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Actualités - REPORTAGES

La langue

La puissance de la parenté linguistique, comme lien social, est incontestablement plus forte que celle de la race. La langue est un facteur d’union, susceptible de créer une parenté spirituelle, une affinité intellectuelle. Une langue commune contribue à créer une façon de penser, une culture et une idéologie communes. Mais la communauté de l’idiome n’est pas, non plus, un facteur décisif de l’unité nationale. «La langue, observe Renan, invite à se réunir ; mais elle n’y force pas». Que d’exemples de nations polyglottes solidement unies, comme la Suisse, la Belgique, le Canada ! Par contre, beaucoup de peuples parlent la même langue, mais ne forment pas une même nation : les Anglais et les Américains du Nord, les Espagnols et les Américains du Centre et du Sud, les Portugais et les Brésiliens, les Français et les Belges. Dans le monde arabe, où la langue, la culture et l’idéologie sont communes, les divers groupements géographiques affirment chaque jour davantage leur esprit national et leur individualité particulière. Même dans l’Arabie proprement dite, berceau des Arabes et de leur langue, l’idiome du Coran n’a pu unifier les divers peuples de cette contrée. Il va sans dire que, dans l’intérêt de l’unité spirituelle, une langue commune est plus avantageuse que plusieurs langues juxtaposées. Pour que des hommes, vivant ensemble, se comprennent entre eux, il est indispensable qu’ils parlent le même idiome. Dans les pays polyglottes, une ou plusieurs langues sont, en général, officielles et parlées par les élites ; ainsi en est-il dans l’Inde, où l’anglais permet, aux dizaines de groupes linguistiques, de se comprendre entre eux. En outre, l’État, par l’instruction obligatoire, cherche à harmoniser les intelligences, en imposant à tous une même manière de s’exprimer. Toutefois, si un idiome commun, au point de vue de l’homogénéité nationale, est préférable à plusieurs langues juxtaposées, il n’en faut pas conclure qu’un pays doit se borner à une langue unique. Un ou plusieurs idiomes, à côté de la langue nationale et maternelle, sont un capital précieux, dont on ne peut assez louer les avantages. C’est grâce à leur polylinguisme que les peuples, comme les individus, ont, dans l’ensemble, réussi à se tailler une place honorable dans l’histoire de la pensée et de la civilisation.
La puissance de la parenté linguistique, comme lien social, est incontestablement plus forte que celle de la race. La langue est un facteur d’union, susceptible de créer une parenté spirituelle, une affinité intellectuelle. Une langue commune contribue à créer une façon de penser, une culture et une idéologie communes. Mais la communauté de l’idiome n’est pas, non plus,...