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Actualités - ANALYSES

Développement rural - Les régions déshéritées gémissent et le pouvoir les comble de promesses

C’est inscrit en toutes lettres dans la nouvelle Constitution libanaise : «Le développement équilibré de toutes les contrées du pays, sur les plans culturel, social et économique, constitue l’un des fondements principaux de l’unité de l’État et de la stabilité de l’ordre établi» (Préambule, alinéa G). La campagne du Hezbollah en faveur de la région de Baalbeck-Hermel n’a donc rien de surprenant. Le président Hussein Husseini, qui fut l’un des principaux artisans de Taëf, signale qu’au chapitre des réformes, ces accords prévoient «l’adoption d’un plan de développement global unifié, pour assurer, d’un même pas, l’essor socio-économique de toutes les régions. En stimulant les ressources des municipalités et de leurs fédérations par les moyens financiers nécessaires». Mais les gouvernements qui se sont succédé depuis la création de la présente république ont parlé sans agir. Multipliant les vaines promesses sur la réalisation de ce plan de développement, tout comme sur la décentralisation administrative qui est son corollaire. En fait, l’un des précédents cabinets Hariri avait poussé l’effort jusqu’à rédiger un programme d’ensemble, qui est cependant resté lettre morte car il n’a jamais été transmis à la Chambre. Quant au gouvernement Hoss formé au tout début du régime actuel, il a élaboré un plan quinquennal de sept milliards de dollars, visant à réactiver l’Administration et à soutenir en crédits les régions discriminées. Cela en base de priorités allant aux projets infrastructurels comme les réseaux d’adduction de l’eau potable, les barrages de retenue, les stations de traitement des eaux usagées, les dépotoirs, l’amélioration du circuit de transports en commun, l’extension du téléphone dans les coins reculés du pays, etc. De même, l’État se promettait de mieux épauler le secteur privé productif industriel ou agroalimentaire, pour lui permettre de devenir compétitif. Mais ces vues générales autant que généreuses n’ont connu aucune forme de concrétisation et se sont évanouies dans la nature en même temps que le précédent cabinet. Les Trente pour leur part, reprenant la bonne habitude des promesses sédatives, affirment qu’à la fin de l’été un nouveau plan de développement global verra le jour. Mais, étrange discrétion, rien n’en est encore divulgué, ni les orientations ni, a fortiori, le devis ou les modes de financement. Il n’est donc pas étonnant, répétons-le, de voir les formations qui tirent leur force sinon leur légitimité des régions éloignées du centre battre la campagne (c’est le mot) en leur faveur. Ce n’est pas la première fois d’ailleurs que ces portions défavorisées du territoire bougent et l’on se rappelle ainsi la tornade Toufayli axée sur la défense des affamés. À tort ou à raison, mais à cor et à cri, Baalbeck-Hermel revendique le statut de la région la plus déshéritée, la plus délaissée. Bien que proclamée, à cause des débordements de Toufayli, région militaire, Baalbeck-Hermel ne retient manifestement pas l’attention économique, et les attentions sociales, des autorités. Pourtant un sérieux cri d’alarme avait été lancé à son propos le 22 juin 1997. Ce jour-là-là, réunis au sérail de Baalbeck sous la houlette de M. Husseini et en présence du vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli, députés et ministres du district avaient publié un manifeste stigmatisant sévèrement les négligences des pouvoirs, coupables de laisser en plan des projets vitaux. Ces notables ont mis l’accent sur la misère galopante des habitants, réduits au chômage ou déficitaires sur le plan du rendement agricole. Les signataires s’engageaient à lutter de pied ferme afin que les budgets annuels de l’État prévoient des crédits gonflés pour le développement rural. Ajoutant qu’ils exigeraient en vrac, sous peine de passer à l’opposition : la décentralisation administrative, le déblocage des fonds revenant aux municipalités, des crédits pour les projets d’irrigation, la création d’une banque spécialisée, d’instituts de formation techniques, d’écoles agronomiques, la réhabilitation des hôpitaux et dispensaires publics, le traitement des eaux polluées du Litani au Karaoun, le rachat des récoltes de tabac comme de blé, une amnistie pour les délits de drogue antérieurs à 95, enfin le percement d’une double autoroute Beyrouth-Masnaa et Chtaura-Kaa. Par la suite, une commission ministérielle a étudié le dossier de Baalbeck-Hermel comme du Akkar. Et le 14 juillet 1997, une loi portant le numéro 663 a ordonné l’ouverture dans le budget étatique d’un crédit additionnel de 150 milliards de LL pour les projets de ces deux régions. Sur le papier, le gouvernement de l’époque a encore fait mieux, puisque le 13 août de la même année, il a publié un décret octroyant au CDR 195 milliards de LL pour la réalisation de travaux sur le Yammouné, les sources de Ouyoun Arghache, la vallée d’Iiha et à Laboué. Mais en pratique rien n’a été fait ou presque.
C’est inscrit en toutes lettres dans la nouvelle Constitution libanaise : «Le développement équilibré de toutes les contrées du pays, sur les plans culturel, social et économique, constitue l’un des fondements principaux de l’unité de l’État et de la stabilité de l’ordre établi» (Préambule, alinéa G). La campagne du Hezbollah en faveur de la région de...