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Actualités - CHRONOLOGIES

La Chambre se retrouve dans un climat - de trêve interprésidentielle

Par une de ces accélérations dont elle est coutumière, l’histoire vieillit beaucoup les événements de l’avant-veille. Aujourd’hui, la «bombe Sabeh», du nom de ce député haririen qui s’en est pris violemment aux services et qui a presque provoqué une crise de régime, prend des allures de pétard mouillé. C’est donc à une reprise de session sans éclats de voix, ou sans éclat tout court, que la Chambre semble promise aujourd’hui. Car si le passage par le sas de l’écluse syrienne, c’est-à-dire si l’arbitrage Khaddam entre les présidents a pu à peine atténuer les tensions, le redéploiement initie des données nouvelles. Qui obligent les joueurs locaux à revoir leurs priorités, leurs calculs. Et, surtout, leurs alliances. On dira que les rapports de forces ne sont pas encore redéfinis, puisque personne ne peut prétendre savoir ce qu’il y a vraiment derrière la dynamique syrienne. Mais ce flou artistique est une raison de plus, majeure de surcroît, pour que les protagonistes, plongés dans un round d’observation, temporisent. Et se laissent tranquilles les uns les autres. À leur niveau, il n’y aurait donc pas de remous à craindre dans l’immédiat. Mais on ne peut quand même pas affirmer catégoriquement que le débat budgétaire va se poursuivre dans un calme absolu. En effet, les télévisions seront là. Et plusieurs individualités pourraient être tentées de rivaliser de show off avec M. Sabeh. Qui s’est d’autant mieux distingué, dans son discours incendiaire, qu’il a su s’y montrer encore plus berriyiste que haririen, si l’on peut dire. Exploit remarquable, dans la mesure où le dernier conflit d’influence direct a ouvertement opposé les deux premières présidences, tandis que M. Hariri jouait pour sa part les go between conciliateurs entre Baabda et Aïn el-Tiné. Une, deux ou trois interventions fracassantes ne sont donc pas à exclure. D’autant que les représentants de la nation auront à cœur de traiter d’un sujet politique de brûlante actualité : la redéfinition des relations avec la Syrie, à travers son initiative de reflux sur le terrain. Un thème litigieux qu’il sera pratiquement impossible à la présidence de la Chambre d’interdire, malgré son souhait de gérer une fin de débat tranquille. Il pourrait donc se produire de vifs échanges entre parlementaires de diverses tendances. Mais, a priori, le danger d’effets secondaires redoutables ne paraît pas bien grand. D’une part parce qu’à gauche comme à droite, on juge la démarche syrienne positive en soi. D’autre part parce que le camp des souverainistes est représenté à la Chambre par une élite qui cultive le discours rationnel, posé et modéré. Ses ténors, s’ils ne sont pas violemment pris à partie par l’un ou l’autre de leurs fidèles contempteurs, seraient peu enclins à provoquer des incidents de prétoire. Ce ne sont du reste là que des détails mineurs, sur lesquels les analystes locaux ne s’attardent pas trop. Car, à leurs yeux, l’essentiel reste ce qui se passe au top niveau entre les chefs. Or, sur ce plan, la Syrie persiste et signe : elle veut la paix entre les présidents. Ainsi, le général Ghazi Kanaan, chef des SR syriens au Liban, c’est-à-dire officier traitant du dossier libanais, accompagné pour faire bon poids du général Ezzat Zeidane, commandant des troupes syriennes dans ce pays, a conduit le général Jamil Sayyed, directeur de la SG et à ce titre conseiller politique du régime, chez le président Nabih Berry. Qui, en général, se laisse faire douce violence quand la médiation est aussi fraternelle, et cela depuis le temps du président Hraoui. Il a donc été décidé de tourner la page tumultueuse des litiges ou des malentendus entre Baabda, et Aïn el-Tiné. Et de régler dans la foulée, ou de prévenir, les désaccords entre Aïn el-Tiné et Koraytem ainsi qu’entre Koraytem et Baabda, etc. En d’autres termes, on a donné aux pouvoirs le conseil de faire trêve sur le front intérieur. Encore une fois, les conflits sont donc gelés. Il fait peu de doute cependant qu’ils reviendront un jour ou l’autre à la surface. Car ils portent sur des problèmes aigus ou même cruciaux, comme le plan (pressant) de redressement économique, les privatisations, le renvoi de dizaines de milliers de fonctionnaires parasitaires, la lutte contre le gaspillage… et ces relations du régime avec le Hezbollah, trop bonnes aux yeux des amalistes. Tandis que les loyalistes proches de Baabda jugent pour leur part que l’alliance entre le président de la Chambre et le président du Conseil se fait contre le régime. Quoi qu’il en soit, pour le moment, tous ces ressentiments mutuels et réciproques sont mis de côté, à en croire les parties intéressées. Et le débat à la Chambre devrait en principe illustrer ce climat de trêve. Qu’il ne faut pas confondre avec l’entente.
Par une de ces accélérations dont elle est coutumière, l’histoire vieillit beaucoup les événements de l’avant-veille. Aujourd’hui, la «bombe Sabeh», du nom de ce député haririen qui s’en est pris violemment aux services et qui a presque provoqué une crise de régime, prend des allures de pétard mouillé. C’est donc à une reprise de session sans éclats de voix, ou...