond Rizk. Première accusation des douze hommes en colère : le pouvoir ne s’est pas occupé de concrétiser les dix principes essentiels de Taëf, ceux qui entérinent, entre autres, «la patrie définitive, unie, souveraine, libre et indépendante». Et sur le double plan des institutions et des prérogatives, le communiqué affirme sans ambages que «la réduction des institutions aux personnes bafoue totalement l’esprit de Taëf. Dont aucun texte ne justifie cette réduction. La troïka vient contredire Taëf : la troïka est une violation flagrante de la Constitution», ajoute-t-il. En niant catégoriquement que l’accord ait voulu, en quoi que ce soit, «limiter ou confiner» les prérogatives du président de la République. Bien au contraire, a souligné Edmond Rizk, puisque Taëf a fait du chef de l’État «la plus haute référence nationale». Quant aux réformes prévues par le «document d’entente nationale», aucune d’entre elles, selon le communiqué, n’a été appliquée : «Elles sont restées lettres mortes»… Les réformes ? «La décentralisation administrative n’est qu’un simple titre, le développement un mot sans signifiant, la justice politisée et les différents conseils qui ont été créés ont été incapables de jouer leur rôle, otages qu’ils sont du pouvoir qui les a nommés». Et la principale cible de ces douze anciens responsables politiques a bien été la loi électorale, également «en totale contradiction» avec l’esprit et le texte de l’accord, d’autant plus qu’«une révision du découpage administratif» n’a pas encore été faite. «Et la création de nouveaux mohafazats est une falsification de Taëf, de la démocratie et de l’équilibre national», a rajouté Edmond Rizk. Qui a enchaîné sur le Conseil économique et social : «C’est une photo dans un beau cadre, un élément du décor». Rien de plus. Et les douze hommes ne s’arrêtent pas en si bon chemin, déplorant l’état actuel de l’Université libanaise et, surtout, la déliquescence de tout ce qui ressemble de près ou de loin à «la compétence et la spécialisation». Qui ont été remplacés, au sein de la Fonction publique, par le «confessionnalisme, le sectarisme, le clientélisme». Les mots lus par Edmond Rizk ont ainsi l’avantage, du moins jusque-là, d’être clairs. La « relation privilégiée » La souveraineté de l’État : «Taëf n’a pas été appliqué : il existe toujours des milices armées, libanaises et non libanaises. Et les îlots de sécurité pullulent. Les Libanais sont rassurés par la réédification de l’armée, la prolifération des forces de sécurité, bien plus que dans le plus démocratique des pays. Et malgré cela, l’État n’a toujours pas étendu sa souveraineté sur la totalité de son territoire. Et aucun signe avant-coureur n’est là pour rassurer un tant soit peu». Et faisant allusion aux fantômes et autres espions, aux écoutes, le communiqué poursuit avec «la réorganisation des services de renseignements afin qu’ils ne se consacrent qu’à des tâches exclusivement militaires». Qu’exigeait aussi l’accord de Taëf ? La «relation privilégiée» enfin. Avec la Syrie cela s’entend… Et c’est là, contrairement aux sujets de politique intérieure développés préalablement par le communiqué, que tout devient bien plus flou. Le communiqué rappelle l’existence d’un calendrier-programme pour le redéploiement des forces syriennes, ainsi qu’une précision de leur volume, de la durée de leur présence, ainsi que la nature de la relation bilatérale. Sauf que tout ce que les douze hommes se contentent de demander, c’est de faire en sorte que «les relations privilégiées restent plus fortes que toutes les suspicions. Et de conforter davantage la confiance mutuelle. Ce doit être une initiative des deux gouvernements», précise le communiqué. Qui demande enfin au pouvoir, aux trois présidences, de «reprendre le chemin de l’application du document d’entente nationale, dans l’esprit et dans le texte». Tout comme de commencer à «former le gouvernement de la véritable entente, avec les véritables représentants des différentes factions politiques. Un gouvernement qui se chargera surtout de préparer une nouvelle loi électorale. L’occasion est idéale et rarissime pour donner naissance à une réalisation profondément nationale», conclut-il. Interrogés à la suite de la conférence de presse par L’Orient-Le Jour, aussi bien Edmond Rizk qu’Albert Mansour font en sorte de dissiper le brouillard autour de la présence syrienne et des relations entre Beyrouth et Damas. D’assurer que ce qu’ils demandent c’est bien le redéploiement et que cesse enfin la mainmise politique syrienne sur le pays. Quant au fait de savoir si parmi les milices dont ils ont demandé la démilitarisation, il y a le Hezbollah, Edmond Rizk a dit : «Les décisions de guerre et de paix, c’est le Liban qui les prend et non pas le Hezbollah. C’est clair, non ?». Quant à Albert Mansour, il est catégorique : «Aujourd’hui, le dossier de la résistance au Liban-Sud n’a plus rien à voir avec les affaires publiques libanaises. C’est une décision syrienne qui s’applique. Le Hezbollah doit être désarmé et ses armes remises à l’État». Quoi qu’il en soit, qu’un groupe d’hommes – ouvert «à tous les témoins de Taëf» – ayant participé à l’élaboration du fameux accord se réunisse pour en dénoncer la non-application, c’est une bonne chose. La nécessité de se dire qu’un nouveau contrat politique et social, réellement visionnaire et qui transcende Taëf, doit absolument voir le jour en est une autre. Bien plus urgente. Aujourd’hui.
Nostalgie ? Volonté d’entrer de nouveau dans le quotidien politique – et par une grande porte ? Tentative isolée pour rappeler Taëf, ses préceptes, ses principes, au bon souvenir de l’État ? Ou bien première étape d’un parcours au long souffle ? Dans tous les cas, le prétexte invoqué par douze des signataires de l’accord de 1989 pour convoquer hier la presse dans les...