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Actualités - REPORTAGES

SOCIÉTÉ - Séminaire des villages SOS : 250 millions d’enfants travaillent dans le monde - Émigration et mariage tardif : les jeunes - dans la tourmente économique

À la veille du deuxième sommet mondial pour l’enfance, qui se déroulera en septembre prochain à New York, l’association des villages SOS a organisé un séminaire régional, en collaboration avec l’Académie Hermann Gmeiner, sur le thème «Prise en charge de la jeunesse». Un séminaire qui a regroupé durant quatre jours, au centre de Bhersaf, les représentants et éducateurs des villages SOS d’Égypte, du Soudan, de Tunisie, de Jordanie, de Syrie, du Liban et de Palestine, en présence du directeur régional pour le Moyen-Orient des villages d’enfants SOS, Lucien Roca. La séance inaugurale a été marquée par les interventions de MM. Ekrem Birerdinc et Christian de Clercq, respectivement représentant de l’Unicef et conseiller du coordinateur des Nations unies au Liban. «Nous sommes rassemblés ici pour débattre, échanger nos idées, apprendre de nos expériences et brosser ensemble une stratégie d’avenir pour notre jeunesse», lance devant l’assistance la présidente de l’association SOS au Liban, Afifé Dirani Arsanios. Une stratégie qui porte non seulement sur la prise en charge pédagogique et humaine des jeunes qui grandissent au sein des villages d’enfants SOS, mais aussi sur les problèmes d’ordre culturel et psychologique qui se posent. Présentant la Convention des droits de l’enfant, adoptée en 1989, comme la réalisation la plus importante de ce siècle, Ekrem Birerdinc note qu’il est temps, plus de dix ans après le premier sommet de l’enfance de 1990, de dresser un bilan de l’engagement pris par les gouvernements à réduire la mortalité infantile et maternelle, mais aussi à lutter contre les maladies, l’analphabétisme et la malnutrition. Des gouvernements, qui ont, par ailleurs, insisté sur la nécessité pour l’enfance d’avoir accès à l’éducation primaire, à l’eau potable, à des conditions sanitaires acceptables et à la protection contre les abus, la violence et la guerre. Certes, des progrès ont été réalisés depuis 1990, constate le représentant de l’Unicef. Et de citer, à titre d’exemple, la vaccination de 80 % des enfants dans 125 pays, contre certaines maladies infantiles comme le tétanos et la rougeole, alors que plus des deux tiers des enfants du monde de moins de 5 ans sont aujourd’hui immunisés contre la polio. «Mais à l’heure où le nombre d’enfants scolarisés est plus important qu’à n’importe quel moment de l’histoire et que des mouvements pour la paix sont parfois constitués par des enfants, il est nécessaire de relativiser, constate M. Birerdinc, vu le travail qui reste à accomplir. Car chaque pas en avant est ralenti à cause des promesses non réalisées, du travail inachevé du siècle passé». En effet, guerres et conflits continuent de faire des ravages parmi les enfants, dans les rangs desquels les conflits armés ont fait plus de 2 millions de tués et plus de 6 millions de blessés, depuis l’adoption de la Convention des droits de l’enfant. De plus, le fossé qui se creuse entre pays riches et pauvres a intensifié le travail de mineurs, mais aussi le trafic d’enfants à des fins d’esclavage ou d’exploitation sexuelle. Selon les chiffres de l’Organisation internationale du travail, 250 millions d’enfants, âgés entre 5 et 14 ans, travaillent, à l’heure actuelle, dans les pays en voie de développement, alors que le sida a déjà tué plus de 4,3 millions d’enfants de moins de 15 ans, faisant par ailleurs 13 millions d’orphelins. De plus, 30 % des enfants de moins de 5 ans souffrent encore de malnutrition, alors que dans les pays les plus riches, un enfant sur 10 est élevé dans une famille qui vit en dessous du seuil de pauvreté. En préparation au sommet mondial pour l’enfance, l’Unicef a lancé un programme global pour impliquer chaque citoyen, chaque nation, chaque dirigeant, mais aussi chaque enfant et chaque adolescent. Car ce n’est qu’en étant à l’écoute de l’enfance et en la faisant participer aux décisions la concernant, qu’il sera possible de changer le monde. Ainsi, la campagne internationale «Dites oui aux enfants» permettra aux adultes et aux enfants du monde entier de s’exprimer à travers dix actions primordiales pour améliorer l’existence des jeunes. Des actions qui incluront tous les enfants sans exception et sans discrimination, la priorité étant accordée à leur santé, leur alimentation, leur éducation et leur évolution dans un environnement sain. Des actions qui visent la lutte contre le sida, mais aussi la protection de l’enfance contre la violence, la guerre, la pauvreté et l’exploitation, et dont les résultats seront présentés durant le sommet mondial de 2001. À son tour, Christian de Clercq a exposé une étude du Pnud de 1998 sur le développement national humain de la jeunesse du Liban. Une étude qui a mis en exergue l’émigration des jeunes gens et le mariage tardif, deux problèmes essentiels découlant de la crise économique, du chômage des jeunes et du coût élevé de la vie. «Il est important de résoudre ces problèmes au plus vite, prévient le conseiller du coordinateur des Nations unies au Liban, pour freiner l’émigration des jeunes et leur permettre de fonder une famille». Car le pays a besoin de sa population jeune, qui représente actuellement 18,2 % de la population totale. Ainsi, 62 % de la tranche d’âge de 15 à 29 ans, majoritairement des jeunes gens instruits, pensent émigrer, invoquant la nécessité, dans 64 % des cas, d’améliorer leurs conditions économiques et celles de leurs familles. Car vu la crise et le coût élevé de la vie, nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à fonder une famille. Si l’âge moyen du mariage était de 23,3 ans pour les jeunes femmes en 1970, il a atteint en 1996 la moyenne de 27,5 ans. Les hommes, eux, se mariaient à 28,5 ans en 1970, mais ne convolaient que vers 30,9 ans, en 1996. «Certes, explique M. de Clercq, les jeunes sont nombreux à poursuivre des études universitaires, mais cela n’explique pas le taux élevé de célibat définitif qui a atteint le taux alarmant de 11,5 % en 1996 et ne cesse d’augmenter». Chômage en hausse Si le taux d’analphabétisme parmi les jeunes et plus spécifiquement les filles est en net déclin, ne dépassant pas 2,1 % pour la classe d’âge de 10 à 14 ans, le fossé demeure profond dans le domaine de l’éducation entre les zones urbaines et rurales, vu le manque d’accessibilité de certaines régions à l’enseignement. Ainsi, 62 % des jeunes sont inscrits dans des écoles techniques de la région de Beyrouth et ses environs où vit 27 % de la population, alors que 8 % seulement des élèves fréquentent les écoles techniques du Mont-Liban, qui abrite 23 % de la population. Ce même fossé sépare les secteurs éducatifs public et privé. Ainsi, seulement 7,2 % des étudiants de l’Université libanaise ont été diplômés en 1996 alors que durant la même année, 29,8 % des étudiants de l’USJ et 25,6 % des étudiants de l’AUB ont obtenu leur diplôme de fin d’études. Malgré la hausse des revenus entre 1991 et 1996, les salaires demeurent encore bas et inadaptés au coût de la vie dans le pays, alors que le salaire moyen de la femme est plus bas que celui de l’homme. Certes, la femme libanaise tend à participer plus activement à la vie économique du pays, étant par la même occasion la femme la plus active des pays arabes, mais elle tarde généralement à entrer dans le monde du travail vu son désir de poursuivre des études supérieures. Quant à la loi du travail qui protège les droits des employés et assure la sécurité de l’emploi, elle n’empêche pas le taux de chômage de grimper et de sévir, plus spécifiquement au niveau des jeunes, vu l’inadéquation de leurs formations aux besoins du marché. Ainsi, en 1997, plus de 20 % des jeunes de 15 à 24 ans sont touchés par le chômage, mettant en moyenne près de 16 mois à décrocher leur premier emploi. Quant à la participation des jeunes à la vie publique et politique, elle est tributaire de la loi qui écarte les moins de 21 ans du processus électoral. Cependant, note le rapport, malgré certaines exceptions, la solidité du noyau familial représente une base essentielle pour une intégration saine de la jeunesse libanaise dans la vie professionnelle et sociale, dans le respect de ses traditions et de sa culture.
À la veille du deuxième sommet mondial pour l’enfance, qui se déroulera en septembre prochain à New York, l’association des villages SOS a organisé un séminaire régional, en collaboration avec l’Académie Hermann Gmeiner, sur le thème «Prise en charge de la jeunesse». Un séminaire qui a regroupé durant quatre jours, au centre de Bhersaf, les représentants et...