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Actualités - CHRONOLOGIES

FESTIVALS - Paco de Lucia et Anouar Brahem : deux révolutionnaires traditionnels à Baalbeck - Inflammation aiguë des cordes instrumentales

Double concert, samedi soir, à Baalbeck. Ambiance intimiste (un peu trop par rapport au cadre grandiose du temple de Jupiter ?) avec Anouar Brahem (oud) en duo avec le percussionniste Hosni ben Lamine. Spectaculaire et incandescente, la performance de Paco de Lucia et son septetto. Alors, comment c’était ? Paco de Lucia et Anouar Brahem, c’est tout simplement deux paires de mains qui valent, à elles seules, le déplacement. Une première partie sans surprise avec le jeu tout en finesse d’Anouar Brahem qui a joué des morceaux tirés de son dernier album Astrakan café. Ce qui impressionne chez Brahem, c’est justement sa capacité de donner à l’univers du oud une dimension contemporaine. Mais ce musicien d’avant-garde est aussi un traditionaliste au sens le plus profond du terme. D’ailleurs, quand on l’interroge sur son inspiration, il se réfère à «l’arbre qui, tout en s’élevant au-dessus du sol et en s’étendant dans l’espace, continue à développer ses racines de plus en plus profondément dans le sol». Anouar Brahem porte un regard de musicien moderne sur les diverses cultures du monde, du point de vue de la tradition arabe qui est la sienne : une tradition , comme il le souligne volontiers, particulièrement large. La «musique tunisienne» est pour lui beaucoup plus qu’une conservation répétitive de styles autochtones. Il revendique le droit d’examiner «toutes les choses laissées dans mon pays par les colonisateurs, les occupants» et de se donner ainsi accès aux musiques espagnole, turque, marocaine, française et autres. Résultat : une mixture qui lie l’avenir au passé ; une musique qui coule de source, rythmée par la tabla et la darbouka de Hosni ben Lamine. Tout est très calme, très lancinant et tellement envoûtant. Peut-on écouter l’oud d’Anouar Brahem pendant des heures sans sombrer dans un sommeil profond ? En tout cas, un concert d’une heure et quart possède des vertus relaxantes très bénéfiques et prouvées. Paco de Lucia & septetto «Ouna merveilla !». Depuis plus de trente cinq ans, Paco de Lucia apprivoise le flamenco. Bien que discret et sans geste intempestif, la flamme intérieure qui l’habite le consume et il n’a qu’un désir : s’intérioriser pour se nourrir de cette musique qu’il a contribué à faire revivre à nouveau. Sur sa guitare, Paco de Lucia invente des sonorités époustouflantes, des accords qui claquent, des pincements de cordes qui vous chavirent. Le maestro d’Algéciras a ouvert le récital avec Luzía, la Rondeña de son dernier disque qui, en plus d’être un bijou musical, constitue un hommage de luxe à celui qui, durant tant d’années, a été son camarade, Camarón. Les trémolos coulaient comme des larmes sous un tempo parfait, pendant que les bordonazos tombaient comme une sentence sur les cordes graves. Les phrasés jazzistiques délectaient un public qui contemplait ce génie de la guitare flamenca créer et recréer les falsetas de manière prodigieuse. Petit à petit, les sept musiciens – Ramón Sanchez Gomez (guitare), Rafael Uzero Zilches (chant), Jose Banderas (guitare), Jorge Padro (saxophone, flûte), Jaoquin Grilo (percussion et danse), Rubem Dantes (percussion), Carlos Benavent (basse, mandoline) – entrent dans la danse. Ils se lancent dans des passes d’armes acoustiques explosives. Le jeu de guitare extraordinaire de Paco de Lucia déroule pour El Grilo un tapis rouge, permettant à ce dernier de danser ses bulerías en toute liberté. Cependant, la virtuosité était présente aux quatre coins de la scène, lorsque Rubem Dantas et Joaquin Grilo ont décidé d’entamer un mano a mano. Joaquin se lève en équilibre parfait, il se plante au beau milieu de la scène. D’un pas à un autre, l’artiste de Jerez recharge ses batteries pour exploser dans un final de bulerías au cours duquel les tours exercés sur la pointe de ses bottes font des étincelles. Le public s’enflamme. Une telle harmonie du jeu est décapante. Avant Paco de Lucia, l’improvisation, au sens jazzistique du terme, n’existait pas dans la guitare flamenca. À ce propos, le maestro a remarqué «le risque, le saut dans l’inconnu... c’est très difficile à expliquer. Mais c’est une sensation merveilleuse, et je ne conçois plus la musique sans improvisation». Ma qué, quella musica !.
Double concert, samedi soir, à Baalbeck. Ambiance intimiste (un peu trop par rapport au cadre grandiose du temple de Jupiter ?) avec Anouar Brahem (oud) en duo avec le percussionniste Hosni ben Lamine. Spectaculaire et incandescente, la performance de Paco de Lucia et son septetto. Alors, comment c’était ? Paco de Lucia et Anouar Brahem, c’est tout simplement deux paires de mains...