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Actualités - ANALYSES

Des mobiles qui baignent toujours dans le flou

Une nécessité dont conviennent même les radicaux : la redéfinition des rapports libano-syriens doit se faire dans un climat d’entente entre les deux États. En fonction de leurs intérêts communs ou spécifiques, militaires, politiques, sécuritaires, économiques, etc. En fonction aussi des impératifs de la conjoncture régionale, bilatérale ou locale. Il est évident pour tous, en effet, qu’un retrait syrien qui s’accomplirait dans le cadre d’un bras de fer provoquerait des retombées préjudiciables, pour ne pas dire néfastes, sur le plan intérieur. Mais force est de constater qu’au moment où le tableau du redéploiement connaît ses touches finales, aucun éclairage n’en cerne la portée véritable. Les questions que l’opinion a pu se poser dès le tout premier mouvement de troupes restent encore sans réponse : – Pourquoi ce timing précis ? – Le repli syrien est-il le résultat de réunions ou de contacts entre les autorités civiles et militaires des deux pays ? En d’autres termes, la décision a-t-elle été prise unilatéralement par la Syrie ? – Et pour quels motifs ? Pour se mettre en conformité avec les dispositions de Taëf ? Pour des considérations stratégiques en rapport avec l’éventualité d’une agression israélienne ? – S’agit-il d’un premier pas vers le retrait total ? N’est-on pas plutôt en présence d’une opération isolée, pratiquement limitée à la portion dite chrétienne du territoire ? Dans les deux cas de figure, la Syrie ferait-elle cavalier seul pour arrêter les décisions à prendre ? Répondant sans y répondre à ces épineuses interrogations, un ancien ministre généralement bien informé pousse un soupir désabusé, hausse les épaules, tourne les yeux vers le ciel, ultime dépositaire de tout secret. Et reconnaît que le deus ex machina syrien «estime sans aucun doute qu’il est encore trop tôt pour dévoiler ses cartes et ses batteries. Il ne laisse rien filtrer sur ses mobiles. Aucune indication politique sérieuse n’est distillée en direction de la partie libanaise. Nous avons beau harceler tous les pôles de référence, les presser d’éclairer notre lanterne, nous n’obtenons que de courtoises rebuffades. Les dessous de l’affaire, militaires aussi bien que politiques, sont soigneusement occultés. À tel point que nous avons l’impression que même nos officiels ne sont pas informés. Et s’ils laissent entendre que tout cela était convenu, c’est ou bien pour sauver la face. Ou bien pour se référer à des contacts antérieurs de caractère purement informel. Nul n’ignore en effet que les Syriens, le président Assad en particulier, n’ont jamais refusé les échanges de vues. Mais sans s’engager, sauf sur le point qu’en définitive le dossier doit être traité entre autorités qualifiées». Dès lors, les développements sur le terrain, survenus apparemment sans concertation, ouvrent la voie à toutes sortes de spéculations. Grosso modo, «les perspectives, enchaîne l’ancien ministre, sont quand même simples : – Ou bien il s’agit effectivement d’une correction de trajectoire, d’un retour à l’esprit comme à la lettre de Taëf. Et c’est tout bon. – Ou bien il s’agit d’une mesure de pure conjoncture, liée aux menaces israéliennes. Et rien ne changerait en ce qui concerne le dossier de fond». À cette importante nuance près que, comme dans une valse-hésitation, le tempo se trouve brusquement suspendu. D’où une possible déstabilisation, voire une désintégration des courants qui ont milité pour la souveraineté. Et qui ne savent plus trop bien sur quel pied danser. Ni comment éviter que la patiente chorégraphie tissée autour d’une partition orchestrée par Bkerké ne tourne à la débandade. En effet, les nets propos de M. Abdel-Halim Khaddam à Tripoli retentissent encore dans toutes les oreilles : «Il ne saurait y avoir au Liban, a-t-il martelé, de partie qui constitue une épine dans le flanc de la Syrie». Cependant, pour sa propre part, l’ancien ministre cité ne veut voir dans le repli syrien qu’une action positive. Il relève, à l’appui de ses présomptions, que «le redéploiement gomme déjà un argument-clé des inconditionnels de la présence syrienne. À savoir qu’elle est indispensable pour empêcher les Libanais de s’entretuer de nouveau. Un thème spécieux que l’on n’entendra plus. Dans la mesure où nos forces régulières prennent tranquillement la relève». Cette personnalité croit pouvoir prophétiser en conclusion «un retrait progressif par étapes». Dans le calme. Mais aussi dans une discrétion qui laisse dubitatif.
Une nécessité dont conviennent même les radicaux : la redéfinition des rapports libano-syriens doit se faire dans un climat d’entente entre les deux États. En fonction de leurs intérêts communs ou spécifiques, militaires, politiques, sécuritaires, économiques, etc. En fonction aussi des impératifs de la conjoncture régionale, bilatérale ou locale. Il est évident pour...