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Actualités - ANALYSES

Liban-Syrie - La visite papale modifie momentanément les donnes - Quelques perspectives de détente entre Damas et l’Est

Après le ferme refus du patriarche Sfeir de se rendre auprès du pape à Damas, pour court-circuiter toute tentative d’exploitation politique d’une démarche de nature apostolique, l’écheveau a l’air de se compliquer. Qu’est-ce qui est politique et qu’est-ce qui ne l’est pas ; qu’est-ce qui est spirituel et qu’est-ce qui est temporel ? Et pourquoi le prélat se fait-il du souci, maintenant qu’il a passé le flambeau à la Rencontre de Kornet Chehwane ? Cette perplexité diffuse, assez courante en cette fin de semaine dans les cercles politiques, est cependant compensée par les perspectives de détente sui generis (ou ipso facto si l’on préfère) qu’implique la visite du Saint-Père à Damas. En effet, s’il faut être deux pour entamer un dialogue, il faut être également deux pour engager une dispute sérieuse. Ou une bouderie mutuelle. En clair, les observateurs locaux estiment que malgré l’attitude «négative» que Bkerké adopte à leur encontre, les autorités syriennes vont répondre à l’approche vaticane par une attitude plus conciliante envers le camp libanais dit chrétien. Certains petits malins du cru pensent même que c’est dans la perspective de l’apaisement sur ce front précis que des escarmouches commencent au sein de la galaxie des dirigeants locaux. Où un certain malaise se fait jour par suite de la décision de M. Rafic Hariri de réunir un Conseil des ministres sans attendre le retour, et la présence, du chef de l’État. En d’autres termes, la course de relais à reculons se poursuit, le témoin passant maintenant des mains de Bkerké à celles du Sérail dans la compétition avec Baabda. Ou avec les décideurs, réputés soutenir à fond le régime. L’affaire reste à suivre. Pour le moment, les regards et les pensées, ou les arrière-pensées, sont braqués sur la visite papale à Damas. Car elle semble appelée à beaucoup s’articuler sur le problème des relations de la Syrie avec les chrétiens du Liban. En effet, le pape ne peut pas en bonne logique négliger cette question. Même si dans son esprit elle ne doit pas primer le volet des relations islamo-catholiques qui va être marqué par sa visite à la mosquée des Omeyyades. Par contre, il n’est pas exclu que les Syriens eux-mêmes veuillent mettre l’accent sur le dossier des rapports difficiles avec les chrétiens du Liban et singulièrement avec Bkerké. Certaines sources informées, et nonobstant fiables, indiquent en effet que les Syriens ont reçu le refus de Mgr Sfeir comme un sévère camouflet. Pour eux, selon ces sources, ce rejet d’invitation constitue une sorte de dénonciation indirecte de leur politique au Liban, une mise en accusation implicite mais forte devant l’opinion mondiale. Une réaction d’agacement un peu étrange à première vue. Car, selon d’autres sources, l’une des raisons de la décision patriarcale réside dans les propos hostiles tenus récemment par une personnalité syrienne qui, dans une interview à une revue arabe, a laissé entendre qu’on ferait grise mine au prélat s’il se pointait à Damas. Où, semble-t-il, il existerait des approches différentes, pour ne pas dire divergentes ou contradictoires, du dossier en cause. Ce qui n’étonne pas beaucoup les spécialistes, selon qui il y a toujours eu des centres de force distincts sur les bords du Barada. Quoi qu’il en soit, et pour tout dire, suivant les règles du bon vieux jeu de donnant-donnant, il est presque certain que pour rendre un peu au Saint-Père le cadeau qu’il leur fait en venant embrasser le sol de leur patrie, les décideurs vont lâcher un peu de lest à l’Est. C’est cette impression qui domine aujourd’hui dans les cercles politiques libanais. Où personne toutefois ne s’aventure jusqu’à prédire une vraie réconciliation entre Damas et Bkerké. Mais où tout le monde ou presque pense qu’après le passage du pape, M. Fouad Boutros va sans doute pouvoir reprendre sa mission de bons offices. En base d’une nouvelle invitation du palais des Mouhajirine. Reste une question importante : pourquoi les décideurs ont-ils réagi, par hérauts locaux interposés, avec tant de véhémence au manifeste de Kornet Chehwane ? Certains estiment que c’est tout simplement parce qu’ils ne veulent pas entendre parler de repli. Mais d’autres présument que c’est plutôt dans un esprit de négociation ultérieure, ce qui implique évidemment qu’on doit, dans la première phase, placer très haut la barre des demandes. Ou des rejets.
Après le ferme refus du patriarche Sfeir de se rendre auprès du pape à Damas, pour court-circuiter toute tentative d’exploitation politique d’une démarche de nature apostolique, l’écheveau a l’air de se compliquer. Qu’est-ce qui est politique et qu’est-ce qui ne l’est pas ; qu’est-ce qui est spirituel et qu’est-ce qui est temporel ? Et pourquoi le prélat se...