Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

C’est Saïda qu’on assassine !

Le développement au Liban ressemble à un raz de marée. Quand il a lieu, il ravage tout. Car au pays des Cèdres on transforme tout un milieu historique en une ville nouvelle aux grandes autoroutes, aux immeubles immenses, aux arbres plantés partout… bref, cette forme de développement donne souvent naissance à une ville «anonyme», et surtout sans identité. Il y a quelques années, ce raz de marée a eu lieu à Saïda. C’est sous la forme d’une autoroute maritime, Saïda, l’antique Sidon, perle de la Méditerranée, ville côtière depuis l’aube des temps, s’est vue séparée de son environnement naturel : la mer. Ses ports millénaires ont été remblayés, ses plages ont été couvertes par du ciment, ses brise-lames naturels ensevelis sous des blocs de béton armé. Tout cela pour un soi-disant développement, pour embellir la ville qui, du coup, a perdu son identité… Se rendant compte de la gravité de la situation, les responsables ont voulu agir. Séminaires, forums, réunions se sont alors succédé. Tout le monde discute de l’avenir de Saïda, tout le monde parle des différentes techniques et moyens envisageables pour sauvegarder et mettre en valeur ce qui reste. Mais qui sait que réserve l’avenir ? Ce sont en fait les grands entrepreneurs qui sont les mieux informés. Ce sont eux, après tout, qui réalisent tous ces grands projets. La «belle» corniche est achevée, l’autoroute à moitié terminée et un projet de nouveau port se profile à l’horizon. Il s’agit d’une jetée d’un kilomètre de long dans la mer, du remblai de milliers de mètres carrés du littoral. Comble de l’ironie, les entrepreneurs sont souvent des politiciens qui donnent leur accord aux projets de développement et qui cherchent par la suite conseil auprès des experts internationaux. Ils leur demandent comment faire, sachant à l’avance que rien ne les oblige à suivre leurs recommandations. Rien, personne, nulle loi, ni au nom du passé ni à celui du futur, n’oblige les entrepreneurs à modifier leurs plans qu’ils dessinent suivant leur propre vision de l’avenir. Mais que l’on cesse alors de massacrer ce passé millénaire. Que l’on cesse de dépouiller cette ville de son identité. Les grands moyens et les grands projets ne sont pas toujours nécessaires pour embellir et transformer. Parfois ce sont quelques retouches qui changent tout. Saïda avait-elle réellement besoin d’une autoroute de sept voies ? D’une corniche large de dix mètres aux garde-fous rouillés ? Des blocs de béton jetés dans la mer en guise de brise-lames ? Désormais, pour accéder à la mer, il faut être acrobate ou escaladeur... Quant à la médina, cette ville historique plusieurs fois centenaire, elle subit aussi de grandes transformations. Depuis quelques années déjà, des particuliers investissent dans la restauration et la réhabilitation de ses édifices. Certes, leurs travaux sont exécutés selon des études préalables, mais le danger réside des chantiers de simples commerçants. Ces derniers imitent en fait la technique de restauration utilisée dans les grands monuments sans aucune étude ou remise en question. Or, le principe même de la restauration est au cas par cas. L’enduit blanc est détaché des parois des murs, et la pierre fragile est exposée à l’air libre, au vent de la mer et à la pollution. Cette technique dépouille la ville de son cachet historique, lui fait perdre sa couleur blanche pour lui imposer une «allure à la mode». Que restera-t-il de Saïda si un plan d’aménagement global n’est pas réalisé ? Quel aspect revêtirait cette ville dans quelques années ? Tiendra-t-elle face au développement ? L’avenir seul peut le dire.
Le développement au Liban ressemble à un raz de marée. Quand il a lieu, il ravage tout. Car au pays des Cèdres on transforme tout un milieu historique en une ville nouvelle aux grandes autoroutes, aux immeubles immenses, aux arbres plantés partout… bref, cette forme de développement donne souvent naissance à une ville «anonyme», et surtout sans identité. Il y a quelques...