VIENT DE PARAITRE - « Letters to Uncle Sam » - d’Amine Rihani

Le «philosophe de Freïké», Amine Rihani (1876-1940), est à l’honneur chez les éditeurs. Émigré très tôt aux États-Unis, il restera en contact avec sa terre d’accueil toute sa vie qui, d’ailleurs, lui rend hommage depuis longtemps. En clair, Amine Rihani est beaucoup plus célèbre dans le pays de l’oncle Sam que dans sa contrée natale. Ses premiers livres y sont édités dès 1903 et, en 1911, un de ses ouvrages les plus célèbres, The Book of Khalid (le premier jamais écrit en anglais par un Arabo-Libanais), a été salué par la presse locale et son auteur récompensé par le Club des Pléiades de New York. Connu pour ses œuvres de réflexion comme pour ses poèmes, c’est l’ardent défenseur de l’indépendance au Proche-Orient qui fait entendre sa voix dans ces «Lettres» : sous le couvert du genre emprunté à la correspondance, Amine Rihani s’adresse ici en fait à Théodore Roosevelt, dont il a fait la connaissance en 1917. Ces quatre longs textes sont intéressants à plus d’un titre : ils renseignent d’abord sur la situation d’un émigré Arabe aux États-Unis à la veille de la Première Guerre mondiale qui, selon l’écrivain, est plus qu’honorable ; ensuite, le lecteur découvre le sentiments d’un Libanais face à l’indépendance de son pays et de celle de la Syrie, réclamée aux Ottomans ralliés aux Allemands. Pour soutenir son plaidoyer en faveur d’une intervention soutenue de son pays d’accueil, il insère dans ses «Lettres» des bribes de dialogue et des compte-rendus d’audience fictifs. Enfin, Amine Rihani, à travers ces textes, est à l’image exacte de ce que peut être un Arabe au pays de l’oncle Sam : un individu libre d’émettre une opinion et conscient (donc reconnaissant) de pouvoir le faire et, dans le même temps, viscéralement attaché à ses origines et montant à la tribune pour réclamer l’autonomie du Liban et de la Syrie. Un document de grand intérêt.