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Actualités - ANALYSES

L’opposition s’indigne de l’impéritie - du pouvoir

Et la responsabilité de l’État en tant que tel dans les pertes qu’accuse le Trésor ? «Il ne faut surtout pas l’oublier, tonne un leader opposant de premier plan. Si les dirigeants étaient informés des détournements, que cela soit au niveau de la distribution électrique ou à celui du téléphone, pourquoi n’ont-ils jamais sévi ? Et si, aveugles, ils n’ont rien vu, alors ils ne sont tout simplement pas à leur place. Dans les deux cas, c’est grave pour le pays». Ce pôle combatif s’en prend à «tous les officiels, sans exception. Les présidents, les ministres, les députés, le conseil d’administration, la direction générale de l’EDL sont tous responsables. Au même degré, bien qu’à des titres variés. Il y a eu des fuites énormes, des impayés considérables, pendant des années d’affilée. Les administrateurs ou fonctionnaires auraient dû adresser un rapport détaillé au chef de l’État, au président du Conseil, aux ministres et la Chambre aurait dû en être informée. L’EDL aurait dû, par écrit, réclamer des instructions pour savoir comment normaliser un système de perception criblé de toutes parts. En précisant que dans la plupart des cas ses contrôleurs ne parviennent pas à avoir accès aux compteurs de consommation. Et en soulignant qu’il lui est impossible, interdit, de couper le courant aux non-payeurs. Si cette démarche de notification avait été accomplie dans les règles, et non d’une manière épisodique ou officieuse comme cela s’est vu parfois, le gouvernement aurait été mis au pied du mur. Et il aurait été obligé de traiter le dossier avec sérieux, au besoin en recourant à la force publique. Surtout si les cadres de l’EDL avaient menacé de démissionner au cas où la loi continuerait à être bafouée». «Quant à l’Exécutif, poursuit cette source, il ne peut s’abriter derrière le fait qu’il n’a pas été saisi de l’affaire. Car il savait, pour la simple raison que le déficit de l’EDL sautait aux yeux, et qu’il devait régulièrement en traiter. Du reste, le président Hraoui avait soulevé la question un jour en Conseil des ministres. Pour reprocher à nombre d’officiels, sans les nommer, d’ être les premiers à gruger le Trésor via le pillage du courant électrique». «Sous le précédent régime, dit encore cette personnalité, l’État, encore convalescent, pouvait à la rigueur être absous pour n’avoir pas osé attaquer de front les chapardeurs influents de courant, les régions réfractaires ou les pirates du téléphone international. Mais aujourd’hui, c’est un pouvoir fort qui est aux commandes. D’entrée de jeu, le président Lahoud a annoncé la couleur dans son discours d’investiture : tout le monde doit se plier à la loi, à l’ombre d’un État de droit et des institutions. Il a même précisé que les Libanais veulent savoir, à juste titre, comment les recettes sont dépensées, les adjudications accomplies, les projets réalisés, les biens publics gérés et les finances publiques contrôlées. Le chef de l’État, fort de sa propre probité, aurait pu mettre les actes de l’État en conformité avec l’engagement verbal pris devant la nation. Sous le précédent gouvernement, Baabda disposait dans tous les départements publics d’un œil, d’un contrôleur chargé de suivre de près, au jour le jour, la marche du travail. Il est donc douteux que le régime n’ait pas réalisé, en détail, la situation aberrante qui règne à l’EDL. Où près de deux milliards de dollars ont été investis en vain, puisque le régime de rationnement subsiste. Baabda a pris sans doute connaissance de la liste de ceux qui ne s’acquittent pas de leurs quittances. Certes, la présidence ne détient plus le pouvoir exécutif. Mais si elle avait menacé de divulguer cette liste, le gouvernement aurait probablement été obligé de prendre les mesures nécessaires pour le recouvrement. Le président aurait pu également exiger la révocation des cadres de l’EDL, si l’on estime que la faute principale leur revient, comme l’insinue aujourd’hui le gouvernement. S’il avait agi, M. Lahoud aurait fait figure de héros national». Un reproche sans doute excessif, dans la mesure où, comme cette personnalité le reconnaît en passant, Taëf a privé Baabda du pouvoir exécutif. Sans compter que l’électricité n’est pas le seul nid à gabegie, tant s’en faut. Et qu’un coup de balai impulsif, général, n’aurait abouti qu’à la paralysie des services publics. Sans compter les remous politiques. La personnalité opposante conclut dès lors en élargissant la mise en cause, pour l’étendre «à l’État tout entier. Qui aurait dû révoquer les cadres douteux ou incompétents. Et lancer un ultimatum aux non-payeurs, les menaçant non seulement de leur couper le courant mais aussi de révéler leurs noms au public». Ce qui est bien la meilleure des armes, comme le prouve le rush aux guichets de l’EDL après la publication de la liste du syndicat.
Et la responsabilité de l’État en tant que tel dans les pertes qu’accuse le Trésor ? «Il ne faut surtout pas l’oublier, tonne un leader opposant de premier plan. Si les dirigeants étaient informés des détournements, que cela soit au niveau de la distribution électrique ou à celui du téléphone, pourquoi n’ont-ils jamais sévi ? Et si, aveugles, ils n’ont rien vu,...