État du Grand Liban

Rentré au Liban après avoir fait l’objet en France de chaleureuses démonstrations d’amitié, le patriarche Hoyek attend la suite des événements. Mais la situation stagne, et une troisième délégation libanaise se rend à Paris pour demander que soient honorées les promesses faites par la France aux deux premières délégations. Sur place, le Medjliss, jaloux de ses attributions et décidé à réaliser par tous les moyens les revendications nationales, est en conflit avec les autorités françaises. Par un manifeste du 10 juillet, il révèle qu’il a entamé des négociations avec le roi de Syrie en vue d’assurer l’indépendance absolue du Liban, sa neutralité politique et militaire, la restitution au pays de ses frontières naturelles, le règlement des problèmes économiques communs au Liban et à la Syrie, enfin l’approbation par les grandes puissances de ces quatre principes. Ce manifeste porte les signatures de Soleiman Kanaan, Khalil Akl, Saadallah Hoyek, Mohammed Mehsen, Élias Choueri, Fouad Abdel-Malek et Mahmoud Joumblatt. Dans la nuit, ces personnalités, qui ont estimé pouvoir agir en représentants légitimes d’un peuple libéré, sont arrêtées et condamnées à un nouvel exil, cette fois par un tribunal militaire français. Quelques mois plus tard, le 1er septembre 1920, le général Gouraud proclame enfin la restauration du Liban dans ses frontières naturelles et historiques. Le 14 juillet 1923, le traité de Lausanne entre les Alliés de la Première Guerre mondiale et la Turquie substitue à la nationalité ottomane celles, nouvelles, des divers pays détachés de l’empire : la nationalité libanaise est ainsi créée et reconnue internationalement.